Quelle est la maladie la plus catastrophique qui peut nous arriver ? Pour moi, ce serait une lésion de la moelle épinière (SCI), engendrant une paralysie totale.

Pendant une récente visite en Israël, j’ai interviewé le Dr. Shimon Rochkind, neurochirurgien de renommée mondiale au centre médical Sourasky de l’université de Tel Aviv, un expert en SCI.

Chaque année, 12.000 Nord-Américains subissent une lésion de la moelle épinière. Ceux qui sont touchés sont habituellement âgés de moins de 30 ans et 80 % sont des hommes. Christopher Reeves, qui a incarné Superman au cinéma, s’est fracturé deux vertèbres cervicales en tombant de cheval. D’autres ont plongé en eau peu profonde ou ont été victimes d’accidents de voiture.

Rochkind a passé sa vie à essayer d’accomplir ce qui a toujours semblé être impossible. Maintes fois nous avons entendu dire que certains tissus du corps peuvent se régénérer, mais jamais la moelle épinière. Christopher Reeves a reçu le meilleur traitement que l’argent peut procurer, mais il n’a jamais pu remarcher.

Ce dont j’ai été témoin dans le laboratoire de Rochkind montre que ce que nous avons accepté comme parole d’évangile pendant des siècles n’est plus vrai.

Rochkind m’a d’abord montré le film d’un rat courant dans sa cage. Plus tard, il a enlevé chirurgicalement quelques millimètres de la moelle épinière du rat, ce qui a provoqué une paralysie complète de ses pattes arrière. Normalement, sans moelle épinière complète, le rat n’aurait jamais pu remarcher. 

Mais le film pris plusieurs semaines plus tard a révélé que le rat bougeait ses pattes. Il ne le faisait pas aussi parfaitement qu’avant, mais assez bien pour aller rapidement dans sa cage.

Qu’est-ce que Rochkind a fait pour annuler partiellement la paralysie ? Il a dû surmonter plusieurs problèmes : combler le vide entre les nerfs abîmés, nourrir les nerfs et stimuler leur croissance et finalement encourager le premier pas comme on le fait avec un enfant.

La première solution était de développer ce que Rochkind appelle un « implant construit génétiquement », ce qui est mille fois plus difficile à faire que d’élaborer une hanche artificielle. Cela signifie qu’il a dû expérimenter différents types de tissus.

Un implant humain impliquait les cellules de la moelle épinière. Rochkind a alors découvert qu’il était possible d’utiliser des cellules prises de la paroi nasale de l’adulte humain.

Les tissus qui seront utilisés pour l’implant final ne sont pas encore connus. Mais pour le moment, ils sont composés d’un assortiment hautement complexe d’acide hyaluronique, facteur de croissance neuronale, et d’antioxydants comme la vitamine C et autres ingrédients. Cette masse de matériaux est placée dans un tube mou biodégradable placé entre les terminaisons des nerfs endommagés. Cela agit comme un pont pour l’implant.

S’il était encore vivant, est-ce que Christopher Reeve aurait pu remarcher ? Rochkind est convaincu que cette possibilité se passera de son vivant. Les patients atteints de ces blessures ne pourront peut-être pas marcher parfaitement, mais ils ne resteront pas immobilisés pour le restant de leur vie.

Toutes les lésions des nerfs ne touchent pas la moelle épinière. Par exemple, certaines concernent les nerfs périphériques des bras ou des jambes. C’est le type de blessure qui a estropié des milliers des soldats combattant en Afghanistan et dans d’autres guerres.

Le laboratoire de Rochkind fait de grandes avancées au sujet de ces blessures. Le gros problème a toujours été la perte rapide de la masse musculaire une fois que le nerf est blessé. Quel est l’utilité de régénérer le nerf s’il ne reste plus de tissus musculaire pour fonctionner ?

Pour ces blessures périphériques, Rochkind utilise la photothérapie au laser qui procure un effet protecteur immédiat. Cette thérapie n’aide pas seulement à prévenir la perte musculaire, elle aide aussi à régénérer les nerfs et à restaurer la masse musculaire. La thérapie au laser est administrée deux heures par jour pendant 21 jours. Le plus tôt elle commence, meilleur est le résultat.

Des chercheurs en Israël essayent d’utiliser les cellules souches pour produire la dopamine, la substance qui manque chez les patients souffrant de la maladie de Parkinson. Ils essayent aussi d’utiliser les cellules souches pour lutter contre les défaillances cardiaques.

J’ai quitté Israël impressionné et stupéfait de voir comment ce petit pays sans ressources naturelles, luttant pour sa véritable existence depuis 1948, pouvait tant accomplir dans la recherche.

Je prédis que le travail innovateur du Dr. Rochkind sera en tête pour le prix Nobel de médecine.

Dr. Gifford-Jones exerce à Toronto. Il est par ailleurs journaliste médical.

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