Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Les films d'amour au cinéma sont-ils indispensables

Écrit par Alain Penso, La Grande Epoque
03.08.2011
| A-/A+

  • Quai des Brume de Marcel Carné(1938).(攝影: / 大紀元)

L’intrigue amoureuse dans les films, comme dans les romans populaires, participe à la dramaturgie de l’œuvre. De tous temps, les philosophes ont dit que le but de la vie est l’amour. Sans amour, l’humanité est promise à sa disparition.

Produire de l’amour, c’est initier la vie.

Charlie Chaplin, conquérant de l’amour

En remontant le temps dans l’histoire du cinéma, on trouve des chefs d’œuvre marquants dont l’intrigue principale tourne autour de l’histoire d’amour. En 1938, Charlie Chaplin était alors le personnage le plus célèbre du monde, plus qu’Hitler qui préparait ses funestes projets, envahissant l’Europe et détruisant ainsi toutes les histoires d’amour qui prenaient corps. Intuitivement, Ernest Lubistch et Charlie Chaplin construiront deux œuvres subtiles mêlant amour et guerre et ridiculisant avant la lettre le petit caporal à moustache hystérique.

Paulette Goddard est Hannah, l’amour dont le barbier amnésique tombe amoureux. Il y a dans ce film, Le Dictateur (1940), une suite de déplacements de sens subtils clairement voulus par Chaplin qui attrape l’amnésie d’Hitler, celle de l’histoire des hommes sacrifiés pendant la première guerre mondiale, de tous ces soldats qui ont aimé une femme sans dépendre pour autant d’une guerre. Chaplin n’aspire qu’à oublier la haine pour se reconstruire, à reprendre son métier de coiffeur dans le ghetto et aimer Hannah.

Dans Les Temps modernes (1936), Chaplin décrit les rythmes effrénés de la chaîne qui le précipitent dans une dépression nerveuse. Il tombe amoureux d’une orpheline, Paulette Goddard, qui lui permettra de chanter dans le restaurant où elle danse. Dans Les Lumières de la ville (1931) avec Virginia Cherrill, Chaplin tombe amoureux d’une jeune aveugle. Il se débrouille pour trouver l’argent pour la faire opérer des yeux et lui donner la lumière à laquelle toute jeune fille aspire. Elle est désormais promise à un avenir. Elle le verra pour la première fois, tel un clochard, au travers de la vitre de son magasin de fleurs.

Amour et action

Dans la majorité des films de Charlie Chaplin, les intrigues sont constituées entièrement d’une histoire d’amour comme dans La Ruée vers l’or (1925) avec Georgia Hale ou L’Émigrant (1917) avec Edna Purviance.

Chaplin a compris immédiatement son importance dans une fiction à rebondissements où le sentiment l’emporte souvent sur l’action elle-même, qui s’oublie trop vite dans un film. L’artiste qui réussit comme Charles Chaplin est celui dont l’œuvre persiste dans le temps, traverse les mouvements et les écoles et reste classique, s’introduisant dans un ensemble de connaissances et de pratiques culturelles. Le cinéma muet avait déjà conquis les thèmes de l’amour en les empruntant majoritairement dans ses films.

Le film d’amour dans la nouvelle vague

À notre époque, le film d’amour n’est pas démodé. La majorité des scénarios contient cette variante qui permet à l’histoire de devenir passionnante en permettant au spectateur de se sentir concerné. La nouvelle vague soulignait l’importance de l’intrigue amoureuse avec Les 400 coups de François Truffaut (1959) où Jean-Pierre Léaud montre sa souffrance à ne pas être aimé. Cette souffrance peut mener à la mort comme dans le film de Jerry Schatzberg Besoin d’amour (1984).

Dans Baisers volés (1968) de François Truffaut, Antoine Doinel rencontrera l’amour grâce à cette frustration qui l’avait tant fait souffrir dans son enfance. Les enfants mal aimés deviennent dans leur vie d’adulte de farouches amoureux, comme dans L’Homme qui aimait les femmes (1977) de Truffaut où sous les traits de Charles Denner, Bertrand Morane, le réalisateur, laisse son imaginaire vagabonder bien près de la réalité. Le personnage principal est écrivain occasionnel. Toute sa vie pourrait constituer un roman. Il est ingénieur, il hésite entre l’aventure et la technique.

Truffaut a toujours hésité entre la littérature et le cinéma. Le ton de ses films est souvent littéraire avec une voix off, la sienne. Dans une scène, Truffaut, résolu à vivre avec l’une des femmes dont il tombe amoureux, lit un livre que sa maîtresse jette par la fenêtre «tu fais semblant de lire, tu lis contre moi», dit-elle. Ce film souligne les oppositions entre les histoires d’amour déjà construites et celles en devenir.

Charles Denner lit son livre mais s’abstrait de son histoire d’amour pour faire fonctionner le roman qu’il dévore. Sa maîtresse n’accepte aucune compromission en matière amoureuse, elle réagit. Dans La Femme infidèle de Claude Chabrol (1968) avec Michel Bouquet, Stephane Audran, Maurice Ronet. Le mari trompé décide de tuer l’amant de sa femme. Son amour est beaucoup trop grand pour qu’il puisse trouver un arrangement. Dans le confort de sa vie bourgeoise, il ne pouvait imaginer que sa femme se lasserait de lui et n’avait ainsi jamais fait l’effort d’évoluer. Son acte montrant tout son amour pour sa femme intacte va rapprocher les deux êtres dans une union restaurée dans les images du film: les policiers emmènent le mari, la voiture s’éloigne au travelling arrière. De cette scène est ajouté un zoom avant qui illustre un rapprochement secret entre ces deux êtres séparés.

  • En ville de Bertrand Schefer et Valérie Mrejen (2011).(攝影: / 大紀元)

Les œuvres d’amour classiques au cinéma

Le nombre d’œuvres sur le thème de l’amour est tellement important que dix volumes d’encyclopédies n’y suffiraient pas pour toutes les répertorier.

De nombreuses œuvres devenues classiques sont à citer dans un contexte social et politique. Peut-on ignorer les films de Carné-Prévert comme Quai des brumes (1938) où Michèle Morgan et Jean Gabin sont liés à la veine du réalisme poétique. L’Europe allait exploser quelques années plus tard. L’amour dans tout cela devait résister. Le film, à l’opposé de ceux tournés pendant le front populaire, est d’une noirceur qui a fait l’objet de nombreuses controverses notamment du cinéaste Jean Renoir.

D’autres n’admettront pas cette vision trop négative de l’histoire d’amour: Jean (Jean Gabin) est un déserteur de l’armée coloniale qui se rend au Havre où il rencontre Nelly (Michèle Morgan) terrorisée par son tuteur Zabel (Michel Simon), qu’elle soupçonne d’avoir tué son amant. Amoureux de Nelly, inquiet, Jean tue Zabel qui s’enfuit au Venezuela, mais à son tour il est assassiné par Lucien (Pierre Brasseur) un truand local plein de haine à son encontre.

Remorques, réalisé en 1941 par Jean Grémillon, remet en présence Michèle Morgan et Jean Gabin. Remorques, d’après le roman de Roger Vercel, est adapté au cinéma d’abord par Charles Spaak puis par André Cayatte. Ni l’un ni l’autre ne conviendront à la production. Le scénario et les dialogues de Pierre Prévert conviendront finalement.

André Laurent, capitaine du remorqueur Le Cyclone, quitte précipitamment la noce d’un de ses marins abandonnant sa femme et les mariés pour aller porter secours au Mirva, bateau en détresse. Au matin, le Cyclone remorque le Mirva avec à son bord Catherine la femme du capitaine. Elle va devenir sa maîtresse. Il doit choisir entre sa femme gravement malade et la femme qu’il aime.

Roméo et Juliette, l’œuvre clé de l’écrivain William Shakespeare, a fait l’objet d’une adaptation exceptionnelle, celle de Franco Zeffirelli, en 1968. Roméo et Juliette, interprétés par Leonard Whiting (Roméo) et Olivia Hussey (Juliette) basé sur le mythe de l’amour qui ne peut exister vraiment sans la menace proche de la mort. Pour aimer vraiment, semblent dire l’œuvre de Shakespeare et le film de Zeffirelli, il faut une menace sur l’être aimé.

L’issue n’est pas tragique dans Beaucoup de bruit pour rien (1993) de Kenneth Branagh (1993). L’œuvre se termine bien et les amants se retrouvent pour toujours loin des risques mortels engendrés par les rivalités en amour.

Les Amants de Vérone d’André Cayatte (1949) est une adaptation de Roméo et Juliette de Shakespeare. L’action se situe à Venise précisément pendant le tournage d’une version de cette œuvre. En marge, deux jeunes gens après la guerre vont vivre la tragédie de l’amour rapportée par Shakespeare. Les acteurs jouent de façon exceptionnelle: Martine Carol (Bettina Verdi, vedette du film), Anouk Aimée (Giorgia Maglia, la jeune fille amoureuse d’Angelo), Pierre Brasseur (Raffaele, le rabatteur de la famille Maglia), Serge Reggiani (Angelo, l’ouvrier souffleur, amoureux de Giorgia) Louis Salou (Ettore Maglia, le magistrat fasciste), Marcel Dalio (Amedeo Maglia, collaborateur d’Ettore), Marianne Oswald (une collaboratrice d’Ettore). Avec cette pléiade d’acteurs et d’actrices sur un sujet dont le scénario et les dialogues sont de Pierre Prévert, le film tente de faire une parabole et une critique de l’après-guerre très pertinente.

Dans un style moderne, West Side Story (1961), réalisé par Robert Wise sur une chorégraphie de Jerome Robbins et une musique magnifique de Leonard Bernstein, a renouvelé le genre situant l’action dans le West Side de New York promis à la démolition. Deux bandes s’affrontent : les Jets, des Portoricains, et les Sharks, des Américains d’origine européenne. Richard Beymer et Natalie Wood sont beaux et jouent avec un charme impossible à définir tant ils atteignent la perfection.

Le jeune cinéma et l’amour

Aujourd’hui, les films qui comptent se situent dans le jeune cinéma. Ils imprègnent dans les sujets et les images une fraîcheur qui mettait trop de temps à venir. Les acteurs et actrices se confondent avec les scénarios qu’ils interprètent. Dans Un Amour de jeunesse de Mia Hansen-Love (2010), Camille (Lola Creton), âgée de quinze ans, et Sullivan, âgé de dix-neuf ans, (Sébastien Urzendowsky) s’aiment d’un amour passionné. À la fin de l’été, Sullivan s’en va.

Le film s’étale sur huit ans. Il analyse l’instabilité émotionnelle que peut sentir un jeune en entrant dans la vie d’adulte. Le film est de facture classique et montre que de tout temps la jeunesse se cherche avant de trouver sa voix.

Les filles semblent plus stables et savoir à peu près ce qu’elles veulent, plus que les garçons. Cette idée est confirmée avec J’aime regarder les filles de Frédéric Louf (2011), où le romantisme s’installe pour neutraliser la différence de classe qui peut exister. Primo (Pierre Nimey), issu d’un milieu modeste, essaye de s’intégrer dans un milieu plus aisé, dans lequel il aime une jeune fille, Gabrielle. Il perd ses repères et est vite repoussé dans ses retranchements par sa famille qui ne le reconnaît plus. Une jeune fille cependant l’apprécie et l’aime, mais injustement, il la rejette. Dans En Ville (2011) de Bertrand Schefer et Valérie Mréjen, Iris, âgée de 16 ans, vit quelque part entre Nantes et Saint-Nazaire. Elle cherche à sortir de ses incertitudes dans un lieu laid où elle travaille à nettoyer les wagons de marchandises. Elle rencontre un homme marié qui semble donner du sens à la vie en la photographiant tout simplement. Il met en lumière sur ses photos les traces de présences invisibles à l’œil nu. La jeune femme cherche à donner du sens à sa vie qu’elle donne grâce à sa liaison avec ce photographe à la vision poétique.

Le film d’amour est une œuvre codée socialement décryptable et qui sur le plan sociologique et psychologique ouvre des horizons au niveau de la compréhension des individus perdus dans des chemins où aucun projet ne semble aboutir par manque de structuration intellectuelle.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.