Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Yucatan, escale de rêve

Écrit par Christiane Goor
03.08.2011
| A-/A+

  • L’immense atrium du monastère d’Izamal (攝影: © charles Mahaux / about this image please contact : Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM : charles@mahaux.com)

Qui ne connaît pas de nom Cancún et sa fascinante Riviera Maya? Un rêve de vacances dorées sur des plages de sable blanc d’une clarté lumineuse qui contraste avec les tons émeraude des eaux tièdes de la mer des Caraïbes. Toutefois, la péninsule yucatèque a bien plus à offrir pour séduire. À la croisée des chemins entre culture maya, héritage colonial et tourisme balnéaire, elle multiplie les facettes, de quoi satisfaire les plus exigeants. Mariage unique et réussi entre le présent et le passé. Dépaysement garanti.

Quand le vent souffle de la terre, il distille un parfum insolite d’oranges et d’épices. Pourtant, sur la côte caraïbe, on ne voit que des cordons de palmiers; sur le golfe du Mexique, des mangroves touffues et plus loin, au cœur des terres, une épaisse broussaille. C’est que la péninsule yucatèque est un immense plateau calcaire poreux que ne traverse aucun cours d’eau. Il faut descendre dans les entrailles de la terre, là, où se trouve le royaume de l’inframonde vénéré par les Mayas, pour y découvrir un dense réseau de rivières souterraines qui serpentent dans des galeries avant de se jeter dans les mers des Caraïbes et du golfe du Mexique. Chaque mètre carré de terres agricoles représente une véritable victoire sur la nature et il faut se perdre dans l’arrière-pays, là où sont éparpillés les villages, pour découvrir des arpents de vergers d’agrumes.

Trésors cachés

Les anciens Mayas avaient déjà découvert cette richesse souterraine là où les cavités rocheuses se sont effondrées et laissent à découvert des puits naturels, des cénotes, qui donnent accès à une nappe souterraine, 20 mètres plus bas. Sans cette eau précieuse, les cités n’auraient pu survivre et l’on ne s’étonne plus dès lors que les Mayas ont fait de l’un d’eux, à Chichén Itzá, un puits sacrificiel qui réclamait son quota d’offrandes diverses et de vies humaines pour amadouer les dieux et amener les pluies sur les terres calcaires sèches de la péninsule. Aujourd’hui, certains lagons opalescents ouverts sur le ciel sont une délicieuse invitation à la baignade ou à la plongée en apnée. D’autres cénotes se découvrent au terme d’une excursion souterraine, les pieds dans l’eau. C’est le cas du Rio Secreto, non loin de Tulum, une incroyable expédition qui mène les curieux dans le monde silencieux et grandiose d’une rivière bleutée où miroitent stalactites et stalagmites, telles les grandes orgues minérales d’une cathédrale enfouie sous terre.

Les buissons denses qui bordent partout les routes de la péninsule cachent, eux aussi, un espace jadis exploité et aujourd’hui envahi par la broussaille. Autrefois en effet, toute la plaine était tapissée à perte de vue de champs vert bleuté de hennequén, un agave natif de la région. Les anciens Mayas utilisaient déjà cette fibre pour tisser des cordages, des sandales, des filets et des hamacs. Les Espagnols comprendront rapidement tout l’intérêt de cette plante à une époque où l’essor du trafic maritime exige de nombreux cordages solides. La monoculture intensive du sisal sera le début de la fortune pour plusieurs familles espagnoles. Toutefois, avec la réforme agraire des années 1930 et le succès croissant des fibres synthétiques, cette industrie va rapidement péricliter et les haciendas sont abandonnées laissant la nature reprendre ses droits, étouffant les derniers vestiges de l’or vert sous une futaie compacte.

  • La somptueuse façade illuminée de la cathédrale de Mérida.(攝影: © charles Mahaux / about this image please contact : Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM : charles@mahaux.com)

Heureusement, à la fin du siècle dernier, certains redécouvrent ce patrimoine et quelques haciendas renaissent de leurs cendres, restaurées en hôtels de luxe ou, plus simplement, en musées vivants. L’occasion de découvrir comment s’organisait la vie dans ces immenses espaces clos, entre l’imposante et riche maison des maîtres, les anciens corps de bâtiment dévolus à la salle des machines et traversés par la petite voie ferrée qui servait au transport de la fibre sur des wagonnets tractés par des chevaux, et les modestes chaumières en adobe, recouvertes d’un toit de paille, des phones, les ouvriers qui vivaient sur les terres de l’hacienda dans des conditions de vie proches de l’esclavagisme.

Mystérieux Mayas

On ne compte plus les richesses culturelles de la péninsule, enfouies sous des tumulus envahis par la jungle. Près de 2000 sites mayas, temples et sanctuaires oubliés, dormiraient encore au cœur de la forêt vierge. Nombreux et emblématiques sont cependant les sites mis à jour, si nombreux même que le touriste néophyte pourrait se lasser de ces vieilles pierres si, d’aventure, il souhaitait les visiter tous. Il risquerait ainsi de ne pas succomber au charme indicible qui émane de chacun d’eux. Quelques pistes pour guider votre escapade.

Tulum, perché sur un promontoire rocheux au bord des flots turquoise de la mer des Caraïbes, rayonne tel un phare minéral tourné vers l’Orient. Ce bastion fortifié, jadis port de commerce, était aussi un centre de cérémonie comme en témoignent les nombreuses effigies sculptées du «dieu descendant», représenté la tête en bas et les mains jointes, comme s’il s’apprêtait à piquer un plongeon dans les eaux toutes proches. La promenade au cœur des ruines de cette forteresse solitaire, habitée aujourd’hui par des iguanes paresseux qui aiment à se dorer sur les vieilles pierres ambrées, se charge de mélancolie.

Bijou de pierres blondes, Uxmal est le plus bel emblème du style Puuc, nom maya donné à une zone de douces collines au sud de Mérida, mais aussi au style architectural caractéristique des sites de la région : une flamboyance de frises et de mosaïques de pierre où serpents bicéphales, aras aux longues plumes, fleurs et masques de Chaac, le dieu de la pluie, s’enlacent dans une étreinte minérale.

Plus à l’ouest encore, au sud du port de Campeche, le site d’Edzná, oublié de la plupart des touristes, compte pourtant un édifice spectaculaire qui culmine à plus de 30 mètres, le Templo de los Cinco Pisos, dont les cinq niveaux comportent des galeries voûtées et sont ornés de masques sculptés, de têtes de jaguars et de serpents qui rappellent le style Puuc.

  • Les Espagnols ont baptisé la pyramide de Chichén Itzá u00abel castillo» à cause de son aspect imposant.(攝影: © charles Mahaux / about this image please contact : Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM : charles@mahaux.com)

La silhouette de la pyramide du Serpent à plumes à Chichén Itzá est sans doute aussi populaire que la tour Eiffel de Paris et la statue de la Liberté à New York. Avec ses 55 mètres de côté et ses 30 mètres de hauteur, elle est la structure la plus élevée, mais aujourd’hui il n’est malheureusement plus possible de la gravir. L’exploration du site promet d’autres merveilles encore. Le jeu de balle compte de superbes bas-reliefs qui expliquent les règles particulières de ce sport. À l’issue de chaque partie, le capitaine d’une des équipes était décapité. Vainqueur ou vaincu, la question reste posée et il semble que les Mayas étaient volontaires pour participer à ce jeu. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le Muro de los Craneos sculpté de centaines de têtes grimaçantes qui exhibe ainsi les victimes des sacrifices. Sacrifices offerts au dieu de la pluie Chaac, symbolisé ici par la célèbre statue d’un homme à moitié allongé sur le dos, tenant sur son ventre un plateau pour recevoir en offrande les cœurs arrachés des victimes sacrifiées.

Mayapán, dernière grande capitale du monde maya, s’est édifiée sur le modèle de Chichén Itzá, avec cependant des proportions inférieures. Se hisser au sommet du Castillo de Kukulkán à l’heure du couchant, c’est s’offrir une expérience inoubliable. Le soleil pare tous les vestiges de couleurs rosées et les iguanes, derniers habitants du site, se figent dans une attitude recueillie. Il n’en faut pas plus pour que chacun entende battre le cœur des princes d’autrefois qui alignaient leurs temples dans l’axe du soleil et de la lune, les maîtres de leur destin.

Des villes coloniales, vitrines du Mexique éternel

Pour prendre le pouls des villes mexicaines, il suffit de se laisser porter par le mouvement de la foule qui conduit inévitablement vers le zócalo, dominé par les tours massives de la cathédrale. À l’heure où la nuit lève son rideau sur un ciel étoilé, la vieille ville s’illumine. Les arcades, les balcons et les balustrades accrochent des guirlandes lumineuses. Bancs publics, murets et terrasses sont envahis par des familles de badauds qui semblent autant de figurants d’une mise en scène spectaculaire. Une bande de mariachis joue une sérénade, des marchands de châles, de fruits et de ballons accostent les passants, des tricycles promènent leurs passagers au cœur de ce décor.

Mérida, Campeche, Valladolid, Izamal, quatre villes coloniales où tout respire la douceur de vivre et chacun se laisse ensorceler par la magie de l’ambiance de ces cités restées délicieusement provinciales. Dans les ruelles, les façades des maisons basses et colorées dessinent un séduisant patchwork qui raconte dans leurs murs comment se sont conjugués harmonieusement l’héritage précolombien, l’artisanat local et la culture hispanique. Les églises et couvents, cernés de jardins, accueillent ceux qui préfèrent fuir l’effervescence qui règne sur le zócalo. Des rues piétonnes, longées de demeures coloniales, festonnées de balcons ornés de grilles en fer forgé à la mode andalouse, s’animent en fin de journée. Les portes s’ouvrent pour accueillir la fraîcheur du soir, des femmes sortent une chaise sur le trottoir et de longs conciliabules ronronnant propagent une ambiance débridée qui invite à prolonger la soirée sur une terrasse.

Plus petite, Valladolid est souvent la première ville qui se découvre quand on quitte la côte caraïbe. Une promenade sur sa place baignée de soleil, parsemée de sièges en vis-à-vis − joliment appelés «chaises de la confidence» − et bordée de maisons basses aux fenêtres barrées de fer forgé, offre le charme indicible d’une impression d’être enfin au Mexique, là où sont les Mexicains. Non loin de là, Izamal surprend par l’harmonie lumineuse de son urbanisation : en effet, toute la vieille ville est habillée de jaune et de blanc, couleurs du maïs, à la base de la culture maya. La taille du monastère franciscain, établi sur les ruines même d’une pyramide maya rasée, impressionne davantage. Ocres et blancs eux aussi, les hauts murs dentelés se dressent comme une forteresse et l’immense atrium, le second au monde après celui de Saint-Pierre du Vatican, donne une idée de ce que pouvait être jadis l’imposition de la seule «vraie» foi.

  • L’hôtel de Sotuta de Peón propose d’héberger ses hôtes dans des cabanes typiques de l’époque coloniale.(攝影: © charles Mahaux / about this image please contact : Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM : charles@mahaux.com)

Campeche est un rêve de ville coloniale avec son centre fortifié, cerné de quatre portes qui rappellent qu’autrefois il a fallu résister aux assauts des pirates qui convoitaient les richesses du port. Le cœur de la petite ville aligne un cordon de ruelles pavées bordées de maisons basses aux couleurs pastel, soulignées par des corniches de stuc sculpté. Plus grande et plus dynamique, Mérida que d’aucuns appelaient la «ville blanche» est le carrefour idéal pour ceux qui veulent rayonner dans la péninsule tout en échappant aux complexes touristiques plus anonymes de la côte. Au siècle dernier, à l’époque de l’essor du commerce du sisal, Mérida pouvait se vanter d’accueillir le plus grand nombre de millionnaires. Elle aimait aussi qu’on la surnomme le «Paris de l’Ouest». Il est vrai que les navires qui partaient chargés de sisal rapportaient dans leur soute des richesses d’outre-Atlantique. La ville est encore jalonnée de splendides hôtels particuliers qui dénotent les influences parisiennes. Aujourd’hui, ils sont transformés en banques, musées ou hôtels de luxe, mais Mérida a conservé sa joie de vivre qui éclate chaque week-end dans une fiesta mexicaine dont elle a le secret, entre son marché coloré qui envahit le zócalo, les gargotes qui surgissent au coin des rues où l’on se presse pour goûter des feuilletés de pâte de maïs ou des brochettes de fruits frais et ses nombreuses terrasses animées par des chanteurs de sérénades qui tentent d’attirer les passants vers une table.

Il ne reste plus qu’à goûter au Mexique farniente par une immersion prolongée dans l’échancrure indigo de la mer des Caraïbes dont les rouleaux s’éteignent dans un soupir languissant sur une plage nacrée, caressée par la brise qui ébouriffe à peine des bouquets de cocotiers élancés.

Renseignements 

www.rivieramaya.com pour l’État du Quintana Roo, www.yucatan.travel pour l’État du Yucatan et www.campeche.travel pour l’État de Campeche qui forment ensemble la péninsule yucatèque.

Y aller 

Cancún est desservi par plusieurs lignes peu chères. Au départ de Montréal, http://www.jetcost.com/ offre de belles occasions avec la possibilité éventuelle de prolonger le trajet vers Cuba ou le Costa Rica. Toutes les excursions d’un jour ou plus sont possibles au départ de votre hôtel. Pour les plus aventureux, il est facile de louer une voiture, que ce soit au départ de l’aéroport ou de votre hôtel. Circuler dans la péninsule yucatèque ne pose aucun souci, les routes sont bien signalées et en excellent état. Environ 400 km séparent Cancún de Campeche à l’ouest de la péninsule. Le plus simple est encore de rayonner dans la presqu’île au départ de Mérida, la capitale de l’État du Yucatán, une ville généreuse aux multiples facettes.

Y loger 

Où que vous soyez, si vous cherchez à découvrir un Mexique de charme, laissez-vous tenter par la formule des hôtels boutiques qui conjuguent un nombre limité de chambres dans un cadre toujours exceptionnel et avec des services de qualité. À Mérida, l’hôtel Piedra de Agua, idéalement situé à deux pas du zócalo, mérite le détour http://www.piedradeagua.com/. Plus luxueux et surprenant, l’hôtel Rosas&Chocolate installé dans un ancien hôtel particulier sur le paseo de Montejo, la version mexicaine des Champs-Élysées http://rosasandxocolate.com/. Sur la Riviera Maya, le Playa Palms Beach Hotel Boutique dispose de 39 studios, de vraies cachettes sur plage avec terrasse privée et hamacs http://www.playapalms.com/ . À Campeche, l'hacienda Puerta Campeche se compose de plusieurs maisons coloniales du 17e siècle. Situé au cœur de la vieille ville classée par l’UNESCO, cet hôtel boutique restitue la «belle époque» du sud-est mexicain avec ses 15 chambres décorées selon le style traditionnel maya http://www.starwoodhotels.com .

Climat

Il fait doux toute l’année au Mexique, mais la période humide se concentre de juin à octobre, en même temps que des températures particulièrement élevées. Septembre et octobre sont souvent balayés par des cyclones et des ouragans. L’hiver, de décembre à mars, est la saison la plus agréable pour visiter la péninsule.

Hacienda

À vivre absolument, une petite journée au Sotuta de Peon, pour tout apprendre sur ce que fut la vie des haciendas autrefois, pour plonger dans l’eau limpide et chaude d’un cénote souterrain, pour goûter un savoureux pibil et même pour y passer une nuit.

Gastronomie yucatèque 

Accompagnés de savoureux jus de fruits naturels ou de cocktails tout aussi exotiques, il faut découvrir les viandes dites pibil, enveloppées dans des feuilles de bananiers et cuites à la vapeur dans un four creusé en terre. Les tortillas, à la base de toute l’alimentation mexicaine, prennent souvent le nom de papadzules : elles sont alors fourrées d’œufs durs hachés et couvertes de sauce à base de graines de courge. Sur la côte, goûtez les ceviches, délicieux cocktails de fruits de mer cuits au jus de citron vert.

Souvenirs 

Des guayaberas, ces chemises blanches en fil à plis et bien coupées que portent les hommes; des panamas, indéformables, élégants et fabriqués à partir d’un palmier nain dans la région de Campeche; des hamacs en sisal, fibre locale, ou en nylon plus adapté à notre climat, sans oublier les ponchos, les tapis bariolés, les bijoux, les obsidiennes, les céramiques, les paniers tissés, etc.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.