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La Corse, une symphonie en bleu et vert (1e partie)

Écrit par Christiane Goor, La Grande Epoque
23.09.2011
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  • Le bourg de Nonza se serre autour de son église baroque rose consacrée à Ste-Julie(攝影: / 大紀元)

On raconte que les Grecs l’appelaient déjà «kallistê», c’est-à-dire «la plus belle». Allons donc vérifier par monts et par vaux si la Corse mérite vraiment son joli surnom d’«île de beauté».

L’arrivée par la mer se charge de magie. Accoudés au bastingage du paquebot, on assiste au miracle du lever du jour sur la côte dont les contreforts rocheux dessinent des formes mauves dans la lumière naissante. On devine le creux des criques, le couvert végétal, la silhouette d’une tour, le liseré ondulé d’une route. Soudain la baie s’élargit et Bastia surgit, illuminée par le soleil du matin. Comme la ville étage à flanc de montagne de hautes maisons crépies d’ocre et de rose, étroitement serrées autour de la place St-Nicolas, une vaste esplanade qui longe le port, on a un peu l’impression d’assister au lever du rideau sur une scène baroque bordée d’un décor de carton-pâte.

Le Cap Corse, une kyrielle de villages perchés

Le Cap Corse, souvent comparé à un index pointé vers le golfe de Gênes, s’étire au nord de Bastia sur une quarantaine de kilomètres. C’est un pays balayé par les vents et traversé par une route de corniche qui se faufile d’une côte à l’autre. À l’Est, un puzzle de vallées dévale des crêtes pour déboucher sur de minuscules ports de pêche, des marines, où se balancent quelques barques. À l’Ouest, le relief, plus abrupt, expose ses villages au flanc des pentes.

Avec sa longue digue couronnée par une tour génoise, Erbalunga est sans doute la marine la plus séduisante. Avant de glisser vers la mer, les ruelles s’évasent sur des placettes envahies par des terrasses. Centuri dont les maisons roses, coiffées d’une toiture en serpentine verte, se dévoilent depuis le belvédère du moulin Mattei, est un autre petit port en fer à cheval, rythmé par le va-et-vient des langoustiers. Canari se cramponne aux collines avec son campanile qui semble posé en équilibre sur une place suspendue à mi-pente, face au large. Le bourg médiéval de Nonza s’accroche à son promontoire au-dessus des flots qui s’écrasent sur la falaise grise une centaine de mètres plus bas. Le golfe de St-Florent n’est plus loin, le tour du cap Corse s’achève au milieu des vignes, à Patrimonio, la première région viticole corse à avoir obtenu une AOC.

Rogliano, à cinq kilomètres à peine de sa marine Macinaggio, nous abrite pour une première nuit, à l’auberge Sant’Agnellu, en face de l’église du même nom. Enraciné dans les terres, le village égrène son chapelet de hameaux dispersés en un amphithéâtre ouvert sur un horizon bleuté qui laisse deviner les courbes de l’île d’Elbe à moins que ce ne soit déjà la Toscane. Ancienne capitale du Cap Corse, Rogliano est le berceau des aventuriers marins partis faire fortune aux quatre coins du monde sans jamais oublier pourtant leur terre d’origine qui affiche encore son passé fastueux dans des bâtisses imposantes, palazzi de gloires anciennes, et dans les ruines de son château, de son couvent et de ses tours.

La côte occidentale, un feston de criques sauvages

St-Florent, l’Ile Rousse, Calvi, Porto, autant de bourgades maritimes qui affleurent le long de la côte occidentale sur d’étroites bandes de terre entre mer et montagne. Depuis que le Corse a compris, à la fin du siècle dernier, que la mer peut être source de profit et de qualité de vie, bien loin du destin austère des villages de montagne, ces ports de pêche se sont convertis en stations balnéaires très animées durant la belle saison. Une ambiance allègre explose dans les ruelles étroites bordées de maisons couleur paille et sur les quais occupés par un ruban ininterrompu de terrasses garnies de fauteuils confortables. On y célèbre joyeusement les vacances au soleil durant tout l’été.

Les amateurs de vieilles pierres ne sont pas en reste, la Corse regorge de tours de défense, de chapelles, d’églises, de bastions et autres monuments historiques. L’Ile Rousse qui s’étire sur une baie de sable doré est un peu la patrie des hommes qui ont marqué l’histoire de la Corse. Le souvenir de Paoli, de Louis-Philippe ou de Napoléon est imprimé dans le nom des rues ou encore sculpté au cœur de la place, là où aiment se retrouver les joueurs de pétanque. La citadelle de Calvi, fièrement campée sur son promontoire de granit, distille à l’intérieur de ses fortifications une ambiance surannée qui invite à musarder dans ses venelles étroites et tortueuses. Le petit port de Porto est surplombé par une tour génoise qui appartient à ce chapelet de sentinelles de pierre, près de 90, érigées au XVIe siècle pour protéger l’île des invasions barbaresques. Jadis, à la moindre alerte, les feux allumés à leur sommet suffisaient à tracer en pointillé dans la nuit une frontière lumineuse.

D’abord génoise, elle aussi, par son histoire quand elle a recueilli les premières familles émigrées de la Riviera ligure, génoise encore par les chaudes teintes pastel dont elle habille ses élégantes façades, Ajaccio l’aristocrate était née pour devenir impériale après avoir accueilli en son sein Napoléon, l’enfant du pays. Aujourd’hui, la «capitale» de la Corse, lovée dans un cirque de montagnes, arbore fièrement ses boutiques luxueuses et ses allées de palmiers le long des hautes bâtisses qui bordent son port. A l’Ouest de la ville, la pointe de la Parata dessine un isthme prolongé par l’archipel des îles Sanguinaires, coiffées elles aussi de tours génoises qui gardent le golfe d’Ajaccio. Passer la nuit sur le littoral, face aux îlots rocheux qui s’embrasent à chaque coucher de soleil, c’est une manière de prolonger l’extase provoquée par la découverte des calanques de Piana au sud de Porto. Sur une douzaine de kilomètres, la route étroite, tranchée dans le roc, se faufile entre des lacets vertigineux qui offrent à chaque détour un spectacle flamboyant sur des murailles de granit rouge, curieusement burinées par les pluies, les embruns et le vent. Ces roches arides façonnent des pics hérissés qui plongent dans le bleu intense du golfe de Porto, en sculptant un bestiaire étrange, incrusté dans cette immense dentelure minérale.

(La suite au prochain numéro)

Infos pratiques

Informations: auprès de www.visit-corsica.cm ou encore www.franceguide.com/be

Y aller: Le plus agréable est d’emprunter un ferry pour profiter d’une paisible nuit de croisière. Plusieurs compagnies maritimes assurent la traversée depuis la France mais voyager avec la SNCM (Société Nationale Maritime Corse Méditerranée) (www.sncm.fr) c’est, pour un prix égal ou très proche, s’offrir la garantie durant toute l’année d’une traversée 100% française, avec même une participation corse au niveau de l’équipage proche de 30%. Confort, sécurité et propreté sont également au rendez-vous. La SNCM dispose d’une flotte de ferries au départ de Marseille, Toulon et Nice en direction de la plupart des ports corses et ceci durant toute l’année : Bastia, Ajaccio, Calvi, l’Ile Rousse, Propriano et Porto-Vecchio. La traversée peut aussi s’effectuer avec un navire mixte, c'est-à-dire un cargo qui charge du fret en priorité tout en proposant un pont réservé aux cabines. Piscine et jacuzzis, solariums, ludipark pour les tout petits, salon de lecture, bars, piste de danse, tout est prévu pour que chacun se mette en mode pause selon la formule qui lui sied. Les cabines distribuées sur plusieurs ponts sont intérieures ou extérieures, ce qui donne l’occasion pour ceux qui préfèrent la tranquillité de voyager confortablement dans leur chambre.

Circuler en Corse: le réseau des transports en commun ne permet pas de joindre confortablement tous les sites de l’île, il vaut mieux y arriver en voiture ou la louer sur place en s’y prenant à l’avance dans ce cas.

Se loger: Il ne manque pas d’hébergements en Corse, la plupart ne sont d’ailleurs ouverts que durant la belle saison entre avril et octobre. A découvrir à Rogliano, le charmant et savoureux hôtel-restaurant Sant’Agnellu (www.hotel-usantagnellu.com). A Calvi, l’hostellerie de l’Abbaye (www.hostellerie-abbaye.com) établie dans un ancien couvent. A Bastelica, un petit hôtel-restaurant à la déco très contemporaine, avec une vue exceptionnelle sur un décor de moyenne montagne (www.hotel-artemisia.com) ou comment s’endormir bercé par le tintement des clochettes ou le hennissement d’un mulet. A Bonifacio, le charme intemporel de l’hôtel Colomba (www.hotel-bonifacio-corse.fr). A Zonza, le relais de diligence de 1875 s’est converti en l’Hôtel du Tourisme (www.hoteldutourisme.fr) avec une perspective imprenable sur les aiguilles de Bavella.

La gastronomie corse: A l’image des Corses qui sont des hommes de la terre, avec des produits du terroir qui lui correspondent. La charcuterie à base de porc en est la pièce maîtresse mais le sanglier, le cabri et l’agneau se retrouvent aussi dans les assiettes, toujours accompagnés d’herbes aromatiques qui poussent en abondance dans le maquis. Sur la côte, le poisson et les fruits de mer sont à l’honneur. Il faut encore goûter les fromages de chèvre ou de brebis et les tartes à la châtaigne accompagnées d’une liqueur de myrte. Le plaisir du voyage se retrouve aussi dans le verre. La Corse brasse sa propre bière dont la Pietra élaborée à partir de châtaignes. Quant au vin, l’île ne compte pas moins de 8 AOC qui couronnent la qualité de la production.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.