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Madère, un jardin au cœur de l’océan

Écrit par Christiane Goor
26.01.2012
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  • Cette muraille de basalte(攝影: MAHAUX PHOTOGRAPHY Belgium /

Île volcanique perdue dans l’océan Atlantique, Madère cultive la douceur de vivre dans un décor inattendu : des cascades de fleurs, des terrasses que se partagent les ceps de vigne et les bananiers, des reliefs escarpés qui plongent dans une mer limpide, le plus aimable des climats et la quiétude en prime…

Les Madériens, qui ne manquent pas d’humour, saluent en riant la seule route droite de l’île qui réunit d’une traite les villages de Santa Cruz et de Ponta de Santa Catarina. Il s’agit en fait de la récente piste de l’aéroport international de Funchal : un large ruban d’asphalte de 2871 mètres, édifié sur une digue de plus de mille mètres, soutenue par 180 piliers de trois mètres de diamètre, à environ cent mètres au-dessus du niveau de la mer. Une réelle prouesse technique pour mieux aborder une île au relief tourmenté, façonné par l’érosion et creusé par la houle atlantique.

Multiple et spectaculaire

D’est en ouest, Madère étire une chaîne volcanique sur près de 55 kilomètres, une véritable citadelle de pierre, hérissée de quelques pics rocheux qui accrochent les nuages à plus de 1700 mètres. Cette muraille de basalte s’ouvre sur de profondes vallées dont les pentes vertigineuses sont tapissées d’un manteau de verdure. La côte, quant à elle, est truffée de petites criques secrètes, nichées au pied de hautes falaises battues par les rouleaux de l’océan.

Le littoral se laisse si peu accoster que la plupart des Madériens ont tourné le dos à la mer et ont entrepris d’apprivoiser l’île. La fertilité du sol n’a d’égal que la difficulté à l’exploiter. Chacun possède un lopin qu’il laboure, ensemence, bine et récolte. Cependant, cette parcelle s’arrache de haute lutte à la falaise, il faut ensuite élever des murets pour retenir les terres et dessiner des sentiers qui donnent à ces pentes abruptes des airs de pyramides incas. Point de grandes cultures ici, mais de multiples petits rectangles qui s’échelonnent à l’infini à flanc de montagne. Les terrasses qui surplombent la mer sont envahies par des bananiers trapus. Plus haut, ce sont les vignes qui poussent sur les coteaux, alignant les ceps en petites troupes compactes pour mieux abriter les lourdes grappes qui donnent ce vin doux qui a fait la renommée de Madère. Les à-pics vertigineux sont envahis par une forêt laurifère sauvage et primitive, tellement exceptionnelle qu’elle a été inscrite à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a en effet été épargnée par les glaciations et date de l’ère tertiaire. C’est d’ailleurs parce que l’île était aussi verdoyante que les Portugais lui ont donné le nom d’île boisée, ihla do madeira, quand ils l’ont découverte en 1419.

Pour que les cultures soient suffisamment irriguées, les habitants ont élaboré, dès le début de la colonisation de l’île, un astucieux réseau de rigoles en pierre qui acheminent l’eau de pluie depuis les flancs de la montagne jusqu’aux gorges et vallées. Plus de mille kilomètres de canaux drainent l’eau des forêts vers les jardins. Traversant des paysages majestueux, les levadas sont aujourd’hui le rendez-vous des amoureux de la nature. Un sentier de randonnée longe chaque canal et la moindre promenade devient un enchantement. Se laisser guider par le clapotis de l’eau, c’est partir à la découverte de sous-bois qui abritent de précieuses orchidées ou encore des points de vue insoupçonnés sur les rumeurs océanes et sur les fonds de vallée piquetés de petits villages blancs et rouges perdus dans la verdure.

L’île aux fleurs

Paradis fleuri, jardin flottant, éden printanier, on ne dira jamais assez le charme de cette île où chaque regard découpe une carte postale suspendue entre ciel et mer. Partout la montagne est sillonnée de routes en lacets qui grimpent au cœur d’une végétation exubérante. Des milliers de capucines serpentent dans les fossés, des buissons d’hortensias et de fuchsias croissent spontanément le long des chemins, des bouquets d’arums éclairent les sous-bois. Plus haut, des cascades de fleurs sauvages illuminent les falaises tandis que fougères et bruyères foisonnent au pied des forêts de chênes et de pins.

Les fleurs explosent encore dans les jardins privés qui se laissent apercevoir derrière les grilles de fer forgé, mais aussi dans les nombreux jardins publics qui résonnent des rires des enfants et des murmures des amoureux. À croire que le monde s’est donné rendez-vous dans les parterres multicolores qui égaient les carrefours et les places publiques : roses, azalées, bougainvillées, lys, magnolias, hibiscus, oiseaux du paradis, canas, lilas d’été, orchidées, etc. Une féerie de couleurs et de parfums qui accompagne toutes les flâneries au cœur de la ville. Même les hauts arbres qui longent les rues principales de Funchal animent son centre en jonchant le sol pavé de mosaïques de pétales bleus des jacarandas.

La couleur éclate aussi au marché de Funchal, le Mercado dos Labradores, où les brassées de fleurs débordent des vanneries que tressent les paysannes. Les fruits et les légumes s’entassent joliment dans des paniers en osier et leur exotisme surprend sur ces latitudes : maracujas dorés, mangues juteuses, tomates d’arbre, goyaves mauves, petites bananes tendres, papayes oblongues, etc. autant de fruits que les marchandes se font un plaisir de faire déguster en proposant des morceaux piqués au bout de leur couteau.

  • Un décor accidenté(攝影: / 大紀元)

Un art de vivre au quotidien

La sauvagerie fascinante des paysages de Madère se marie avec une douceur de vivre imperturbable. C’est qu’ici, il a bien fallu s’accommoder d’un décor accidenté qui allonge des distances apparemment les plus courtes. Une dizaine de kilomètres séparent ainsi le petit village côtier de Paúl do Mar de son voisin Jardim do Mar, mais la route qui les relie exige une promenade de près de deux heures le long d’une corniche qui dessine des perspectives fantastiques sur les villages en contrebas et les falaises abruptes qui les surplombent. Aujourd’hui, la montagne s’est heureusement creusée d’une multitude de tunnels. Mis bout à bout, ils alignent, dit-on, près de 90 kilomètres! Cette nouvelle aisance dans les déplacements n’a cependant en rien enrayé un rythme de vie paisible, qui prend la mesure du temps qui s’écoule et de l’effort à fournir pour réaliser n’importe quelle tâche.

Autrefois, l’absence des routes et l’étroitesse des chemins interdisaient les moyens de locomotion motorisés. On voyageait à dos d’âne ou encore dans des charrettes tirées par des bœufs. Parfois même, au cœur des petites cités, on circulait en carros do cestos, des chariots d’osier dirigés par les hommes. Aujourd’hui, c’est à Funchal, au pied de l’église Nossa Senhora do Monte qui surplombe la capitale, que l’on monte sur ces traîneaux en rotin menés par de solides gaillards, vêtus de blanc et coiffés d’un canotier. On dévale ainsi le caminho do Monte jusqu’au centre de la ville, une expérience fébrile qui a le charme suranné de faire revivre un système de transport des siècles derniers.

La plupart des Madériens sont des hommes de la terre dont le quotidien épouse naturellement le rythme immuable de la nature. On se lève tôt à Madère, pour profiter des heures fraîches du matin, quand le soleil n’a pas encore écrasé les jardins et les cultures dans un silence tissé de bruissements sourds et de mouvements froissés. L’après-midi, à l’heure de la sieste, le temps se fait si lent qu’il se laisse oublier. Il y a toujours un banc qui invite au repos sous les frondaisons d’une glycine dont les vrilles s’étirent au soleil. D’autres Madériens, nettement moins nombreux, dédient leur vie à la pêche du poisson-épée. Ils se retrouvent durant les heures chaudes de l’après-midi pour ferrer des hameçons le long du filin qu’ils jetteront à la nuit tombée dans les profondeurs de l’océan, là où vit l’espada, sorte de longue anguille noire des grands fonds dont les yeux globuleux explosent dès qu’on la sort de l’eau. On la retrouve au menu de tous les restaurants de l’île, en filet grillé ou frit, accompagnée de bananes cuites.

Une autre tradition de l’île raconte encore la quiétude de la vie menée au sein des pimpantes chaumières éparpillées dans la campagne : la broderie, qui fait appel à la patience des femmes, aux gestes mille fois répétés en silence. La légèreté des incrustations des robes, des chemises et des napperons fascinent par leur précision. Aux siècles derniers, les Anglais aimaient s’arrêter à Madère à leur retour des Indes, avant de regagner le brouillard londonien. Ils s’installaient pour quelques mois dans des quintas, vieilles demeures coloniales protégées par de hauts murs. Ils imaginaient les plus beaux jardins, organisaient des fêtes, surveillaient le vieillissement du vin dans les cuves en chêne et donnaient leur linge à broder aux paysannes de l’île. Aujourd’hui, l’éclat des lustres n’éclaire plus les bals de jadis et les quintas sont devenues d’agréables hôtels de charme ouverts à tous. On vient toujours à Madère pour se reposer, flâner dans les jardins, profiter de la douceur du climat et des piscines naturelles creusées dans les rochers. Musarder dans la vieille ville de Funchal ou marcher le long des nombreux sentiers de randonnée qui sillonnent l’île ou encore admirer les somptueux couchers de soleil depuis les balcons naturels ouverts sur l’océan.

Quelques excellentes adresses pour se loger

L’Estalagem Jardins do Lago au cœur d’un jardin de plus de deux hectares : www.jardins-lago.com ou encore les différents hôtels repris sous le mérité label «Charming Hotels» : www.charminghotelsmadeira.com. Enfin, la Quinta do Arco au cœur d’une roseraie de 17 000 roses, à Santana : www.quintadoarco.com

Pour information supplémentaire, visitez le : www.iledemadere.com/

 

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