Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Les nouveaux défis de la diplomatie française

Écrit par David Vives, Epoch Times
19.10.2012
| A-/A+
  • À Camp David, aux États-Unis. Quelques jours après son élection, François Hollande, le président Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron se préparent à poser pour la photo au sommet du G8, alors que la question de la crise économique européenne était sur toutes les lèvres. (AFP PHOTO/Mandel Ngan)

S’il est un domaine où les discours et les personnes évoluent plus vite que la situation, c’est bien la politique extérieure. Bien des dirigeants, forts en mots et en charisme, doivent revoir leur copie face aux défis d’un monde qui n’épargne personne: les marges de manœuvre sont extrêmement réduites. Quand on fait un pas, tout le monde doit marcher, sinon personne n’avance.

Dans son discours à l’ONU le 25 septembre, François Hollande a appelé la communauté internationale à l’action et à la mobilisation. Ce discours a eu le mérite de positionner le chef de l’État dans un rôle qui est le sien: défendre les «valeurs universelles», rappeler les enjeux de la stabilité mondiale, fixer des objectifs militaires et économiques.

Quel peut être le rôle de la France dans le difficile contexte actuel? François Hollande, dans sa volonté d’afficher la rupture avec son prédécesseur, prépare son terrain diplomatique. À l’activisme de Sarkozy succède la prudence de Hollande. Au moins dans les apparences, les choses changent. Avec de la perspective, la question de la politique extérieure devient une question de capacité et de moyens, plus que d’idées et de volonté. C’est l’enjeu central de la France, donner une vision qui s’accorde avec la réalité de ses moyens.

Comment voit-on la France de l’étranger?

Il suffit de jeter un œil aux commentaires des journalistes étrangers pour découvrir une image très différente de celle que l’on entretient généralement sur notre pays. Difficile, pour un observateur étranger, de comprendre ce pays d’apparence ingouvernable et incapable de se réformer, trébuchant péniblement dans sa politique intérieure. C’est que la France se construit souvent dans l’opposition, et les difficultés rencontrées dans le dialogue social minent la réelle capacité des dirigeants à prendre des décisions fortes. John Laughland, économiste, précise: «Il appartient à un gouvernement d’incarner l’intérêt national. Ce qui suppose de se libérer des lobbies. Si un gouvernement en demeure l’otage, il devient évident aux yeux du monde qu’il n’est plus souverain, même chez lui. Il doit alors se contenter de rechercher le niveau le plus bas possible d’insatisfaction mutuelle entre les parties en présence. Les gouvernements français fonctionnent ainsi, réagissant à des pressions successives qu’ils ne cessent d’apaiser en promettant des subsides».

Pour beaucoup de gouvernements occidentaux, critiquer le modèle économique libéral, comme il est coutume de le faire en France, est aussi avisé que de nier l’existence de la pluie. De plus, la France n’est pas une puissance économique. Aux États-Unis, Angela Merkel est considérée comme celle qui tient les rênes de la réforme économique de l’Europe. L’image du Français arrogant, ambitieux en paroles, a la vie dure outre-Atlantique. Un diplomate français déclarait récemment: «Le Français joue son rôle, a quelque chose à dire sur n’importe quel sujet touchant les affaires du monde, de l’ail au zinc en passant par les importations de carbone de la République Populaire de Chine. Un Français se doit de prendre la parole pour déclamer de grands principes, que ce soit au comptoir d’un bar parisien ou autour d’une table de négociations internationale. Ce comportement «brillant» s’enracine dans une prétention à l’universalisme. Non seulement le Français prétend à l’universalité, mais il est de surcroît celui qui dit volontiers «non», contestant autant que possible le politiquement correct anglo-saxon.»

La France est bel et bien la patrie des droits de l’homme, mais a-t-elle une stratégie? A-t-elle les moyens de son discours? Ce sont les questions que posent nos interlocuteurs à l’étranger.

Montrer l’exemple pour persuader

Ces enjeux semblent avoir été compris par la diplomatie française. Dans son discours récemment prononcé à l’intention des ambassadeurs, Jean-Marc Ayrault a insisté sur les réformes internes, et sur le «redressement dans la justice» de l’économie française, censée rendre à la France la confiance dont elle a besoin. «Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, il vous revient d’expliquer à vos interlocuteurs, partout dans le monde, que la politique engagée par le gouvernement vise à remettre la France en mouvement, à redonner confiance à nos concitoyens dans les atouts de notre pays – et ces atouts sont nombreux – pour affronter les défis auxquels il est confronté», a déclaré Jean-Marc Ayrault.

Au sujet de la politique extérieure, François Hollande affirmait lors de l’interview du 14 juillet: «La politique extérieure, c’est la même chose qu’à l’intérieur». Sous entendu, la réussite des réformes fait acte de foi et légitime la parole française. Transformer notre image, montrer par l’exemple que nous pouvons dépasser nos propres contradictions. Au moins, le message est passé.

«La France veut être exemplaire, pas pour donner la leçon, mais parce que c’est son histoire», déclarait François Hollande à l’ONU. Les droits de l’homme sont nés en France, nés au sein de son histoire, puis on été adoptés et reconnus internationalement. Parallèlement à ce processus, François Hollande espérait pouvoir exporter certaines mesures, – la dépénalisation de l’homosexualité, et la taxation des transactions évoquées dans son discours, en sont des exemples.

Rayonner pour mieux exister

Le rôle de la diplomatie se rapporte souvent à des enjeux nationaux et économiques. L’attitude du gouvernement français à l’égard du continent africain est à ce titre souvent représentatif. Nicolas Sarkozy, en déclarant dans son premier discours en Afrique «L’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire», n’avait pas enthousiasmé les foules. «La maison brûle», formule célèbre de Jacques Chirac en Afrique du Sud, avait inspiré la sensibilisation aux enjeux africains.

Dans ce domaine, les premiers pas de François Hollande ont été prudents. L’intervention reste symbolique. À l’ONU, François Hollande a conseillé la création d’une grande agence environnementale, basée en Afrique. Il a également attiré l’attention sur la nécessaire intervention au nord du Mali, pour endiguer le terrorisme, mentionnant un « soutien logistique » de la part de la France.

La politique extérieure est à l’évidence un exercice de valorisation, la France ne fait pas exception. Aux États-Unis, la question de la défense des droits de l’homme est envisagée à travers la question de stabilité économique. En France, la question de la stratégie semble manquante, et n’échappe à personne dans la communauté internationale. Bien sûr, la France est écoutée et son avis est apprécié au sein des Nations Unies. Mais l’absence de dynamisme et le peu de nouveautés, dans les discours de François Hollande – qui se retrouve également sur le plan européen –, traduisent aussi un manque de moyens et de légitimité. 

Pour l’instant, la diplomatie française navigue entre les concepts d’intérêts nationaux, d’enjeux économiques et d’exportation des valeurs. Dans un monde où l’économie est globalisée, certains problèmes ne peuvent se résoudre seuls. Beaucoup reste encore à faire pour devenir pour devenir une «grande puissance internationale», car c’est bel et bien ce à quoi aspire ce petit pays qui a tant participé à l’histoire mondiale.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.