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La prédominance des césariennes inquiète au Brésil

Malgré les efforts déployés par le gouvernement et d’autres organismes, réinstaurer l’accouchement naturel se révèle être un défi

Écrit par Ticiane Rossi, Epoch Times
08.10.2012
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  • Une mère brésilienne porte son nouveau-né à la maternité d’Amparo à Su00e3o Paulo, au Brésil, le 31 octobre 2011. Le taux de césariennes au Brésil est presque trois fois plus élevé que le taux maximum recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. (Yasuyoshi Chiba/AFP/Getty Images)

Itatiba, au Brésil. Le samedi est le jour le plus prisé pour accoucher au Brésil, en particulier dans les hôpitaux privés où plus de 80 pour cent des accouchements se font par césarienne programmée. Le Brésil possède le taux de césariennes le plus élevé au monde, et ce taux n’a cessé d’augmenter, cette pratique devenant de plus en plus ancrée au sein de la culture du pays.

L’Organisation Mondiale de la Santé recommande un taux de césarienne compris entre 5 et 15 pour cent, car le procédé pourrait mettre en danger la mère et le bébé. Au Brésil, cependant, entre 2002 et 2009, le taux était presque trois fois plus élevé que la limite supérieure (44 pour cent), et selon les chiffres publiés par l’UNICEF, il a atteint les 52 pour cent en 2010. En comparaison, aux États-Unis le taux de césariennes entre 2002 et 2009 était de 31 pour cent.

Le taux anormalement élevé de cette méthode d’accouchement au Brésil peut être attribuée à plusieurs facteurs. L’obstétricienne Claudia Azevedo Aguiar, également étudiante en doctorat à l’Université de l’Ecole de Santé Publique de São Paulo, effectue des recherches sur les césariennes; elle a déclaré que la prédominance de cette méthode est le reflet de la culture brésilienne et des changements que le pays a subi au cours des dernières décennies.

«Un pays qui abuse d’interventions, d’hospitalisations, de médicalisations sur des femmes en bonne santé et leurs bébés ne pouvait que difficilement avoir une autre place dans le classement mondial des césariennes», déclare Aguiar.

Un business profitable

Mme Aguiar a déclaré que les césariennes étaient devenues un business pour certains professionnels de la santé, ce qui explique pourquoi elles sont si largement promues dans la société. «Les hôpitaux et les médecins voient cette procédure comme quelque chose de tout à fait rentable» révèle-t-elle.

Il en ressort que, mis à part  des raisons médicales, les césariennes sont la plupart du temps effectuées à la convenance du médecin en charge qui peut en fixer l’horaire, ou selon le projet de la famille concernant la date de naissance. «[Ces facteurs comprennent] la commodité pour le médecin dont le planning est toujours chargé, afin que ses prévisions ne soient pas perturbées; et le confort pour la famille, qui, par exemple, demande régulièrement que la césarienne soit effectuée le samedi afin que leurs parents puissent venir les voir le dimanche», a déclaré Aguiar.

D’autres aspects tels que la peur de la douleur pendant l’accouchement et l’imprévisibilité du début du travail guident aussi le choix d’une césarienne. Mais cette crainte peut être liée au manque de connaissances sur les méthodes disponibles pour soulager la douleur de la naissance, selon Helvecio Magalhães, Secrétaire de la Santé du Brésil. «Nous insistons sur le fait qu’il vaut mieux subir une analgésie», a-t-elle déclaré sur le site internet du ministère.

Augmentation des risques

Bien que les césariennes soient inévitables dans certains cas, en raison du risque factuel encouru par la mère et l’enfant, si elles sont utilisées régulièrement  pour un accouchement naturel, elles pourraient avoir l’effet inverse.

Selon le ministère de la santé, une mère qui donne naissance par césarienne est confrontée à un taux de mortalité de six fois supérieur à un accouchement naturel. Les césariennes augmentent également le risque d’infection ou d’hémorragie chez la mère, et quadruple le risque du bébé d’avoir recours aux soins intensifs (12 pour cent pour les césariennes, comparativement à 3 pour cent pour la naissance naturelle.)

Le ministère souligne également que «les césariennes sélectives» – qui programment à l’avance la naissance du bébé – peuvent augmenter le risque de complications post-natales chez l’enfant, car le fœtus ne serait pas nécessairement prêt pour la naissance. Selon une étude menée par l’Agence Nationale de la Santé du Brésil (ANS), les enfants nés à 37 ou 38 semaines sont 120 fois plus susceptibles d’avoir des problèmes respiratoires que ceux nés à 39 semaines.

Campagnes visant à réduire les césariennes

Selon les informations sur le site internet de l’Université de São Paulo, les cours de formation en l’obstétrique ont disparu du Brésil autour des années 1970, et la formation des sages-femmes est restée sous la seule responsabilité des écoles d’infirmières. La tendance s’est inversée dans les années 90, lorsque de nouvelles mesures publiques ont encouragé la réduction des césariennes, entrainant la résurgence des obstétriciens de premier cycle.

Les mouvements populaires, les campagnes du ministère de la santé et d’autres organismes font également la promotion de l’abandon de la césarienne lorsqu’elle n’est pas nécessaire. Le programme, appelé Réseau Cigogne, est basé sur les principes du respect de la liberté des femmes, un suivi et un service à dimension humaine, le droit à la présence d’un compagnon choisi par la mère lors de l’accouchement et du suivi post-partum à l’hôpital.

Le ministère de la santé a lancé un programme doté d’un budget de 4,43 milliards d’ici 2014 pour les prestations de soins mère-enfant pendant les deux années qui suivent la naissance. Le programme favorise également l’allaitement dès la première heure de vie et l’encouragement au contact peau-à-peau entre la mère et le bébé immédiatement après la naissance. Selon le ministère, le programme a réduit la mortalité maternelle de 21 pour cent dans la première année de son lancement.

Deborah Berclaz, commerciale de 34 ans et psychologue à Porto Alegre dans le Sud du Brésil, est l’une des femmes ayant pris part au programme, et ayant mis son bébé au monde sans aucun problème de façon naturelle en juillet dernier. Elle a déclaré que son médecin a recommandé l’accouchement naturel puisque sa grossesse ne présentait pas de complications. «Je ne pense pas qu’il soit très bon de promouvoir la césarienne comme de nombreux médecins le font», dit-elle.

Bataille difficile

Mais la bataille pour réduire les césariennes inutiles pourrait ne pas être si facile. Aguiar s’explique: «On doit toujours faire face à un mouvement récalcitrant lorsqu’on cherche à homogénéiser (les excès)».

Elle a souligné que les hôpitaux et les centres de santé ne sont pas préparés pour la naissance naturelle, leur configuration étant actuellement tournée vers les césariennes. «Les services prénataux ne préparent pas une femme à faire face au travail et à l’accouchement sans crainte. Tous ces [problèmes] maintiennent la difficulté à prôner le retour à l’accouchement naturel, et le font miroiter comme un idéal à atteindre».

Version anglaise: Prevalence of C-Sections a Concern in Brazil

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