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France: changement de cap économique

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
14.11.2012
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  • Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif et Louis Gallois, commissaire général à l’investissement à l’Hôtel Matignon le 5 novembre 2012 à Paris. (Pierre Verdy/AFP/Getty Images)

La France se trouve aujourd’hui dans un «cercle vicieux» qui conduit ses entreprises à rogner leurs marges pour rester compétitives.

La remise du Rapport Gallois au Premier ministre et l’annonce par Jean-Marc Ayrault des mesures prises pour relancer «la croissance, la compétitivité et l’emploi» ont été les deux temps forts de l’actualité en France.

Perte de compétitivité française: «la côte d’alerte est atteinte»

Dans son rapport, l’ancien président d’EADS dresse un constat alarmant de la perte de compétitivité de l’industrie française, qui s’est accélérée depuis 10 ans. Sa part dans la valeur ajoutée du pays est passée de 24% en 1980 à 12,6% en 2011 (à comparer actuellement à 26,2% en Allemagne, 18,6% en Italie, 16,9% en Espagne et aux États-Unis, et 16,5% au Royaume-Uni), ce qui la place à la 15e place parmi les 17 pays de la zone euro. Parallèlement, le pays accuse une perte de 2 millions d’emplois industriels en 30 ans, dont 750.000 depuis 10 ans. Les coûts salariaux dans l’industrie manufacturière et la part des charges sociales sont ainsi pointés du doigt, le coût horaire actuel de la main-d’œuvre manufacturière en France étant supérieur de 20% à la moyenne de la zone euro.

Cet affaiblissement de l’industrie a entraîné une forte chute des exportations, en particulier vers l’Europe où la part de marché de la France a baissé de 12,7% en 2000 à 9,3% en 2011, alors que celle de l’Allemagne montait de 21,4% à 22,4%. Et la concurrence croissante des pays émergents ne fait que renforcer cette tendance à l’échelle mondiale. Ainsi, la balance commerciale française est logiquement passée d’un excédent de 3,5 milliards d’euros en 2002 à un déficit de 71,2 milliards en 2011. À ces difficultés industrielles s’ajoute le poids excessif des dépenses publiques, qui doit impérativement être réduit pour assouplir le fonctionnement de l’économie française. Avec un montant global de 1.100 milliards d’euros, pour un PIB de près de 2.000 milliards d’euros, leur part atteint 55% en France, soit près de 10 points de plus qu’en Allemagne et dans la majeure partie des autres pays. 

Un «pacte de confiance» pour un «choc de compétitivité »

Toujours selon le rapport Gallois, la France se trouve donc aujourd’hui dans un «cercle vicieux» qui conduit ses entreprises à rogner leurs marges pour rester compétitives: «Les marges des entreprises ont baissé de 30% à 21% sur la période 2000-2011, alors qu’elles progressaient de 7 points en Allemagne. Cette évolution a eu pour conséquence de dégrader le taux d’autofinancement des entreprises (64% en France en 2012 contre 85% en 2000 et près de 100% en moyenne dans la zone euro)», donc de les fragiliser. 

Pour renverser cette tendance, Louis Gallois demande tout d’abord à l’État de s’engager à ne pas modifier au cours du quinquennat les 5 dispositifs suivants (adoptés ou maintenus sous la présidence Sarkozy): le crédit impôt recherche, le dispositif «Dutreil» favorisant la détention et la transmission d’entreprises, la contribution économique territoriale, les incitations sociales aux jeunes entreprises innovantes, et les dispositifs fiscaux en faveur de l’investissement dans les PME.

Il propose ensuite cinq objectifs majeurs assortis de 35 mesures: favoriser l’investissement pour la montée en gamme de l’industrie, faire croître le nombre d’ETI (Entreprises de Taille Intermédiaire), rapprocher le système éducatif et les entreprises, développer une politique industrielle à l’échelle européenne et élaborer un nouveau pacte social. La proposition phare de ce rapport suggère de « créer un choc de compétitivité » en transférant une part significative des charges sociales (jusqu’à 3,5 SMIC), dont 2/3 en charges patronales et 1/3 en charges sociales, c’est-à-dire 30 milliards d’euros (1,5% du PIB) vers la fiscalité et la réduction de la dépense publique. Parallèlement, pour maintenir l’atout actuel du bas prix de l’énergie, le rapport propose de mener des recherches sur les techniques d’exploitation des gaz de schiste.

Les principales mesures pour favoriser l’investissement et l’innovation consistent à réserver 2% des achats courants de l’État vers des innovations proposées par les PME, doubler la capacité de France Investissement (BPI: Banque Publique d’Investissement) à développer le capital-investissement envers les entreprises industrielles innovantes et créer un Commissariat Général à l’Investissement chargé de trois priorités: les technologies génériques, la santé et l’économie du vivant, et la transition énergétique.

Baisse modérée du coût du travail, grâce aux 20 milliards d’euros de crédit d’impôt

Le chef du gouvernement, conscient de l’exaspération des chefs d’entreprise depuis cet été, a pris officiellement acte de la gravité de la crise économique et de la nécessité absolue de baisser le coût du travail. Annonçant qu’il partageait le constat de Louis Gallois, Jean-Marc Ayrault s’est donc enfin décidé à changer de cap sur les trois aspects suivants: le coût du travail, la baisse des dépenses publiques et la TVA.

L’allègement du coût du travail, d’un montant de 20 milliards d’euros en régime de croisière, qui sera progressif sur 3 ans, avec 10 milliards d’euros dès la première année. Il portera sur les salaires compris entre 1 et 2,5 fois le SMIC, dont le coût devrait baisser de 6%, et prendra la forme d’un «crédit d’impôt pour la compétitivité et pour l’emploi» (CICE) avec effet sur les impôts au titre de l’exercice 2013, assorti de facilités de trésorerie pour les PME qui le demandent. Ces 20 milliards d’euros seront financés pour moitié par des baisses dans les dépenses publiques et pour l’autre moitié par la restructuration des taux de TVA et la fiscalité écologique.

La baisse des dépenses portera à la fois sur l’État, les agences, les collectivités locales et la sécurité sociale, et s’inspirera des exemples scandinaves. Quant à la TVA, son évolution est fixée au 1er janvier 2014. Le taux normal passera de 19,6% à 20% et le taux intermédiaire pour la restauration et la rénovation de l’habitat passera de 7% à 10%. Le taux sur les produits de première nécessité, en particulier l’alimentation, baissera quant à lui de 5,5% à 5%. Par ailleurs, un fonds de 500 millions d’euros sera immédiatement mis à disposition des PME et ETI en difficulté de trésorerie, les 42 milliards d’euros de la BPI seront accessibles aux PME pour leurs investissements, cinq démarches administratives essentielles pour les entreprises seront simplifiées, et cinq dispositifs fiscaux clés pour l’investissement seront stabilisés sur la durée du quinquennat.

Une décision bien accueillie par le MEDEF, mais insuffisante selon l’Allemagne

La présidente du Medef, Anne Parisot, s’est dite «globalement satisfaite» tout en annonçant demeurer «vigilante» quant à la mise en œuvre de ces mesures, qui ne produiront pas leur effet immédiatement. Comme en écho, dès ce vendredi dernier, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, doutant que les mesures annoncées soient suffisantes pour sortir de la récession et craignant pour que la faiblesse de la France ne devienne préjudiciable à la stabilité de la zone euro, demandait aux «sages» allemands un rapport pour aider la France à se réformer en profondeur.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.