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Le langage secret des kimonos

Écrit par Christine Lin, Epoch Times
15.11.2012
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  • L’actrice japonaise Aya Ueto porte un kimono. (Kiyoshi Ota/Getty Images)

Sur un coup de tête, j’ai acheté un billet pour une soirée de présentation avec le créateur de kimonos Nobuaki  Tomita, à l’Asian Art Museum de San Francisco. Ce jour-là, pour la première fois j’ai compris la complexité du vêtement japonais.

Tomita travaille à la conception et habille les personnages dans des drames japonais historiques, de ce fait il accorde une grande attention à la précision historique et aux nuances culturelles. Durant la présentation, Tomita a effectué en public la production d’un kimono, expliquant la manière dont il doit être porté, et la façon unique dont il est capable de représenter la personnalité de celui qu’il habille.

Un kimono est né

Le processus de création d’un kimono est quasiment scientifique.

En premier lieu, il faut sélectionner les  modèles qui sont peints sur la toile. Les couleurs et les motifs doivent s’adapter à l’âge et au statut du client, ainsi qu’à la saison et à l’occasion où l’habit sera porté. Par exemple, les couleurs foncées sont généralement destinées aux femmes mariées, les cerisiers au printemps, le noir pour les mariages et les funérailles.

Secondement, une fois le motif choisi, le tissu est sélectionné dans une chambre remplie de longs rouleaux de tissu blanc. Chaque rouleau de tissu porte un motif tissé, généralement une rivière et des vagues, des flèches, des papillons, des fleurs, ou des bambous.

Troisièmement, on applique  la couleur de base du kimono. Le tissu est étiré de son support tandis qu’un artiste utilise un pinceau plat et large pour appliquer rapidement et uniformément la teinture.

Ensuite, les motifs sont peints à la main, puis l’or est appliqué là où il faut. On utilise de l’or véritable dans la peinture d’or, des paillettes, de la poudre ou des feuilles d’or. Une fois les couleurs appliquées le tissu passe par la couturière, qui coud les différentes pièces à la main. La dernière étape consiste à éliminer les traces de pinceau.

Le kimono fini se compose de plusieurs pièces de tissu de 30 cm de large. La beauté d’un tel vêtement repose sur sa polyvalence. Le surplus de tissu sera dissimulé  dans les coutures. Quand il est nettoyé de façon traditionnelle, le nettoyeur désassemble le vêtement, il coud de nouveau dans sa forme originale, puis le nettoie. Ainsi, à chaque nettoyage on peut réajuster l’habit en fonction des modifications du corps du porteur.

Porter son Moi sur les manches

Porter un kimono de façon appropriée, c’est assumer un badge avec tous les renseignements personnels: l’âge, l’état matrimonial, le clan, l’activité professionnelle, tout cela est tissé dans le vêtement comme s’il s’agissait d’une langue secrète.

L’identité d’un porteur est indiquée en premier dans les motifs peints et en second dans la façon dont est porté l’obi, c’est à dire la ceinture.

La variété des styles de l’obi est énorme. On rencontre souvent l’obi taiko, qui est carré, pour ressembler à un tambour taiko. Le style à cornes est considéré comme «provoquant» et «inapproprié pour une femme», selon Tomita.

Au cours d’une session de modélisation, les assistants de Tomita ont démontré la différence entre le vêtement d’une aubergiste et la femme d’un mafieux par une habile transformation, tirant vers le bas le dos d’un modèle de kimono pour dégager la nuque, puis réduisant légèrement le décolleté à l’avant. Ils ont ensuite noué l’obi dans le style à corne pour indiquer le statut mafieux.

Les filles non mariées portent leur obi sous la poitrine. Les femmes mariées le portent sur la taille tandis que les femmes plus âgées le portent légèrement sous la taille. Les autres modalités du costume suivent les mêmes principes.

Tomita a éclairé le fait que de longues manches battantes (furisode) ne peuvent être portées qu’avant le mariage. Après le mariage, une femme doit porter des «petites manches» (kosode). Ma première pensée a été que la coutume s’est modelée à des fins pratiques, de grandes manches seraient totalement inefficaces pour une femme au foyer. L’explication de Tomita m’a surprise: «Les grandes manches sont bonnes pour attraper les hommes» a-t-il dit, en plaisantant, frappant l’un de ses assistants avec sa propre manche.

Un langage en voie de disparition

Tomita et ses collègues sont probablement les derniers tenants de la tradition du kimono. Bien que toujours de rigueur pour les cérémonies, le kimono est tout simplement devenu trop encombrant pour la vie contemporaine. La plupart des nouveaux propriétaires de kimono achètent des habits préfabriqués; peu sont ceux qui les ont faits fabriquer sur mesure selon la tradition. Il est aussi très probable que peu nombreux sont ceux qui savent encore «lire» les kimonos.

Il existe des organisations qui encouragent au Japon le port du kimono dans la vie quotidienne. L’Académie Kimono Sodo de Norio Yamanaka en est une. La plupart sont situées à Kyoto où est centrée l’industrie textile.

Si des efforts sont faits pour maintenir le kimono dans les cœurs, cet art est tout de même en déclin. Seules deux entreprises traditionnelles de tissage au Japon subsistent actuellement et les deux sont détenues par des assistants de Tomita. «Tous les ans 25.000 personnes rejoignent l’industrie du kimono, et chaque saison 25.000 la quittent. C’est extrêmement difficile», a-t-il avoué.

Version anglaise: The Secret Language of Kimonos

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