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La social-démocratie, un Objet Politique Non Identifié

Écrit par David Vives, Epoch Times
24.11.2012
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On entend maintenant parler en France, en Europe et aux États-Unis de cette nouvelle politique de la «social-démocratie». Selon les pays, l’héritage historique et les hommes politiques, sa signification est pourtant bien différente. Il y a quelques jours, dans l’émission Des Paroles et des actes, à la question «Vous sentez vous social-démocrate?», Jean-Marc Ayrault a répondu «Oui! Complètement, ce n’est pas de l’eau tiède, la social-démocratie». Cette réponse pourrait être envisagée comme des appels de phares du gouvernement français au SPD, le parti social-démocrate allemand, opposition à gauche au parti de l’Union Chrétienne Démocrate (CDU) actuellement au pouvoir à Berlin. En effet, le soutien du SPD allemand serait une chance pour François Hollande en peine actuellement avec Angela Merkel sur les sujets européens.

En France, strictement parlant, le terme «social-démocratie» est couramment utilisé par divers mouvements de gauche. Une partie des socio-démocrates, en 1919, rejoignent l’Internationale communiste en 1931. Le parti social-démocrate créé dans les années 1970, était ainsi issu du socialisme. Plus tard, ses membres ont rejoint divers mouvements du centre droit et du centre gauche.

En Allemagne, le SPD fut créé en 1870. À cette époque, il regroupe les travaillistes allemands et une classe ouvrière et artisane. L’idéologie se veut marxiste et le débat portait sur l’amélioration de la condition sociale des travailleurs, en posant la question de réformes démocratiques. Un siècle et demi plus tard, le SPD compte 500.000 adhérents – c’est-à-dire plus que le nombre d’adhérents du Parti Socialiste et l’Union pour un Mouvement Populaire réunis. L’idéologie marxiste a cependant été abandonnée en 1959.

En Angleterre, le Labour party se réclamait, à son origine en 1900, social-démocrate. Il a pris le parti de refuser le marxisme et il défend aujourd’hui l’économie de marché, tout en se réclamant socialiste et pro-européen.

Aux États-Unis, la social-démocratie est associée à l’idée de redistribution, ce qui n’est pas initialement dans la culture américains du fait d’un territoire aux ressources naturelles suffisantes pour tous. Dans une économie résolument libérale, ce terme a donc une connotation généralement négative pour les Américains, à l’image des conservateurs définissant l’Europe de socialiste. Quand Barack Obama a lancé en 2008 la réforme du système de santé et de l’assurance maladie aux États-Unis, une majorité d’Américains a grincé des dents. Aujourd’hui, la proximité du président américain avec ces sujets de société a été un facteur important à sa réélection et le terme de social-démocrate lui a été attribué par certains observateurs politiques.

Un terme qui inspire mais qui ne s’applique pas

La théorie de la social-démocratie est née à peu près en même temps que l’idéologie communiste. À l’époque, l’inspiration de ce courant prenait ses racines dans le Manifeste du Parti Communiste de Marx. Plus tard, Keynes a largement contribué à la diffusion de sa doctrine, en introduisant l’idée d’État-providence, de plein emploi, de redistribution équitable des richesses. Les socialistes ont par la suite repris ces idées et rejeté le principe de révolution violente contre le gouvernement. La  voie «démocratique», basée sur des réformes et sur un consensus social, a été préférée à celle de la lutte des classes, autoritaire.

Aujourd’hui, quand le gouvernement vole au secours des salariés dont l’usine se trouve délocalisée, cette définition semble justement trouver un ancrage dans la réalité. Du moins, en apparence. Les revendications salariales sont rarement satisfaites, et de façon générale, il est impossible à l’État d’aller contre la volonté d’entreprendre, ni de secourir, une par une, toutes les entreprises en difficultés.

D’après Stéphane Rozès, président de CAP, société de conseil en communication et en stratégie d’opinion, «les syndicats et le patronat sont traditionnellement dans la conflictualité, ce qui empêche tout dialogue social constructif. En France, la social-démocratie est un mythe».

Une hypothèse éternelle?

Beaucoup de partis européens se réclament de la social-démocratie, mais la plupart des partis démocrates au pouvoir ne peuvent réformer fondamentalement le système financier déjà en place. On peut l’encadrer, dans une certaine limite, tout en restant dépendant de son propre système.

À l’origine, l’idée de la social-démocratie était de proposer une alternative au capitalisme, reconnu comme ennemi politique. La sociale–démocratie était un fer de lance contre l’ordre établi du fonctionnement économique, semblant suggérer que l’économie, dans sa course, créait des inégalités sociales. Aujourd’hui, la sociale–démocratie s’éloigne de plus en plus du domaine idéologique et s’incarne dans une politique devant s’accommoder aux besoins du marché.

Au début du XIXe siècle, on a voulu façonner la société de l’époque, en accord avec des principes d’égalités et de justes répartitions des richesses. Aujourd’hui, c’est le terme de social-démocratie qui est lui-même façonné, repris, révisé, pour recouvrir une réalité toujours en mouvement.

Une théorie changeant de définition au gré du temps, est-elle toujours une théorie?

 

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