Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Vulnérabilité des enfants fugueurs dans les gares de Delhi

Écrit par Venus Upadhayaya, Epoch Times
18.12.2012
| A-/A+
  • Babu (à gauche) avec quatre autres enfants fugueurs dans un abri monté par la Société pour l’Aide aux Enfants en Situation Difficile (SATHI) à Daryaganj, à Delhi en Inde, le 18 octobre 2012. (Venus Upadhayaya/rédaction d’Epoch Times)

DELHI, Inde – De nombreux enfants tracent leurs chemin à travers les compartiments des trains bondés de Delhi, mendiant de l’argent ou remplissant des bouteilles d’eau vides – pour les plus chanceux. Ils n’ont pas été pris par les courtiers du travail des enfants; ils n’ont pas été vendus dans le quartier rouge de la prostitution ou dans d’autres entreprises illégales.

Des enfants fugueurs des municipalités avoisinantes affluent vers Delhi à la recherche d’une meilleure vie – de meilleurs emplois, l’éducation et l’aventure. Embarquant dans des trains sans ticket, ils arrivent dans les gares les plus bondées de la capitale indienne, exposés à une vie d’une extrême vulnérabilité.

Alors que les organisations non-gouvernementales tentent de les protéger des dangers qui les guettent, beaucoup deviennent des proies et ne retournent jamais dans leurs familles.

«Le flot quotidien des enfants fugueurs… [dans] les gares de Delhi est d’environ 35 à 40», a déclaré Nehal, qui travaille pour l’organisation non gouvernementale, la Société pour l’aide aux enfants en situation difficile (SATHI). SATHI aide les enfants fugueurs de sept gares majeures en Inde, à être réunis avec leurs familles.

Sur les 35 à 40 enfants ayant atterri dans les deux principales gares de Delhi, les nombreuses organisations maintenant la surveillance, ne peuvent en secourir qu’environ 10 à 15 a déclaré Swati Sharma, agent de programme pour SATHI. Il est difficile de tracer tous les fugueurs sur les 16 plateformes bondées de la gare de New Delhi où 375 trains passent quotidiennement.»

«Si une fille atterrit à la gare de New Delhi, c’est encore plus dangereux», a déclaré Sharma. «Si elle n’est pas secourue dans les deux ou trois heures, elle sera extrêmement vulnérable et pourrait être emmenée de force dans la zone rouge toute proche sur la Route GB [Route Garstin Bastion]. Paharganj, très proche de la gare de New Delhi, aussi très connue pour la prostitution et les drogues.»

Le sauvetage

Babu, 13 ans, de la municipalité de Ghaziabad dans l’état Uttar Pradesh a fugué de sa maison pour chercher une meilleure vie à Delhi. A Ghaziabad, il travaillait dans un petit restaurant pour un salaire de 3000 roupies (42,36 euros) mensuel. A mettre au même niveau que le salaire de base minimum de 100 (1,41 euros) roupies par jour pour un travail non qualifié dans l’Uttar Pradesh. 

Le salaire minimum pour un travail non qualifié à Delhi est de 280 roupies (3,95 euros) par jour. Cependant, le déplacement ne s’est pas avéré profitable pour Babu. Les travailleurs de SATHI ont trouvé le garçon sale et affamé dans la gare de New Delhi.

Secourir les enfants des gares de Delhi n’est pas chose aisée. Cela requiert de la patience et de la gentillesse pour convaincre les enfants de se rendre dans les abris de la SATHI. Tous les travailleurs des organisations non-gouvernementales ont des badges d’identification, ainsi les enfants savent qu’ils ne constituent pas une menace. Les enfants ne veulent souvent pas retourner chez eux, ne réalisant cependant pas le danger dans lequel ils se trouvent. 

Dans le cas de Babu, il a été relativement aisé de l’emmener dans l’abri. Il était affamé et s’y est rendu immédiatement. Cependant, il a refusé de divulguer des informations sur sa famille, ainsi, il ne sera pas renvoyé chez lui.

Au cours de la première journée de sa journée avec SATHI, il ne racontait que des mensonges. «Babu a déclaré être originaire du Bangladesh. Il était très renseigné et connaît le Bengali, qui est le langage à la fois de l’état du Bengale de l’ouest en Inde et du Bangladesh et cela l’a aidé à fabriquer un tel mensonge» a déclaré Sharma.

Babu a probablement tiré son histoire d’une ‘œuvre alimentaire’ de Bollywood (film de série B). «Un étranger m’a demandé de l’accompagner pour un parcours en bus en Inde», a déclaré Babu en Hindi. «Il m’a mis de force dans un train et nous avons dormi. Lorsque je me suis réveillé dans la matinée, l’homme n’était plus là. Le lendemain, j’ai atterri à Delhi.»

Il y a quelques années, la famille de Babu a émigré de l’ouest du Bengale vers Gaziabad pour de meilleures opportunités d’emploi. Babu a du travailler depuis son enfance à cause de la pauvreté. Il a perdu sa mère à un très jeune âge et vivait avec son père et sa belle-mère.

  • Babu (à gauche) avec quatre autres enfants fugueurs dans la salle d’activités éducative de la SATHI à Dayagani, Delhi, le 18 octobre 2012. (Venus Upadhayaya/Epoch Times Staff)

En lui demandant s’il avait été à l’école, il a répondu avec un visage triste: «Vahi tho (c’est pourquoi je suis comme cela)!». Les travailleurs de l’ONG ont éprouvé des difficultés à expliquer Babu les dangers de la vie dans les gares de Delhi ou dans les rues, mais finalement, ils ont fait passer le message. Babu a pu être retour dans sa famille, l’organisation l’a suivi une semaine plus tard et découvert qu’il était resté chez lui.

Il n’est pas facile de retrouver les familles avec de nombreux enfants. Souvent, un enfant ne connaît pas son adresse ou le numéro de téléphone de ses parents. Certaines familles sont très pauvres et n’ont pas de téléphone.

Dans de tels cas, des organisations comme SATHI travaillent avec la police. «Dans de nombreux cas, nous accompagnons aussi physiquement l’enfant à travers la localité, les voies et les terres que l’enfant mentionne alors qu’il est conseillé, comme un puits, un gros arbre, un temple, etc. La vie d’un enfant est très précieuse, et nous pensons que la famille est le meilleur endroit pour qu’un enfant grandisse», a déclaré Sharma.

Si une famille n’est pas repérée, l’enfant est renvoyé au Comité de Protection de l’Enfance (CWC), créé dans chaque district en vertu de la loi sur la Justice pour les mineurs. Le CWC tente à nouveau de localiser la famille de l’enfant ou confie ce dernier aux bons soins des organisations non-gouvernementales.   

La vie des fugueurs à Delhi

De nombreux enfants qui ne sont pas secourus continuent à vivre dans les rues ou dans les gares. Sharma estime qu’actuellement 50 à 60 enfants vivent en permanence dans les gares de New Delhi et d’Old Delhi.

«Ils dorment dans la gare, se lèvent au matin et prennent des bouteilles en verre ou en plastique usées, les vendent au marchand de ferraille et rentrent à la gare à la nuit», a déclaré Sharma.

La plupart de ces enfants prennent un petit déjeuner dans un abri dirigé par une autre organisation non gouvernementale, Salam Balak Trust. Ils y regardent aussi la télévision et ont le droit à une aide médicale si nécessaire. Avant de rentrer à la gare, ils vont voir généralement des films de Bollywood, nouvellement sortis.

Nombre d’entre eux, mangent de la nourriture supplémentaire déposée par des trains à longue distance. Certains sont devenus dépendants à certaines substances, en particulier l’inhalation de correcteur de stylo liquide parce que c’est le plus abordable. Les enfants sont souvent battus par les policiers.

«Selon les lignes directrices de la Commission nationale pour la protection des droits de l’enfant, il ne devrait pas y avoir d’enfants dans les gares. Puisque cela n’est pas appliqué, Khusboo Jain, un activiste a envoyé une pétition à la Haute Cour de Delhi», a expliqué Sharma. «Le seul moyen que la police a trouvé pour la mettre en application était de battre les enfants, de bruler leurs couverture et les draps de lit et de les effrayer afin qu’ils fuient la gare.»

Après avoir été battus, les enfants ont trouvé de nouveaux endroits pour dormir dans les rues, achètent de nouvelles couvertures et quelques jours plus tard, reviennent dans les gares. La réinsertion de ces enfants est difficile, puisqu’ils se sentent souvent satisfaits de leur style de vie insouciant dans les gares. Ils ne se sentent jamais seuls, puisque les gares sont toujours pleines de gens et ils se lient d’amitié les uns les autres.

Version anglaise: Runaway Children Vulnerable in Delhi Railway Stations

Epoch Times est publié dans 35 pays et dans 19 langues

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.