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Raphaël, peintre de la grâce, de l’harmonie et de la beauté

Écrit par Michal Neeman Bleibtreu, Epoch Times
22.12.2012
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  • Raphaël, Portrait de femme, dit La Donna Velata, vers 1512-1518. Huile sur toile. H. 82 ; l. 60,5 cm. Florence, Galleria Palatina, Palazzo Pitti, inv. Pal. no. 245. (2012 Photo Scala, Florence – courtesy of the Ministero Beni e Att. Culturali)

Raphaël, oui mais lequel? Le dessinateur, le peintre l’architecte?

Delacroix disait que le simple nom de Raphaël «rappelle à l’esprit tout ce qu’il y a de plus élevé dans la peinture». Certes, son nom évoque la grâce, l’harmonie, la beauté, la mesure manifestée dans la précision du trait aussi bien que dans la répartition des couleurs: ce qui permettra, des siècles plus tard, de reconnaître son ouvrage dans les tableaux accomplis par ses assistants.

Le musée du Louvre nous propose une rencontre avec Raphaël, le peintre accompli dans ses dernières années. C’est Raphaël, peintre submergé de commandes, qui confiera l’achèvement de ses oeuvres à ses assistants et aux collaborateurs de son grand atelier fourmilière. Cette fois-ci, le Louvre met au cœur de l’exposition non seulement l’œuvre du maître, mais surtout il met en lumière la part accomplie par ses élèves.

L’exposition, dont l’un des propos majeurs est de répondre aux questions et aux doutes soulevés par la collaboration du peintre avec ses assistants, présente également Raphaël, le grand maître, qui, à l’âge de 27 ans, devint aussi célèbre que De Vinci et Michel Ange et laissera son empreinte sur la peinture classique dans le monde entier.

   

  • Raphaël, Portrait de Bindo Altoviti, vers 1516-1518. Huile sur bois. H. 59,5 ; l. 43,8 cm. Washington, National Gallery of Art, Samuel H. Kress Collection, 1943.4.33. (Image courtesy of the National Gallery of Art, Washington)

La naissance d’un peintre à l’image de son époque

Raphaël est né à Urbino en 1483. Son père Giovanni Santi, peintre lui-même, possède le plus grand atelier d’Urbino. Il sera le premier maître de son fils, mais surtout celui qui lui inculquera l’amour de l’humanisme. À l’âge de 11 ans, Raphaël est orphelin de père et de mère, ses dessins ont une maturité étonnante et son génie est déjà incontestable. Sa formation ne s’arrête pas et pour lui, c’est aussi l’occasion de partir et de découvrir ce monde moderne en pleine évolution raconté par son père et si bien reflété dans ses œuvres. En 1500, il part en Ombrie, auprès de Pérugin, dont l’influence se manifeste dans ses œuvres. Cette même année, il a 17 ans et reçoit déjà le titre de magister. Il devient donc maître lui-même et signe son premier contrat. La réalisation du retable d’autel représentant le triomphe de Saint-Nicolas de Tolentino sur le diable lui apporte la reconnaissance de la Citta di Castillo. Le succès est immédiat et les commandes se succèdent. À 21 ans,  Raphaël est arrivé à une maturité qui fait que le disciple surpasse le maître. Il demandera à la fille du duc d’Urbino une lettre de recommandation qui lui ouvrira les portes de la capitale culturelle d’Italie, Florence. Le chemin du futur géant de l’art est tracé. À Florence, il découvre les traits qui dessinent son époque, Giotto, Fra Bartolomeo, Masaccio, Botticelli, Lippi et enfin De Vinci et Michel-Ange, les deux rivaux qui mènent une bataille de styles. Ils auront tous deux une influence sur l’œuvre de Raphaël qui saura fusionner et perfectionner leur style. Car Raphaël prend le meilleur de tous ses maîtres et le réinvente génialement. Avec la plus haute autorité de Florence à ses côtés, les commandes ne tardent pas à venir et bientôt Raphaël devient un artiste jouissant d’un grand renom. À Florence, il exécutera une série de madones comme La belle Jardinière, Les Trois Grâces, Saint-Georges, des portraits et des fresques. Sa route ne se termine pas là. Il lui reste encore une ville à conquérir pour laisser son nom à la postérité, et c’est Rome. Raphaël vise Rome juste au moment où le pape Jules II décide d’unifier la Rome antique et la Rome moderne. C’est à cette époque que les fouilles archéologiques et la restauration connaissent leur essor. Les anciens principes de la beauté intemporelle resurgissent de la terre après des décennies d’oubli et de refoulement par le christianisme. La Rome moderne met en valeur la capitale de l’ancien empire, pour revisiter la gloire du passé et redevenir le nouveau centre de l’Occident. En 1509, à l’âge de 25 ans, Raphaël est convoqué à Rome, certainement après la recommandation du Duc d’Urbino. Jules II avait, depuis peu, annoncé un nouveau projet concernant les appartements à l’étage supérieur du Vatican et il voulait une réalisation moderne. C’est à Raphaël qu’il décide de confier la mission. C’est à cette période qu’il devient responsable de fouilles archéologiques et analyse les différentes strates de l’Antiquité.

  • Raphaël, Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean Baptiste et sainte Anne, dite La Perla, 1519-1520. Huile sur bois. H. 147,4 ; l. 116 cm. Madrid, Museo Nacional del Prado, P-301. (Museo nacional del Prado, Madrid)

Ces dernières années qui l’ont inscrit dans la postérité

C’est aussi à cette époque-là que la présente exposition se dédie. Les sept dernières années dans la vie de Raphaël, phase où il orchestre la réalisation de la basilique Saint-Pierre, des fresques dans le Vatican, des retables, des tableaux de la Sainte Famille, mais aussi des portraits. Il prépare les croquis, les idées, les concepts et ses assistants les réalisent. Dans les grandes fresques, il développe un langage dramatique, plein d’expression. Ces grands décors seront ses œuvres les plus novatrices: L’Incendie du Bourg, L’École d’ Athènes et La Transfiguration qui sera achevée par ses assistants après sa mort. Pour les portraits sous commande, il laisse son élève Giulio Romano en réaliser la plus grande partie, alors que le maître s’occupe de l’expression du visage: tel est probablement le cas du portrait de Dona Isabel de Requesens. La chevelure semble suspendue de façon artificielle et la transition entre les éléments est indiscrète alors que le visage a la grâce du pinceau du maître. La Sainte Famille avec le petit Saint-Jean, dite aussi La Madone à la rose, est une peinture considérée comme provenant entièrement de la main du maître. L’harmonie, la combinaison des couleurs, la psychologie de l’expression des personnages font de ce tableau une œuvre remarquable. La tragédie se déclare déjà sur le visage de la Vierge, éclairée d’une lumière délicate et chaude en contraste avec la couleur froide de son voile, l’allure de Saint-Joseph, sérieux et pensif se manifeste rarement en gros plan, comme dans ce cas. L’inquiétude de l’un et la compassion de la mère survolent les sourires des enfants, ce qui donne à la scène une profondeur dramatique nuancée. Bien que Raphaël se consacre surtout aux grands décors, il ne délaisse donc point ses tableaux de dévotion privée tel encore celui de La Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean Baptiste et sainte Elisabeth, surnommé par Philippe IV d’Espagne La Perla – la perle de sa collection. La douceur et la tendresse du visage de la Vierge sont mises en valeur par le contraste des draperies de son habit qui passe du rose pâle dans les parties éclairées au rouge dans les parties ombrées. Les plis et les ondulations de l’habit confèrent une dynamique et mettent en relief la pureté du visage de la Vierge. Le bleu de son manteau suggère la spiritualité et est lié à la divinité de l’enfant, la richesse de la palette, la disposition et la fusion de quatre figures dans l’espace dense, le travail nuancé et harmonieux des couleurs ainsi que la lumière mystique du paysage rapprochent cette peinture de La Transfiguration. Certes, ce tableau est considéré comme l’une des œuvres les plus accomplies de Raphaël, même si une partie a été réalisée par Giuliano. L’œuvre est estimée datée de 1519-1520, la dernière année de Raphaël. Dans Sainte Cécile, les instruments de musique terrestres sont délaissés et écrasés par terre au profit d’un chœur céleste peint juste au-dessus et auquel s’adonne Sainte Cécile.

Des portraits qui mettent en relief la part intime du peintre

Mais non moins étonnants dans leur innovation, sont les portraits d’amis d’où se dégagent à la fois une profondeur psychologique et une tendresse unique, un regard intime, une action interrompue et figée pour l’éternité. Parmi ses portraits, celui de Bindo Altoviti, un banquier florentin proche de plusieurs artistes de l’époque. Le banquier est peint de dos et tourne vers nous un regard doux et défiant à la fois, la main posée sur la poitrine vers l’épaule. Le fait d’être pris de dos évoque une intimité surprenante mais non désagréable pour le spectateur. Un autre portrait remarquable par sa simplicité est le portrait de son ami, le grand humaniste Baldassare Castiglione, que Raphaël a réalisé avec un trait de sanguine d’une main de virtuose. Cette œuvre est considérée comme l’une des plus remarquables de la Renaissance. Avec les couleurs gris, taupe et blanc sur un fond uni et sombre, il transmet une chaleureuse relation qui dépasse le moi social de Castiglione. Un portrait non moins remarquable et, peut-être encore plus extraordinaire, est celui de La Velata. Certainement le plus beau et le plus harmonieux de tous les portraits de femme devant lequel le spectateur reste ébloui, étourdi face à cette splendeur. Le regard doux, la main posée sur le cœur évoque une intimité, voire une complicité. Le portrait est fait avec un grand amour pour la beauté, celle de la femme est aussi époustouflante que celle de son étoffe, à tel point que l’on a l’impression d’entendre le froissement des plis, le mouvement des ondulations, le claquement du collier qui orne le cou, tendre et pur. À cette impression de pureté, s’ajoute le voile qu’elle porte et qui l’associe à la Vierge, ses vêtements riches et son regard silencieux, plein de tendresse, l’associent également à la Madone. Raphaël se concentre sur l’expression du visage, la texture des vêtements, et les couleurs qui restent dans les tons clairs, blanc, beige et doré, attribuant à son sujet une allure noble et modeste tout à la fois, finissant par la rendre somptueuse. En effet, il s’agit de Marguerita Luti, fille d’un boulanger, amante inséparable de Raphaël. Selon les témoignages après la mort de Raphaël, elle se retirera dans un couvent pour y trouver la mort peu de temps après.

Raphaël est le premier et l’un des rares artistes à avoir connu la gloire de son vivant. Les chefs-d’œuvre réunis lors de l’exposition marquent l’apogée de la Renaissance. Maître de la mesure, du parfait équilibre et de l’harmonie, ainsi que du sens de la narration et du drame, Raphaël a laissé à la postérité l’exemple incontestable de la beauté.

Et, comme pour confirmer tout cela, un dessin de Raphaël, un apôtre dessiné à la craie noire, s’est vendu chez Sotheby’s pour plus de 42 millions de dollars mercredi dernier à Londres. Il s’agirait de l’un des plus importants dessins de Raphaël, extrait de La Transfiguration.

Informations pratiques:

Exposition Raphaël, les dernières années, à voir jusqu’au 14 janvier 2013

Adresse: Musée du Louvre, 75058 Paris - France.

Métro: lignes 1 et 7, station Palais-Royal/musée du Louvre

Téléphone: + 33 (0)1 40 20 53 17

Horaires: Ouvert tous les jours de 9h à 18h sauf le mardi. Nocturnes jusqu’à 21h45 le mercredi et le vendredi

Fermetures: Les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre

 

 

 

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