Depuis ces cinq dernières années, la disparition d’espèces de cétacés dans la mer noire préoccupe les scientifiques, elle serait due selon eux à la surexploitation des réserves de poissons. Et, plus particulièrement le déclin des marsouins de la mer noire est bien réel, surtout au cours de ces cinquante dernières années, ils sont actuellement au bord de l’extinction. Une étude vient d’être réalisée et publiée par une équipe internationale de chercheurs : Michaël Fontaine et Frédéric Austerlitz du laboratoire Eco-anthropologie et ethnobiologie, du CNRS de l’Université Paris Diderot et Alodie Snir de l’Université Paris- Sud/CNRS. Ces recherches ont été menées en collaboration avec des scientifiques des Universités de Grèce. Ensemble, ils ont tenté de reconstituer l’histoire des marsouins de  la mer Noire, ceci grâce à la génétique de ces populations. Cette étude vient d’être publiée dans la revue scientifique PNAS.

La chasse aux petits cétacés perpétrée jusqu’en 1983

La population des marsouins s’est réduite de 90% durant ces cinquante dernières années, c’est ce que montrent les auteurs de l’étude. La réduction de cette population est en lien avec une chasse non retenue envers les cétacés. Puis une décision a été prise pour assurer le contrôle de cette chasse et la protection des animaux marins.

Ainsi, après une période prolifique, les auteurs montrent que cette population a connu une réduction massive de ses effectifs, de l’ordre de 90% et ceci durant ces cinquante dernières années. Cette diminution coïncide avec la chasse aux petits cétacés perpétrée jusqu’en 1983, date à laquelle tous les pays entourant la mer Noire ont consenti le moratoire sur cette chasse. La Convention internationale pour la Réglementation de la chasse aux cétacés, avait été décidée en 1982 par la Commission, la décision fût prise que le nombre de cétacés tués dans le cadre d’une chasse commerciale devrait être de zéro.

Associée à la surexploitation des stocks de poissons par les pêches commerciales de cette époque, cette chasse aux prédateurs est supposée avoir déclenché des perturbations majeures observées dans la structure de l’écosystème de la mer Noire, incluant entre autres l’explosion d’algues toxiques et le crash des stocks de poissons.

Analyse méthodique de la génétique des marsouins

Par cette étude, les chercheurs ont analysé la diversité génétique des marsouins de la mer Noire. Le marsouin est l’un des principaux prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire de cette mer et à l’aide d’une approche systématique, ils ont permis de reconstituer les changements de taille de la population au cours des temps historiques. Ils ont vu que dans les années passées cette population avaient connu une forte croissance, cette période coïncide à celle de la dernière époque glaciaire. En effet, il y a environ 8000 ans, la Méditerranée était connectée à la mer Noire, et ce développement serait associé au plaisir des marsouins de coloniser ce nouvel environnement. Cette hypothèse provient de l’analyse génétique de l’ADN (nucléaire et mitochondrial) de la population actuelle des marsouins de la mer Noire.

Avec ses 170 centimètres, le marsouin commun figure parmi les plus petits cétacés  et  les plus répandus dans le monde, mais aussi en Méditerranée. Le marsouin est de couleur bleu noir sur le dessus et blanc sur le dessous. Son alimentation est constituée de poissons, de seiches et de calamars. C’est aussi un très bon nageur et bon un plongeur, il peut rester jusqu’à 6 minutes en profondeur s’il poursuit une proie.

De plus, les prises accidentelles dans les engins de pêche constituent la plus importante menace à laquelle doit faire face le marsouin commun. Maintenant, l’interdiction des pêches aux poissons de fond dans de nombreux secteurs d’habitat du marsouin commun a toutefois diminué considérablement l’ampleur de cette menace.

Cette étude montre donc comment la génétique des populations peut contribuer à une meilleure compréhension des mortalités induites par les pêches et à une meilleure caractérisation de la dynamique d’un écosystème fragile. Cette étude illustre également comment la génétique des populations peut complémenter d’autres approches comme la spécificité des écosystèmes.

La mer Noire tire son origine de la dernière glaciation

Il y a 8000 ans la mer Noire, était alors un lac d’eau douce inondé par la Méditerranée. Cette histoire, serait celle du Déluge, celui de la Bible et de l’Arche de Noé selon William Ryan et Walter Pitman, professeurs à l’Observatoire de La terre Lamont-Doherty de l’Université De Colombie et experts en géologie marine. Ainsi, les chercheurs et géologues disent que cet événement était lui-même la conséquence de la montée du niveau de la mer à la fin de la dernière glaciation, il y a quelque 11 000 ans. Selon eux, «il faut se représenter l’ampleur de la catastrophe, en imaginant la rupture d’un barrage géant libérant des forces quatre cents fois plus importantes que celles générées par les chutes du Niagara! Le torrent a creusé une énorme entaille à l’extrémité orientale du fond de la mer Noire».

En effet, de récentes données soutiennent l’hypothèse de W. Ryan et W. Pitman, elles sont suffisamment consistantes pour nous persuader de la réalité géologique de l’inondation de la mer Noire. Dans les Dardanelles, passage reliant la mer Egée à la mer de Marmara, le courant de surface va de la mer Noire vers la Méditerranée, mais les profondeurs ont gardé la mémoire de cette grande inondation. Car, les eaux circulent en sens inverse. Les marins connaissent depuis longtemps ce contre-courant, il suffisait pour eux d’immerger un filet plombé qui était pris brusquement par le flux profond et entraînait le bateau en sens inverse. Ainsi, dans les profondeurs c’est comme un fleuve d’eau salée qui s’écoule dans la mer Noire. Ce phénomène a été découvert dès 1961 par le navire océanographique nommé « le Chain » un bateau scientifique de l’Institut du Massachusetts, mais, ce phénomène n’avait pas été compris sur le moment.

Une mer particulière, exceptionnelle, très européenne

La mer noire est très particulière, elle est en plus alimentée d’eau douce par le Danube. Le Danube qui possède une masse d’eau non maritime, la plus importante d’Europe. Et, annuellement ce sont 350 kilomètres cubes d’eau douce qui sont déversés du Danube dans la mer Noire, dans un bassin de 2 millions de kilomètres carrés. Ainsi ce fleuve et les mers intérieures contigües représentent des caractéristiques uniques de cette hydrométrie européenne qui s’étale sur un tiers de la superficie de l’Europe continentale. De sorte que le Danube est le fleuve le plus international du monde, il demande une action coordonnée permanente. Le Danube constitue une liaison entre l’UE, la région des Balkans et la mer Noire.

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