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Québec, échappée dans le grand blanc (2e partie)

Écrit par Christiane Goor
04.02.2012
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  • Quiétude d’une vie au ralenti en hiver sur la baie de Gaspé.(攝影: © charles Mahaux / about this image please contact : Mahaux Photography, Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM ; charles@mahaux.com)

Pourquoi ne pas se laisser tenter par la magie de l'hiver québécois? Oubliées, les heures passées sur les autoroutes pour atteindre des stations de montagne encombrées ou encore à faire la file pour emprunter les remonte-pentes! Au Québec, on ne se sent jamais à l'étroit dans ces vastes territoires noyés de neige de novembre à avril. Exemple avec la péninsule gaspésienne qui offre une avalanche de plaisirs à vivre en toute convivialité.

Les aubergistes de l’hiver

Bûcheron de son état, Eric a construit une auberge en bois rond, posée au bord d’un lac serti dans un écrin d’épinettes. Chaque jour, accompagné de son chien, il parcourt son vaste domaine forestier où il a tendu près d’une centaine de ponts suspendus qui sont autant de sentiers aériens offrant des points de vue insolites sur la forêt appalachienne. Il vit en symbiose avec l’hiver qu’il savoure parce qu’il le connaît et il partage volontiers sa passion avec le voyageur qui ne craint pas de l’affronter.

Chausser des raquettes traditionnelles en bois de mélèze et treillis en fines lanières de cuir ou en fibre plastique plus légère, c’est en quelque sorte enfiler la peau d’un coureur de bois et s’offrir une expérience unique dans la neige profonde sans s’y enfoncer jusqu’à la taille. Au fil des enjambées, le froid intense qui, tout à l’heure, serrait son étau disparaît comme par enchantement. On se faufile aisément au cœur du sous-bois. La poudreuse s’envole des branches d’arbres pour rejaillir en poussière d’or blanc. Dans une clairière, Eric a tôt fait de rassembler du bois mort et rapidement, il dresse un feu au milieu du champ de neige. Il sort ensuite deux pommes de sa besace qu’il enfile au bout d’une tige et les fait dorer au-dessus de la flamme ondoyante. Un instant de bonheur intense et délicieux à goûter l’intimité de la forêt, à l’écoute du silence: une branche qui craque, un paquet de neige qui glisse d’un sapin trop chargé, un harfang qui s’envole, le chien qui détale.

De retour à l’auberge, ravi mais fourbu par la longue marche, chacun quitte ses après-ski qui vont sécher auprès du poêle qui crépite. On se retrouve autour d’une belle tablée: soupe fumante et saumon préparé au sirop d’érable. C’est Chantal, l’épouse d’Eric qui officie en cuisine et on se laisse aller aux confidences. Les soirées d’hiver sont bavardes, l’occasion d’en apprendre davantage sur l’art d’apprivoiser cette longue saison. Eric explique ainsi les plaisirs du pêcheur qui creuse des trous dans la glace qui a figé le lac. Assis sur un tabouret de fortune, il plante au bord de chaque trou une tige en forme de Y, comme une fronde d’enfant qui retient une canne à pêche. Quand celle-ci bascule, c’est que le poisson a mordu. Ailleurs, sur la batture gelée à hauteur de Rimouski, les pêcheurs s’abritent dans des petites cabanes en bois qu’ils déplacent au gré de leur pêche. Une faille taillée dans le plancher permet d’immerger plusieurs lignes prêtes à l’emploi. Chaque week-end, la pêche devient un joyeux prétexte pour satisfaire un sens inné de la fête. D’une cabane à l’autre, surchauffée par des poêles à bois, on se visite, on se rencontre, on se congratule, surtout quand on parvient à faire un coup double en ferrant aux hameçons deux poissons à la fois.

Au pays des fantômes

Le fameux scooter des neiges est une autre expérience. Inventé au Québec en 1942, il fait l’orgueil de l’industrie québécoise et personne n’imagine vivre l’hiver à la campagne sans ce fabuleux traîneau des temps modernes. Des milliers de kilomètres de sentiers aménagés attendent les aventuriers qui rêvent d’une grande boucle en pleine nature, jusqu’à des sites inaccessibles en voiture durant l’été. Chacun enfile une chaude combinaison, des moufles, des bottes et un casque intégral pour partir au volant de son véhicule rutilant. Après quelques essais, les véhicules foncent en file indienne vers l’inconnu qui porte aujourd’hui le joli nom de montagne St-Pierre. 

Les moteurs grondent, déchirant le silence matinal, les chenillettes mordent la neige projetant derrière elles des éclats de glace. Très vite chacun a pris la mesure de sa machine: tenir son cap, chasser dans les virages, épouser les mouvements du ski-doo, mettre les gaz en montée… Au fil des kilomètres, la conduite devient plus sportive. A vive allure, les motoneiges filent sur des sentiers balisés mais il faut parfois baisser la tête pour se glisser sous des tunnels de branches alourdies par le poids de la neige fraîche. Quand on lève le nez du guidon, la nature fait son cinéma. C’est que l’hiver pèse sur la forêt, il s’insère jusqu’au cœur des épinettes dont les pieds sont ensevelis sous une épaisse couche de neige. Les rivières ont ralenti leur course et les lacs gelés étirent leur toile, uniformément blanche. Parfois, dans la poudreuse, surgissent des traces d’animaux qui se perdent dans les sous-bois. 

Quand la piste s’engage sur une côte abrupte, la chenille des machines laboure la neige et soulève un nuage de poudreuse en s’élançant vers le sommet. Peu à peu le panorama se dégage, on devine qu’on atteint enfin le but de l’étape. Soudain la route s’ouvre, droite et tendue vers la crête. Les motoneigistes ralentissent, impressionnés par une armée de sapins rabougris engoncés dans un carcan de glace qui barrent les côtés de la piste. Là-haut, le blizzard souffle et ces centaines de bonhommes de neige gelés dodelinent doucement de la tête à notre passage. Sur le plateau, une haute tour de télécommunication, hérissée d’antennes et de paraboles entièrement givrées semble figée pour l’éternité au cœur de ce vaste site surréaliste. Les moteurs se sont tus et un grand silence drapé d’immortalité pèse sur ce décor de fin du monde. Chacun se sent à son tour pétrifié devant tant de beauté cristalline.

La descente vers la vallée se fait en douceur, l’esprit vagabonde, encore ébloui par la vision d’apocalypse saisie au sommet de la montagne. Magie de l’hiver qui jour après jour dessine de nouveaux paysages. Les scooters slaloment encore longtemps dans les forêts de bouleaux et de conifères. Avec le jour qui décline, le froid s’intensifie et la lumière s’est étalée en une gerbe dorée qui allongent les ombres. Sous la lueur des phares, les reflets de la neige hypnotisent le regard qui s’engourdit. Soudain, au détour du sentier, une tache lumineuse déchire les pans de brume qui noient peu à peu le chemin. L’appel du chalet en bois rond est irrésistible. Chacun accélère et c’est en éventail que les motoneiges glissent vers ce carré de lumière rayonnante. Rêve de bûches qui crépitent dans l’âtre, d’un verre d’alcool de caribou, doré et rugueux sur la langue, d’une soirée conviviale bercée par les accents rocailleux du pays. Ivre de grands espaces, le voyageur s’en retournera, de la neige et des émotions plein la tête. A coup sûr!

Infos pratiques

Pour en apprendre davantage, deux sites incontournables: bonjourquebec.com/fr et www.quebecmaritime.ca. Des infos complémentaires autour des parcs accessibles en hiver: www.quebecmaritime.ca/parcgaspesie et www.quebecmaritime.ca/parcbic

Se loger: Chaque parc offre des possibilités de logement comme le Gîte du Mont Albert (www.sepaq.com) dans le parc de Gaspésie, réputé pour sa table gastronomique, ou encore ailleurs des petites cabanes, des tentes-roulottes, des yourtes qui permettent d'admirer le ciel étoilé depuis le dôme de la voûte. Le Village Grande Nature Chic-Chocs est un autre endroit de villégiature exceptionnel. Situé à environ 400 mètres d'altitude, il est dominé par la chaîne de montagnes des Chic-Chocs. Eric et Chantal offrent la possibilité de séjourner dans la plus grosse auberge en bois rond dans l'Est du Québec et de goûter aux plaisirs de l'hiver dans la Forêt de Maître Corbeau www.quebecmaritime.ca/domainevalga. Autre cadre naturel exceptionnel pour le Pohénégamook Santé Plein Air, proche d'un ravage www.quebecmaritime.ca/santepleinair. Si vous préférez le charme d'un petit hôtel au cœur de villages en bord de mer, www.seigneurie-des-monts.com à Sainte-Anne-des-Monts ou encore www.gitescanada.com/lanormande à Gaspé.

Les activités: chaque centre vous fournira le matériel nécessaire à la pratique des activités hivernales. Toutefois, si vous êtes un passionné de ski de fond, n'hésitez pas à joindre la Grande Traversée de la Gaspésie qui aura lieu du 18 au 26 février 2012 sur des kilomètres de sentiers damés  www.quebecmaritime.ca/grandetraversee.

Si vous souhaitez vous offrir une journée ou plus en motoneige, adressez-vous à Steve Gaudreau, d'excellents conseils, qui pourra vous guider vers la montagne St-Pierre dans le territoire de la rédemption www.pandaaventures.com. Retenez que pour louer un ski-doo il faut avoir 21 ans, présenter un permis de conduire et une carte de crédit pour la caution. Tout l'équipement est fourni par le loueur de votre randonnée, ceci n'exclut pas des sous-vêtements chauds, une cagoule, des gants en soie et des lunettes. Des voyagistes: Circuits sur mesure proposés par l'agence online www.canadapassion.com, tél: +32 2 347 1096. Vacances Transat au départ de Paris propose des formules de séjour. Renseignements et réservations 0 825 120 248 et www.airtransat.fr ou dans votre agence de voyages. De même avec Jetset Voyages www.jetset-voyages.fr 01 53 67 13 00. Pour un vol sec sur Montréal, Air Transat est aussi une belle formule à prix doux.

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