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L’Istrie, toute la douceur de l’Adriatique

Écrit par Christiane Goor
19.03.2012
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Mosaïque d’héritages

À la proue du vieux continent sur la mer Adriatique, l’Istrie a sans doute servi de champ de batailles ou d’objectif stratégique pour les grands empires qui se sont partagé l’Europe depuis l’Antiquité. Toutefois, elle a chaque fois reçu en guise de dot un magnifique trousseau, offert au fil des siècles par Rome, Byzance, Venise et Vienne.

  • La petite ville médiévale de Groznjan(攝影: @ Charles Mahaux / for any information about this image please contac: Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM - charles@mahaux.com)

Presque à la pointe sud de la péninsule s’ouvre une baie paisible cernée d’oliviers, de cèdres et de mimosas : un coin de paradis que les Romains envahissent pour y fonder une colonie, Pula, qui deviendra un centre commercial de premier plan. Entre aqueducs et bains publics, portes monumentales et temples soutenus par des colonnes corinthiennes, la cité regorge de vestiges de cette époque, mais le plus impressionnant est l’amphithéâtre qui domine le port, un des plus beaux encore debout. Quand les flots lumineux du soir ou du matin se déversent par les 72 arches ouvertes sur le ciel bleu, les pierres érodées blanches et ocre semblent s’animer et réveiller la colossale fragilité d’un géant qui pouvait accueillir près de 20 000 spectateurs avides de combats de gladiateurs.

Au large de Pula s’égrènent la douzaine d’îlots de l’archipel des Brijuni aujourd’hui classé parc naturel. Des centaines de biches y gambadent en toute liberté, à peine effrayées par les rares touristes qui choisissent de s’y égarer en dehors des caravanes organisées. L’occasion de remonter le temps en flânant au cœur des vestiges d’une grande villa romaine envahie par les pins et les cyprès ou encore d’un ancien Kastrum byzantin cerné de murailles blanchies par la luminosité saline. De crique en crique baignées par une eau d’un bleu intense, on en vient à oublier que le maréchal Tito avait fait de ces îles sa résidence d’été où il aimait à recevoir, dans un volontaire dépaysement, les têtes couronnées et les nouveaux riches éblouis par la beauté naturelle du site.

Cap sur la côte

Contrée de vignes et de vergers, truffée d’abris et de myriades d’îles, la côte déroule son littoral jalonné de plages couvertes de pins parasols et de petits ports pittoresques qui rappellent l’Italie. C’est que Venise est à portée de rames et elle a marqué de son empreinte ce territoire qui lui a donné le vin, l’huile d’olive et surtout les chênes dont elle avait besoin pour consolider sa ville bâtie sur des pieux. Aujourd’hui, l’Istrie fleure bon l’Italie et tout le monde parle cette seconde langue qui s’affiche sur les panneaux de signalisation.

  • L’amphithéâtre romain de Pula(攝影: @ Charles Mahaux / for any information about this image please contac: Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM - charles@mahaux.com)

Posé sur une presqu’île, le port de Rovinj tourne vers la mer ses jolies façades aux teintes chaudes. Hautes et étroites, les maisons s’appuient les unes sur les autres dessinant un dédale de venelles qui s’entortillent entre des passages voûtés, se recoupent et s’enlacent sous le regard figé de lions ailés. Des grappes de linge sèchent aux fenêtres, des nonnas en noir s’interpellent d’une croisée à l’autre, des chats somnolent sur le perron des maisons. Deux mille ans de patine ont érodé les gros pavés ronds qui mènent vers le sommet de la colline, là où se dresse une cathédrale dont l’élégant clocher semble sorti tout droit de la Cité des Doges. Là-haut, la vue se dégage vers un horizon bleuté qui rappelle que la mer est omniprésente avec son clapotis au pied d’un escalier ou au bout d’une impasse, avec sa jetée installée au fond d’une anse où dansent voiliers, yachts de plaisance et barques de pêcheurs.

D’un port à l’autre, la dolce vita rythme la vie des habitants, à peine balisée par le tintement des cloches des campaniles qui ont germé sur cette terre. À Poreč, la vision panoramique saisie du haut de la tour dessine les contours d’une ville dont les toits de tuiles rouges dévalent en cascade jusqu’à la plaine tapissée de vignes et d’oliviers qui grimpent sur les contreforts verdoyants de l’arrière-pays. De l’autre côté s’étire à perte de vue une mer cristalline parsemée d’îlots qui sont autant de perles vertes. Les bateaux-taxis rouges et blancs, les paquebots et les chalutiers glissent doucement en creusant un sillon bleu frangé d’écume. Parcourir la petite cité d’un quartier à l’autre, c’est un peu comme tourner les pages d’un livre d’histoire. Deux rues tracées par les Romains et encore pavées de marbre érodé traversent la ville de part en part. Longées de maisons romanes, de demeures gothiques et de palais baroques, elles racontent un Moyen Âge cossu et commerçant. Des places aux arcades très italiennes, des tours vénitiennes, un forum romain, autant de souvenirs d’un passé animé. Toutefois, le véritable joyau de Poreč est sa basilique euphrasienne, magnifique témoignage de l’art byzantin dont les mosaïques réalisées sur fond d’or sont un chef d’œuvre de finesse qui n’est pas sans évoquer le coup de pinceau des pointillistes plusieurs siècles plus tard.

  • Certains édifices à Porec(攝影: @ Charles Mahaux / for any information about this image please contac: Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM - charles@mahaux.com)

Savoureux mélange que l’Istrie, terre de métissage qui laisse rêveurs ceux qui n’hésiteront pas à parcourir en une journée les paysages verdoyants de l’arrière-pays, loin de la chaleur du littoral pour y revenir à l’heure du couchant quand la brise du soir allonge les flâneries paresseuses sur le port des vieilles cités. Images paisibles d’un quotidien sans façon que les Croates partagent volontiers avec l’étranger.

Informations : auprès de www.croatia.hr

Y aller : L’Istrie, ses stations balnéaires, ses coteaux ensoleillés et ses cités historiques sont facilement accessibles en voiture, plus proches des frontières de la France que ne le sont l’Espagne et sa Costa del Sol. À peine 1200 kilomètres qui peuvent se franchir en une étape pour les plus pressés, mais l’occasion est trop belle pour ne pas profiter d’une halte au cœur des paysages tapissés de vignobles de Franconie, ou encore dans les Alpes bavaroises, entre lacs et châteaux, ou même en Italie ou en Autriche, là où la montagne sert d’écrin aux habitants. Comme le temps est toujours compté sur la route des vacances, autant choisir de s’arrêter dans une auberge confortable qui distille une âme en harmonie avec le site où elle est implantée. Les maisons de la chaîne des Romantik Hôtels&Restaurants (www.romantikhotels.com) qui ne sont jamais loin des grands axes autoroutiers répondent à ce double critère. C’est en 1972 que plusieurs hôteliers allemands se sont réunis pour offrir une alternative au confort quelque peu impersonnel des grandes chaînes internationales. Le label Romantik était né. Quarante ans plus tard, l’association regroupe plus de 200 hôtels répartis sur une dizaine de pays. À découvrir pour leurs maisons historiques qui se veulent un refuge idyllique et dont les propriétaires, passionnés par leur métier, ont le souci d’accueillir leurs hôtes.

  • Le petit port de Porec (攝影: @ Charles Mahaux / for any information about this image please contac: Mahaux Photography Gelivaux 28 B-4877 OLNE BELGIUM - charles@mahaux.com)

Y circuler : L’Istrie compte à peine 250 km du nord au sud et 150 à peu près d’ouest en est. C’est dire que les distances sont courtes d’un point à l’autre, de l’arrière-pays jusqu’au littoral. La voiture est alors incontournable pour découvrir à son aise ce coin de pays où le réseau routier est bien développé. Les Croates roulent de jour avec les phares allumés.

Quand y aller : Toute l’année, mais les meilleures périodes restent en mai-juin et en septembre-octobre avec un logement moins cher et de meilleures conditions de voyage. On peut se baigner dans les eaux chaudes de l’Adriatique jusqu’en octobre.

Se loger : Entre auberges, petits hôtels, B&B avec vue sur le port et/ou la mer, le choix est vaste. À découvrir, entre autres, le charmant hôtel boutique de Buzet, au cœur de la vieille ville, face aux remparts www.velavrata.net ou encore dans une autre gamme, le nouvel ensemble design de Rovinj, l’hôtel Lone www.maistra.com , à deux pas du centre en suivant le lungomare.

Se restaurer : Paradis gastronomique, l’Istrie est célèbre pour trois produits : le vin, l’huile d’olive et les truffes. Pour découvrir un menu qui se décline jusqu’au dessert autour de la truffe, www.zigantetartufi.com mais de nombreux producteurs proposent des plats à base du célèbre tubercule. La région est réputée pour son huile depuis des temps immémoriaux pour ses remarquables qualités gustatives. Pour les amateurs, une route lui est consacrée d’un producteur à l’autre. Le domaine d’Ipša est le premier croate à être cité dans le guide italien très sélectif Extravirgine consacré aux meilleures huiles d’olive www.ipsa-maslinovaulja.hr. Plus de 15 000 ha sont consacrés aux vignobles. Les variétés autochtones de malvoisie et de teran ont été primées ces dernières années dans de nombreuses foires européennes. À découvrir d’une propriété à l’autre… Dans l’arrière-pays la table de l’hôtel Kastel à Motovun est particulièrement agréable quand on déjeune à l’ombre des marronniers. Sur la côte, les restaurants de poissons se succèdent sur les quais. Laissez-vous tenter à Rovinj par la Puntulina, une table innovante répartie sur trois terrasses face à la mer.

Le saviez-vous? C’est aux Croates que l’on doit notre cravate, qui a été inspirée par le foulard noué autour du cou que portaient les soldats croates lors d’un défilé militaire à Paris sous Louis XIV! Séduits par cet accessoire, les Français l’ont adopté et adapté en le nommant «à la croate» qui au fil des siècles a évolué en «cravate».

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.