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Les masques de jade mayas nous racontent l’histoire d’une civilisation perdue

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, The Epoch Times
27.05.2012
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L’exposition Les masques de jade mayas, à la Pinacothèque présente pour la première fois en Europe les extraordinaires masques des dignitaires mayas.

  • Masque funeu0001raire en mosaibque de jade – Tombe 1, structure VII, Calakmul, Campeche – Classique tardif, 660-750 ap. J.-C. – Mosaibque de jade, Spondylus princeps, Pinctada mazatlanica et obsidienne grise – 36,7 x 23 x 8 cm – Museu0001e d’Architecture maya, Fuerte de la Soledad, Campeche.(photographer: Martirene Alcantara / ©Martirene Alcantara)

La découverte de cités perdues dans la jungle de l’Amérique centrale à la fin du XIXe siècle a posé les premiers jalons de l’archéologie précolombienne. Machu Picchu, le Monte Alban, Palenque, Tikal sont des noms qui nous font rêver à des civilisations mystérieuses.

Dans un projet de restauration des masques funéraires, une quarantaine de masques ont été découverts au Mexique et au Guatemala provenant de l’ancienne civilisation maya. Les masques funéraires ont été fabriqués pour les souverains – un moyen de devenir des dieux eux-mêmes.

L’exposition présente douze masques originaux et la restitution en fac-similé du masque du roi Pakal – la découverte archéologique la plus importante des dernières décennies. L’original, considéré comme trésor national, n’a pas pu sortir du Mexique.  Les masques sont datés de 200 à 900 de notre ère – période connue comme l’âge d’or des Mayas.

La rencontre avec une civilisation démystifiée

L’un des propos de l’exposition est d’ouvrir une fenêtre sur une civilisation basée sur des croyances différentes des nôtres. Les Mayas vivaient dans des cités-États entretenant entre elles un climat perpétuel de menaces car les guerres étaient un rite obligatoire pour se procurer des terres, c’est-à-dire du maïs donc de la nourriture, mais aussi de la main d’œuvre gratuite et une sorte de réservoir pour les sacrifices humains qui étaient nécessaires pour maintenir les cycles cosmiques. Sofia Del Campo, restauratrice du projet Mascaras funerarias,  demande au visiteur de comprendre qu’il s’agit là non pas de cruauté mais d’une autre appréhension du monde. Les Mayas croyaient que l’homme était fait de maïs et du sang des dieux. Le sacrifice n’était donc qu’une façon pour l’homme de rendre aux dieux et à la terre ce qu’il leur devait.

Certes, il faut être expert de la civilisation maya pour pouvoir – peut-être – comprendre quelque chose de leurs traditions et de leurs croyances. Entre les différents dieux et les différentes symboliques des animaux, des objets et des matières qui se faufilent entre les trois mondes cosmiques, il est difficile de prendre pied dans les profondeurs de cet univers.  

Les dieux principaux étaient le Soleil et le Maïs. Le maïs n’était pas que de la nourriture de base et un don des dieux, mais aussi la matière qui constitue l’homme.

Le jade et le dieu du maïs

Contrairement aux Incas, pour qui l’or était la matière la plus noble reliée au divin, chez les Mayas c’étaient le jade et la couleur verte. Le jade était considéré comme un élément primordial représentant le ciel et l’océan, sources premières de vie. Il symbolisait également la fertilité, la renaissance et la permanence.

Le jade représentait également K’will, le dieu du maïs. C’est grâce à lui que les saisons et les cycles cosmiques continuaient en permanence et que le défunt pouvait se réincarner à son tour en dieu du maïs – ce qui expliquerait la déformation céphalique de l’os occipital de la tête du souverain en forme d’épi. Les masques sont donc à l’échelle des crânes allongés de ceux qui les portaient. Les yeux sont asymétriques et nous trouvons souvent un coté du visage plus plat que l’autre. Une figurine en céramique présente cette déformation où souvent l’os du nez commençait au milieu du front. L’un des rôles du souverain était de représenter les dieux sur terre avant de devenir dieu lui-même.

Les masques réunissent donc les deux éléments fondamentaux dans la croyance Maya : le jade et le maïs, mais aussi des coquillages, des escargots et des tortues – qui ont tous une dimension symbolique liée à la transformation et au surnaturel. Ainsi, le masque mêlait les traits du souverain au maïs. Pour créer ces magnifiques masques, les tesselles (tiges de maïs) – provenant des quatre coins du royaume, de la mer des Caraïbes au Golfe du Mexique en passant par l’océan Pacifique – étaient rassemblées minutieusement.

Les masques de différents dignitaires

Les dieux étaient nombreux. Le jaguar prédateur nocturne symbolisait la divinité qui guide dans l’obscurité mais il représentait également le jour. Il incarnait l’énergie vitale qui permettait de passer de ce monde au monde surnaturel.

Un des masques les plus étonnants a été retrouvé dans la tombe d’un souverain inconnu et les écritures sur la fresque de la tombe indiquent qu’il se nommait «Oiseau-Jaguar».

La reconstitution du roi Pakal nous donne l’image la plus complète des sépulcres des dignitaires. Pakal (603-683) était considéré comme l’un des plus grands dignitaires, son masque a été découvert en 1952. Pakal est né à Palenque au moment où celle-ci a été envahie et détruite. À l’âge de 12 ans, il monte sur le trône et son règne marque plutôt une période calme, caractérisée par une construction massive. Il fait faire son masque funéraire avec soin ainsi que les objets et les bijoux qui l’accompagneront vers l’au-delà : des pendentifs, un collier, un pectoral, des bracelets etc.

Outre les masques, l’exposition comprend des stèles et des sièges portant des hiéroglyphes, des céramiques, des colliers, des boucles d’oreilles, des pectoraux, dont le plus curieux est celui en forme de tête de tortue composé de coquillages et d’escargots marins de couleur orangée symbolisant le centre du cosmos, d’où le défunt renaîtra en dieu du maïs. Alors que les autres masques sont verts et représentent un visage humain, la tortue – comme l’arbre de la vie – symbolise le centre du cosmos d’où le défunt renaîtra en dieu du maïs. 

Aucun élément n’est vide de sens dans l’œuvre maya. Un tapis funéraire en graines et coquillages était installé à côté du dignitaire. Chaque graine et chaque perle a sa fonction symbolique, représentant le monde souterrain, les champs de maïs et le ciel. Ces objets servaient de porte au défunt pour passer du monde souterrain vers l’au-delà. 

Les objets en céramique, eux, permettaient la renaissance du souverain et garantissaient le bien du peuple. Ainsi on trouve un remarquable récipient en céramique dans lequel on faisait macérer le maïs portant le dessin d’un serpent d’eau, associé à la renaissance.

À travers toutes ces découvertes, remontant jusqu’à la période préclassique, nous cherchons toujours à comprendre cette civilisation qui par sa cosmogonie, ses dieux et ses relations avec l’au-delà et le surnaturel, n’a pas fini de nous surprendre et de nous passionner.

Les masques de jade mayas sont exposés à la Pinacothèque jusqu’au 10 juin 2012. Pinacothèque de Paris – 28, place de la Madeleine – 75008 Paris

 

 

 

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