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Les présidents au cinéma

Écrit par Alain Penso, apensodelavega@gmail.com
09.05.2012
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  • Le Promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian (2005): u00abPourquoi m'avait-il choisi» demande le journaliste venu parler au héros qui s'apprête à sortir de la vie politique, laissant derrière lui quantité d'histoires.(攝影: / 大紀元)

Pendant les élections présidentielles, il est inéluctable que les cinéphiles se remémorent des scènes de films, surtout celles où le président démontre sa puissance et la détermination que lui permet sa fonction suprême. Dans Docteur Folamour de Stanley Kubrick (1964), d’après le roman, Two hours to Doum de Peter George, avec George C. Scott et Peter Sellers, le président est mis à contribution dans le cadre du conflit avec l’ex-URSS. Ce film avait été classé, dans les années 2000, troisième meilleur film humoristique derrière Certains l’aiment chaud de Billy Wilder (1959) avec Marilyn Monroe, Jack Lemmon et Tony Curtis et Tootsie de Sidney Pollack (1982) avec Dustin Hoffman et Jessica Lange.

Aujourd’hui, les faits rattrapent le cinéma. Les télévisions de tous horizons «scénarisent» la réalité déjà transformée par les candidats eux-mêmes. Il en va ainsi du débat entre le candidat François Hollande et Nicolas Sarkozy, organisé comme une mise en scène de film.

Les règles du cinéma empruntées par la télévision

Pour donner une allure de fiction au «match» tant attendu par les électeurs français, les chaînes de télévision ont dépensé sans compter sur les plateaux, où habituellement sont construits des décors de cinéma.

Le réalisateur de l’émission, qui s’est tenu dans un studio de la scène Saint-Denis de 900 mètres carrés, avoue que cette réalisation du 2 mai 2012 n’était pas du tout la plus simple ou la plus sobre, mais la plus écrite de toute l’histoire de la télévision.

Une Charte de réalisation avait été rédigée se référant au débat de 2007 entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Il est admis que personne ne pourra plus faire de plan de coupe comme en 1974, lors du duel qui avait opposé Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand: pendant que François Mitterrand parlait, le visage de Giscard d’Estaing raillant son adversaire était montré, une façon de désavantager le locuteur qui déroulait son raisonnement et qui était, malgré lui, parasité par une prise de vue partiale du réalisateur, non soumis à un règlement déontologique.

Dans le cas présent, deux réalisateurs étaient mandatés par les deux candidats: Tristan Carné, réalisateur de Voice sur TFI, a veillé sur les cadrages de François Hollande et Yves Barbara, réalisateur de Thalassa pour Nicolas Sarkozy. Plus de 100 techniciens ont été mobilisés pour réaliser cette émission de plus de deux heures trente.

Des décors précis pour imiter le cinéma

Les décors classiques montraient sobrement l’Elysée dans des proportions raisonnables, pour ne pas heurter le spectateur par la richesse de l’environnement. Les responsables de l’émission devaient favoriser une certaine sérénité propre au grand soir de fête, ménageant ainsi une attention soutenu pour le débat. En 2007 la table du débat mesurait 2,20 m, en 2012 elle s’est légèrement allongée pour arriver à 2,50. Un décor n’a de sens que s’il est filmé, ainsi le réalisateur disposait de vingt caméras et d’une grue.

Dans JFK d’Oliver Stone (1991), les télévisions sont les ressorts essentiels de la popularité, ce qui va déclencher le désir irrépressible de supprimer par tous les moyens cet homme que les médias adulaient, vraie carapace de l’homme politique livré à tous les vents. Kennedy était conscient de son image, aussi importante pensait-il que ses actions.

Les super-héros restaurent les êtres meurtris par un pouvoir aveugle

  • Superman II Richard Lester (1980), Superman au président des Etats-Unis: u00abJe vous promets monsieur le président de ne jamais plus faillir à ma tâche en m'absentant inopinément...»(攝影: / 大紀元)

Le poste de président ne peut être comparé à aucun autre titre. Il est donc difficile d’égaler, voire d’approcher, cette énorme puissance que contient ce poste de président d’un pays. Seul le cinéma a pu, grâce à son art, approcher l’image de cet homme unique et emblématique que constitue la personne, homme ou femme, président.

Les super-héros s’imposent dans une logique narrative, puisque toute histoire, même réelle, emprunte au système littéraire de la fiction qui structure le langage et n’est pas nécessairement incompatible avec la réalité. Superman II (1980) illustre le pouvoir autoritaire grâce à ce merveilleux réalisateur anglais, Richard Lester qui a donné son art et son savoir-faire au film d’action dans lequel l’action et la réflexion cohabitent joyeusement. Dans Les Trois Mousquetaires (1973), des jeunes gens escrimeurs, loyaux envers le roi et la reine qui sont victimes de leur Premier ministre, déjouent des plans de guerre contre la France.

On l’appelait Milady (1974) repose sur les relations politiques entre le Cardinal Richelieu et le roi Louis XIII. Les dossiers concernant les relations de pouvoir sont clairement soumis au spectateur qui peut en faire son propre miel. Richard Lester montre la puissance que peuvent exercer les femmes sur le pouvoir. Dans La Rose et la flèche (1976), le passé ne meurt jamais, Robin retrouve Marianne et sauve des nonnes injustement emprisonnées, sa vocation reste la justice et l’amour.

Superman II de Richard Lester (1980) est une parabole de la puissance d’un leader qui perdrait tous ses pouvoirs. Dans cet épisode le président des Etats-Unis est prêt à tout, pourvu que l’on ne fasse pas de mal à son peuple. Ainsi, ses ambitions personnelles se confondent avec le bien pour la nation. Par contre, dans Superman III (1983), toujours de Richard Lester, le cinéaste montre que la présidence n’appartient plus à l’homme mais à l’objet informatique.

Le Promeneur du champ de Mars de Robert Guédiguian (2005), d’après le livre de Jean-Marc Benhamou, Le dernier Mitterrand conte la fin du pouvoir d’un homme qui pense sa vie et ses activités politiques en se promenant près de sa demeure, 9 avenue Frédéric le Play, Paris 7e. Le pouvoir dans ce film est fragile et n’appartient à personne, mais aux circonstances, peut-être favorables, du moment.

L’image la plus forte et en même temps la plus dérisoire est bien celle de Valéry Giscard d’Estaing regardant droit dans la caméra, se levant et disant en se dirigeant vers la sortie: «Au revoir».

Alain Penso est historien et journaliste de cinéma. Il a dirigé la revue Cinéma des événements. Documentariste, il tourne des films ethnologiques, notamment sur Salonique. Il a publié la première biographie de Patrick Dewaere (Patrick Dewaere, collection Têtes d’affiche). Directeur du festival international, Colombe d’or, du jeune cinéma.

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