Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Le cheval de Turin

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, The Epoch Times
13.06.2012
| A-/A+

  • Recueillir de l'eau du puits : une des quelques tâches qu'a à faire une jeune femme (Erika Bók)(攝影: / 大紀元)

La répétitivité et la lassitude se dégageant du film Le cheval de Turin, dernière réalisation de Béla Tarr (L'Homme de Londres), ne semblent pas avoir freiné l'enthousiasme du Festival de Berlin où il a été décoré par l'Ours d'argent et par le prix FIPRESCI en 2011. Le Festival international du film des frères Manaki n'est pas resté non plus sur ses premières impressions puisque la Caméra d'or 300 a été décernée au réalisateur durant la même année. Bien d'autres nominations à l'international ont succédé et figurent à la liste des hommages. Cette coproduction de la Hongrie, de la France, de la Suisse et de l'Allemagne est parue à la fin du mois de mars 2011 en Hongrie et arrive tout juste sur nos écrans.

À Turin, en 1889, Nietzsche enlaça un cheval d'attelage épuisé, puis perdit la raison. Quelque part, dans la campagne : un fermier, sa fille, une charrette et le vieux cheval. Dehors, le vent se lève.

Soyons clair sur-le-champ, Le cheval de Turin ne peut être toléré par le grand public, ne serait-ce que pour sa longueur. La résistance qui risque d'y avoir ne réside pas seulement dans le fait que le (très) long métrage dure 146 minutes, mais parce que chaque séquence de la vie modeste des deux personnages principaux a été poussée au maximum de son élasticité. Autrement dit, le réalisateur a pris les corvées de la vie quotidienne (qui sont déjà longues et pénibles) et les a rendues interminables tout en leur donnant une grande importance. Béla Tarr raconte «La répétition de leurs mouvements, le cycle des saisons et les heures du jour dictent un rythme et une routine auxquels ils semblent [le fermier et sa fille] inexorablement assujettis.» Notons aussi que ce film est loin d'avoir été réalisé pour divertir, mais plutôt pour créer une réflexion terre-à-terre sur l'existence : «Le film illustre la mortalité à laquelle nous sommes condamnés, avec cette profonde douleur que nous ressentons tous», a déclaré Tarr.

Le cheval de Turin fait croire par moment au théâtre expérimental. Après avoir saisi sur quel terrain le réalisateur amène les cinéphiles, l'humilité prend le dessus, entre autres, devant la situation de pauvreté que vivent le père et sa fille. Quelques notes musicales en boucle sont tout ce qui compose la trame sonore. À l'image de la simplicité obligatoire avec laquelle vivent de manière journalière les personnages.

  • Dans Le cheval de Turin, un fermier âgé (János Derzsi) a besoin régulièrement de repos (攝影: / 大紀元)

Le visionnement force le cinéphile à subir une lenteur et une monotonie (légitime pour le mode de vie d'un cocher) à laquelle nous ne sommes pas habitués, autant au cinéma que dans la vie actuelle. Cela peut devenir un exercice fascinant, du moins pour tester notre patience. Un seul monologue substantiel, durant seulement quelques minutes, relève le contexte quasi apocalyptique dans lequel se trouve la petite histoire isolée de Tarr. Le cheval de Turin a été filmé en 35mm. Noir et blanc du début à la fin, ce choix de caméra amplifie le sentiment de réclusion, voulu par le réalisateur.

Somme toute, ce film appartient nécessairement au cinéma de répertoire, où les étudiants et les ferrés de cinéma trouveront sans doute leur compte.

Le cheval de Turin est présenté à Montréal au cinéma Excentris (version originale en hongrois avec sous-titres en français) et au cinéma du Parc (version originale en hongrois avec sous-titres en anglais).

 

 

 

   

 

       

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.