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Moonrise Kingdom

La cavale de l’insouciance

Écrit par Sabrina Ait Akil, Collaboration spéciale
27.06.2012
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  • Sam (Jared Gilman) et Suzy (Kara Hayward)(攝影: Courtesy of Focus Features / 2011 Focus Features)

Après avoir ouvert le bal à Cannes en mai dernier, le Moonrise Kingdom de Wes Anderson fait l’effet d’une bombe cinématographique percutante sur fond d’amourette adolescente. Le réalisateur américain nous revient en force avec toute l’audace enfantine à laquelle on a pu goûter dans The Darjeeling Limited (2007). Moonrise Kingdom est une épopée qui s’inscrit donc dans un style burlesque, rocambolesque, mais surtout enjoué et totalement maîtrisé par le réalisateur. C’est la découverte d’un microcosme qui rend à la fois hommage à l’aventure et aux aléas de l’existence.

C’est l’histoire de deux adolescents de 12 ans, Suzy (Kara Hayward) et Sam (Jared Gilman), qui sont tous deux tourmentés à la fois par leur solitude et leurs démons. Ils trouvent refuge dans une amitié qui se transforme délicatement en une histoire d’amour emplie de promesses. Suzy est une enfant perturbée qui se laisse guider par des excès de colère qui exaspèrent ses parents, et Sam est un scout débrouillard qui porte en lui le deuil de l’orphelin. Tout commence donc par une rencontre accidentelle qui laisse place à la naissance d’un projet porté par les deux protagonistes. Leur but ultime est de fuir la monotonie de leur vie, leurs problèmes de famille et tout cela pour vivre une aventure dans les bois. Les parents de Suzy, incarnés par Bill Murray (Lost in Translation, The Darjeeling Limited) et Frances McDormand (Laurel Canyon, Burn After Reading), livrent un perpétuel combat contre les pulsions de leur fille. Leur névrose est symptomatique du manque de communication généralisé au sein de leur famille.

Wes Anderson a su fédérer autour de son projet une délicieuse brochette d’acteurs. Bill Murray, qui est l’un de ses acteurs fétiches, livre une performance assez juste de l’homme colérique, cocu et désabusé. La pointe d’insolence de Frances McDormand est portée par sa relation secrète avec le capitaine Sharp incarné par un Bruce Willis (Pulp Fiction, Armageddon) dévoué. Il faut aussi souligner l’apport considérable d’Edward Norton (Fight Club, Frida, The Illusionist) dans le rôle du chef scout Randy Ward.

  • Walt Bishop (Bill Murray)(攝影: / 大紀元)

Le charme de ce film réside dans un curieux mélange des genres que Wes Anderson semble parfaitement maîtriser. Le film livre des séquences humoristiques où de jeunes scouts jouent aux justiciers de la forêt et où de curieux personnages ponctuent le film dans l’expression la plus pure de l’absurdité. Il faut dire que les décors naturels dans lesquels le réalisateur a choisi de tourner ont exposé le rapport charnel que les personnages ont avec la nature, qui devient à la fois un refuge pour Sam et Suzy, les fugitifs, mais aussi un lieu de tous dangers pour ceux qui essaient de les retrouver. De plus, une certaine mélancolie émane de la succession colorée et lumineuse des images qui est agrémentée par une trame sonore bouleversante.

Wes Anderson a définitivement su construire l’univers de Moonrise Kingdom autour d’un scénario riche et audacieux, mais surtout autour des personnages de Sam et de Suzy, interprétés avec brio par Hayward et Gilman qui en sont à leur premier film. À eux deux, ils portent le projet d’Anderson sur leurs frêles épaules et, grâce à leur intelligence, ils consolident l’aspect comique de l’histoire. Ce film servira donc à faire renaître l’insouciance le temps d’un instant.

 

 

 

   

 

     

 

       

 

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