Comédie de science-fiction qui a fait sa marque à la fin des années 1990 et qui a commencé à perdre sa crédibilité avec sa suite en 2002, Hommes en noir 3, version française de Men in Black 3, est «de trop», pourrait-on dire. Le film a été réalisé par Barry Sonnenfeld, tout comme les deux autres qui ont précédé. Sonnenfeld est notamment connu pour les films Wild Wild West et Get Shorty.

La Terre est sur le bord du chaos après qu'un extraterrestre, considéré comme extrêmement dangereux, s'évade d'une prison se trouvant sur la Lune. Heureusement, la division de la Lutte contre le crime extraterrestre terrienne est sur ses gardes. Mais il en prendra plus aux agents qui ont l'habitude de gérer ce genre d'alerte que le présent dans lequel ils vivent afin de dénouer cette nouvelle impasse aux conséquences galactiques.

L'humour d’Hommes en noir 3 est inégal et disparate. C'est l'acteur Will Smith (l'agent J) qui a la charge du comique décent. Comme il a besoin de retourner dans le passé, l'agent J doit voyager dans le temps. La séquence où il se rend jusqu'en 1969 grâce à un appareil extraterrestre est possiblement le sommet de l'esclaffement que le film peut connaître, entre autres, parce qu'il fait, en quelques secondes, une foule de clins d'œil historiques. Le passage de l'agent double ayant créé de toutes pièces Andy Warhol est aussi un moment à souligner. Le reste demeure grosso modo sous la barre du zéro.

Les effets spéciaux sont de niveau moyen. Les maquillages des extraterrestres (à l'exception du bébé poisson venu d'ailleurs, vu dans la scène du restaurant chinois) sont d'un goût douteux. On pourrait croire qu'ils sont à l'état d'ébauche. Quant aux technologies des Hommes en noirs, rien à faire lever un sourcil. Quelques joujoux de plus dont une moto futuriste, mais sans plus. Les effets 3D et l'écran IMAX sont très loin d'être exploités au maximum, surtout après un six minutes exclusif du prochain Spider-Man, présenté avant le film, où l'on sent une pleine maîtrise de cette puissante ingénierie cinématographique.

L’équipe des Hommes en noir 3 compte l'auteur des bandes dessinées dont se sont inspirés les films depuis le début de leur adaptation au grand écran. On aurait pu donc espérer un scénario et des dialogues plus relevés, mais Hommes en noir 3 déçoit presque autant que son prédécesseur. La chute de la qualité des films ayant plongé dès Hommes en noir 2 n'est pas qu'une question de scénario, puisque deux différents scénaristes ont été employés pour Hommes en noir 2 et Hommes en noir 3. Peut-être était-ce une commande d'une histoire peu approfondie de la part des studios...

C'est l'acteur Josh Brolin, qui incarne l'agent K en 1969 (Tommy Lee Jones en 2012), qui «fait» le film. Sa relation avec l'agent J (Will Smith) est ce qui donne l'excuse d'un troisième Hommes en noir. Il fait aussi en sorte que le film ne perde pas complètement pied. Il serait difficile de penser à un autre acteur pour incarner Tommy Lee Jones avec quelques décennies en moins. Cette «involution» de personnage demeure une belle trouvaille. Emma Thompson (Nanny McPhee, Stranger Than Fiction, Primary Colors) a un rôle malheureusement secondaire. Minuscule personnage, petites répliques plus ou moins drôles et pouf! Déjà oubliée. C'est à peu près le même sort qui est réservé à Tommy Lee Jones (No Country for Old Men, The Fugitive, The Client) alors qu'il reprend la peau de l'agent K, personnage bien plus prédominant dans les deux premiers films.

Il y a quand même quelques minutes d’Hommes en noir 3 qui sont sympathiques. Le personnage extraterrestre ayant la capacité de voir les possibles futurs est charmant. Les liens entre les personnages à la toute fin constituent un petit high. Les éléments de voyage dans le temps et des différentes dimensions sont amenés de manière à la fois commune et innovante.

Après Hommes en noir [dans le passé], il pourrait y avoir Hommes en noir chez les Indiens, Hommes en noir au centre de la Terre, Hommes en noir à la plage. Tant de suites demeurent à faire! Pas besoin de chercher bien loin pour comprendre qu'on a affaire à un blockbuster prévu pour n’être rien de plus qu'un blockbuster. Hommes en noir 3 ne servira que de pivot pour plusieurs grands titres qui sont déjà au calendrier de l'été 2012. Il nous permettra également de nous souvenir avec nostalgie du premier Hommes en noir qui avait été audacieux et rafraîchissant.