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Total Recall : Mémoires programmées

Un futur trop rapide

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins
08.08.2012
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  • Douglas Quaid (Colin Farrell) est sur le point de goûter le service qu'offre la compagnie Rekall, une entreprise capable de fabriquer des mémoires. (Sony Pictures)

Même si la tendance est plus au reboot qu'au remake, Hollywood n'abandonne pas une de ses façons traditionnelles de faire qui est de renouveler au goût du jour un film qui a déjà conquis le public deux décennies plus tôt.

Le remake le plus attendu de l'été est assurément Total Recall : Mémoires programmées, version française de Total Recall. C'est le réalisateur Len Wiseman (Live Free or Die Hard) qui a pu décrocher le titre de réalisateur. Bien attaché à Kate Beckinsale et à Bill Nighy de la série de films Underworld, Wiseman a décidé de les inclure à l'équipe. Même si réanimer ce long métrage de science-fiction demeurait une bonne idée, le résultat compte son lot de désenchantements tout en accroissant la nostalgie pour la «vieille version».

Se déroulant dans un futur proche, l'ouvrier Douglas Quaid (Colin Farrell, Alexander, The New World) déplore la vie ordinaire qu'il mène. Résigné, il décide de se faire implanter une mémoire par la compagnie Rekall, qui permet à quiconque de vivre les illusions de son choix moyennant un certain montant d'argent. La procédure tourne mal et Quaid est soupçonné d'être un espion.

Le mot d'ordre dicté à la distribution devait vraisemblablement être «charisme». Chacun des personnages de cette nouvelle version en possède beaucoup plus que le film original. Comme les scénaristes semblent avoir pris plusieurs raccourcis ici et là dans le scénario si on le compare à l'œuvre de 1990, le réalisateur n'avait guère le choix d'imposer une certaine rigueur quant au niveau du jeu pour garder une certaine qualité. Paradoxalement, le film Total Recall dans lequel figurait le «Gouvernator» était de quelques minutes moins long que la version de 2012.

Sharon Stone avait livré une performance assez solide dans la première version. Celle de Kate Beckinsale (la série de films de Underworld, Contraband) est tout aussi spectaculaire. Ce personnage féminin donne le rythme du film tout comme son intensité. Il s'agit de l'aspect le mieux préservé de l'ancien film culte. Le personnage de Melina incarné par Jessica Biel (The Illusionist, The Texas Chainsaw Massacre) donne une bonne impression, mais sans plus. Difficile de faire plus avec un personnage aussi peu développé. Sa dose de charisme additionnée à celle de toute l'équipe fait en sorte que le tout est acceptable. Quant à Colin Farrell, c’est un rôle dans lequel il est visiblement à l’aise, mais le rythme continuel de poursuite met de l’ombrage sur son personnage. Le rythme effréné donne très peu de chance à l'acteur de montrer toute la nuance et l'excellence qu’on lui connaît.

Même les acteurs secondaires tels que Bokeem Woodbine (Harry), John Cho (McClane) et Will Yun Lee (Marek) sont convaincants. Les brefs passages de grands acteurs, Bryan Cranston (Breaking Bad) et Bill Nighy (Indian Palace), sont fort appréciés même s'ils auraient dû être plus présents durant le film.

  • Même étant un des hommes les plus entraînés que l'humanité ait pu connaître, Douglas Quaid (Colin Farrell) ne peut réussir à sauver ce qui reste de l'humanité sans la rebelle Melina (Jessica Biel). (Sony Pictures)

La substance du scénario est relativement pauvre. Plusieurs répliques inévitables que l'on retrouve dans les films où on questionne la réalité maintiennent le spectateur à la surface. Les scénaristes ont échoué sur le point clé qui déterminerait si le film est réussi ou non : celui de nous rendre confus à savoir si ce qu'on voit est la réalité du protagoniste ou s'il s'agit d'une mémoire inventée de toutes pièces par la compagnie Rekall. C'est pourtant ce qui avait fait le succès de Total Recall dans les années 1990.

Total Recall : Mémoires programmées n'a pas exploité adéquatement le temps qui lui était alloué pour que l'on sente profondément l'univers de science-fiction. On peut quand même y croire. On peut parler davantage d'atmosphère SCI-FI : la ville futuriste, ses instruments hi-tech, les nouvelles façons de se mouvoir, etc. Les effets spéciaux dernier cri rendent tout cela possible et valent quand même leur pesant d'or.

Un amateur de science-fiction aura de quoi se sustenter au minimum. Mais le fait que la course, aussi prenante soit-elle, ne s'arrête qu'en de très rares moments et qu'il n'y ait pas de temps de contemplation rend difficile la possibilité de goûter au film comme il était possible de le faire avec la première version. Il n'y a pas un instant particulièrement marquant pour parler d'un remake qui en valait le coup. On peut constater qu'Hollywood fait de plus en plus de remake, mais le temps entre l'original et la nouvelle version est de moins en moins long et la qualité laisse souvent à désirer.

Du point de vue visuel, la conception des décors est moins excitante comme les quartiers défavorisés pouvant aisément se réduire en poussière (Farrell, ou le cascadeur passe au travers d'au moins une bonne vingtaine d'entre eux). Il est dommage que le film ne se passe pas sur Mars comme dans la version classique et qu'on y perde l'occasion de voir certains maquillages de mutantas très réussis à l'époque. L'apparition de «policier synthétique» à la «stormtrooper» rappelle I, Robot (2004) tout en laissant un sentiment de déception. Une des nombreuses insuffisances de Total Recall : Mémoires programmées...

 

 

 

   

 

     

 

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