L’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) a annoncé lundi qu’elle s’attend à ce que l’Allemagne jouisse d’un excédent de 200 milliards de dollars cette année. L’enquête IFO allemande sur la conjoncture économique, l’une des enquêtes clé sur les affaires du pays, s’attend à un excédent de 210 milliards de dollars, dépassant tous les autres pays. Cette année est également marquée par le premier excédent depuis 1988 avec la Chine, le premier exportateur mondial. Un porte-parole du ministre allemand de l’économie, Philipp Rösler, a déclaré lundi à Berlin que «l’économie d’exportation allemande est très compétitive, ce qui est fort positif».

La Chine, le plus grand marché

Selon le Financial Times Allemand (FTD), les exportations vers la Chine ont augmenté de 5,8% en mai. Gregor Eder, un expert de l’Asie, de la compagnie d’assurance allemande Allianz, a déclaré dans une interview à FTD que l’Allemagne bénéficie de la croissance des investissements élevés en Chine et d’autres pays asiatiques.


L’article de FTD note en outre que les pièces détachées des constructeurs automobiles allemands expédiées vers les lignes de montage pour la plupart de leurs voitures assemblées en Chine, stimulent ainsi les exportations de l’Allemagne. Outre les constructeurs automobiles, l’industrie lourde contribue pour 30% au total des exportations allemandes.


Pour parvenir à une balance commerciale positive, toutefois, les exportations doivent être plus importantes que les importations, et le fait que l’Allemagne importe maintenant de moins en moins en provenance de la Chine y contribue. Une des raisons est l’euro qui a perdu 17% par rapport à la monnaie chinoise, le yuan, au cours des 12 derniers mois, rendant les exportations allemandes moins cher. Mais ce n’est pas la seule raison. Christina Otte,  expert de la Chine à l’agence GTAI pour le commerce extérieur, commentait pour FTD: «Des lois plus strictes en matière de protection de l’environnement et des salaires plus élevés contribuent au fait que la Chine perd son statut d’économie de bas salaires».

Les fonctionnaires américains s’inspirent du rêve allemand

Cette puissance industrielle n’est pas passée inaperçue aux États-Unis, qui accusent un déficit chronique de ses comptes courants avec le reste du monde. Peter Ross Range, journaliste américain, écrit dans le journal allemand Handelsblatt que même le président Obama était curieux de savoir comment cela se passait en Allemagne: «Pourquoi l’Allemagne réussi t’elle si bien avec un secteur industriel à haut salaire?», a t-il demandé lors d’une réunion de planification économique.


D’autres géants de l’industrie comme le président de Général Electric, Jeffrey Immelt, a déclaré que les États-Unis «ont besoin d’être plus comme l’Allemagne», et le banquier de Wall Street, Steven Rattner, ajouta: «[Les États-Unis] doivent s’inspirer du modèle allemand».

Ross Gamme évoque les raisons du haut niveau de compétitivité de l’Allemagne sur les marchés d’exportation mondiaux, dans son article pour Handelsblatt. Un des facteurs est le système allemand de «double formation», où les élèves du secondaire vont à l’école et reçoivent une formation professionnelle en même temps, généralement après l’âge de 16 ans. S’ils se comportent bien, l’entreprise qui les a formés leur offrira très probablement un contrat à durée indéterminée à la fin de la période de formation. Ce système offre une sécurité d’emploi pour les jeunes travailleurs et une main-d’œuvre hautement qualifiée pour les employeurs. Cet avantage se reflète dans le taux de chômage  relativement faible (7,9%) chez les jeunes. Ce système est déjà utilisé aux États-Unis par des sociétés allemandes comme Siemens, Volkswagen et BMW.

Des risques subsistent pour l’économie de force opérationnelle

Bien que l’économie allemande soit très concurrentielle, le manager d’un fonds d’investissement, Hugh Henry, fondateur du fonds Eclectica basé à Londres, a exposé lors de la conférence Milken le 1er mai, que la dépendance aux exportations et à l’industrie lourde n’est pas sans risques. Le principe de sa stratégie d’investissement est que «l’Allemagne a une force opérationnelle». A noter que lors d’une mauvaise année de récession mondiale, une entreprise comme Siemens devrait subir une réduction beaucoup plus importante de ses gains que Procter & Gamble (P & G) par exemple, en raison de sa plus forte proportion de coûts fixes.


En période de récession, les investissements sur les biens d’équipement sont les premiers à être arrêtés, comme cela s’est passé en 2008, lorsque Siemens ne pouvait pas réduire ses coûts assez vite parce que ses opérations comprennent une part importante de coûts fixes. P & G, d’autre part, fait face à une demande relativement constante pour ses produits de consommation courante, et peut réduire les coûts plus facilement en raison d’une plus grande proportion de coûts variables.

Version anglaise: Germany to Achieve Largest Trade Surplus in 2012