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Renaissance de récifs coralliens endormis pendant 2.500 ans

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
22.07.2012
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  • Des poissons clown se cachent dans une anémone de mer. (Wikipédia)

Une étude publiée dans la revue Science du 6 juillet 2012 montre comment les récifs coralliens ont été mis entre parenthèse durant 2.500 ans au cours de l’histoire. En effet, 2.500 ans c’est très long lorsque les écosystèmes ne réagissent plus et continuent de se détruire. C’est ainsi qu’en analysant les coraux des récifs longeant les côtes du Panama, les chercheurs ont compris que la destruction de ces organismes avait commencé il y a 4.000 ans. Cette période coïncide justement avec un changement de pression atmosphérique dans le Pacifique Est, au cours de l’holocène. Donc, pendant cet intervalle de temps un grand bouleversement climatique a eu lieu. Ce bouleversement a été provoqué par des variations extrêmes du courant marin, extrêmement chaud, appelé El Niño, une conséquence de l’oscillation australe. Ce chamboulement climatique a été la cause de la destruction des coraux et de leur endormissement sur une période de 2.500 ans.

Le phénomène climatique occasionné par El Niño

L’oscillation australe est un phénomène climatique qui se traduit dans l’atmosphère par une variation de pression atmosphérique entre l’ouest et le sud-est du Pacifique tropical. Ce phénomène se distingue par une différence de pression entre Papeete, à Tahiti, et Darwin, au nord-ouest de l’Australie. En période du déplacement des masses d’air vers l’est, on entre dans une période appelée El Niño, à ce moment la température de surface de la mer est anormalement élevée. Lorsque le phénomène s’inverse, les déplacements des masses d’air se font d’ouest en est et cet état est nommé La Niña. El Niño et La Niña constituent les deux états extrêmes de l’oscillation australe. Ainsi 2.500 ans d’El Niño c’est extrêmement long, les chercheurs espèrent en découvrir les raisons.

Les récifs coralliens livrent leur secret, le climat

L’analyse des récifs coralliens a permis aux chercheurs d’entrer dans l’histoire cellulaire, la mémoire des organismes vivants. L’histoire a ainsi été reconstituée et les récifs ont livré 6.000 ans de secret. Lauren Toth, chercheuse à l’Institut de technologie de Floride explique: «Nous avons voulu reconstituer l’histoire de la croissance des récifs coralliens du Pacifique Est, le long de la côte Panaméenne. L’analyse des noyaux des récifs coralliens devait nous permettre de résoudre et de comprendre l’influence des changements climatiques sur le développement des récifs coralliens dans la région Pacifique». Elle ajoute: «Cependant, nous avons été choqués de découvrir un trou de 2.500 ans dans la croissance de ces récifs».

Lauren Toth indique également dans un communiqué: «En comprenant les principaux mécanismes du développement des récifs du passé, nous avons pu appréhender et faire des prédictions sur le réchauffement climatique, et ses répercutions sur la flore des récifs dans un monde qui se réchauffe rapidement». Lauren Toth précise à l’AFP que les récifs coralliens de cette région du Pacifique, de l’Australie au Japon, présentent les mêmes similitudes de croissance et de stagnation. Elle précise: «Les récifs coralliens sont des écosystèmes résistant, car pour s’être littéralement effondrés durant une période aussi longue et à une aussi vaste échelle géographique, on suppose qu’ils ont dû subir un bouleversement climatique majeur, qui a dû être une version démultipliée des fluctuations normales de l’ENSO». L’ENSO est l’ensemble des manifestations climatiques et océanographiques qui relient El Niño et l’oscillation australe. Lauren Toth précise également qu’en comprenant le développement des récifs du passé, nous pourrons commencer à faire des prédictions sur les trajectoires possibles des récifs dans un monde qui se réchauffe rapidement.

Les récifs coralliens apparemment détruits renaissent

Richard Aronson, professeur de biologie de l’Institut technologique de Floride co-auteur de l’étude, dit: «Si les humains continuent à diffuser des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, le climat pourrait connaître un effet néfaste, avec des conséquences désastreuses pour les écosystèmes et les récifs coralliens, à moins que nous ne reprenions le contrôle du changement climatique ». Effectivement, les récifs sont en danger, car la température de l’eau ne cesse d’augmenter. Si les températures perdurent et s’accroissent, elles pourront non seulement tuer le corail mais aussi les espèces qui dépendent des récifs.

Les superbes récifs coralliens au large des côtes Pacifique du Panama, semblent être posés là depuis des millénaires et fleurissent comme une persistance naturelle du littoral. Pourtant leurs histoires ont été bien mouvementées. Le professeur Richard Aronson et ses collègues ont pris des échantillons à la base des récifs pour les étudier et comprendre leurs histoires. Ils sont un peu comme des experts arboricoles qui analysent les cernes de l’arbre. Ces récifs de 6.000 ans n’ont cessé de croître tout au long des millénaires. «Mais malgré cette croissance, ils ont cessé tout à coup de vivre et sont morts durant 2.500 ans», rapporte Richard Aronson, dans un communiqué de presse. «Ce fut une vie de latence durant 2.500 ans. Cette pose de survie représente 40% d’une histoire de 6.000 ans, c’est très choquant», explique Richard Aronson. Il parle ici de la résilience des récifs coralliens.

La résilience des récifs coralliens

La résilience écologique est un terme de plus en plus employé au niveau environnemental. Il s’agirait là d’invoquer la capacité d’un écosystème à retrouver un fonctionnement et un développement normal après avoir subi une perturbation importante. Les chercheurs du CNRS ont employé ce terme de résilience en 2010, après le passage du cyclone tropical Oli du 3 et 4 février qui s’est abattu à l’ouest de la Polynésie française. Aussi préoccupant que cela puisse être, la structure physique des récifs et en particulier celle de la pente externe des récifs perdurent. Les chercheurs pensent que la reprise de la vie serait due à une bonne oxygénation de l’eau, ce qui aurait facilité leur croissance. Ils ont remarqué que les squelettes des colonies mortes étaient toujours là, prêtes à revivre. Déjà dans les années 1980, les scientifiques ont pu observer une résilience des récifs coralliens. Les scientifiques avaient précisé qu’une observation dans le long terme permettait de mieux appréhender la résilience des récifs coralliens qui semble en l’occurrence être en bonne voie pour la Polynésie, après le passage du cyclone Oli.

L’effondrement généralisé et la mort des récifs coralliens des océans du monde entier sont considérés comme l’un des défis environnementaux majeurs pour la planète. Cependant, cette nouvelle étude donne de l’espoir, les récifs morts peuvent renaître de leurs cendres. Et, si les récifs coralliens ont pu résister aux tempêtes climatiques, lorsque les conditions deviennent favorables, la croissance du corail semble assurée.

Les conditions climatiques extrêmes à l’origine de la mort des coraux

Le professeur Aronson et ses collègues soupçonnent un changement climatique d’une forme naturelle d’avoir été responsable de ce terrible épisode. En effet, les extrêmes climatiques, soit celle de l’eau trop chaude provenant de la mer pendant le processus d’El Niño ou celle de l’eau trop froide venant de La Niña, ont eu des effets destructeurs sur les coraux. Le professeur Aronson explique: «Ce n’était pas seulement les températures chaudes en provenance d’El Niño qui étaient destructrices, mais aussi celle de La Niña qui apportait de l’eau trop froide. Les extrêmes sont néfastes au bon développement des coraux».

 

Actuellement le climat change de nouveau, mais El Niño et La Niña ne produisent plus des ravages aussi extrêmes dans les eaux marines. L’endormissement des coraux pendant 2.500 ans a semblé incroyable aux yeux des chercheurs, surtout lorsque le climat est devenu propice, les récifs ont pris le cours de leur vie. «Cela a semblé instantané», dit le professeur Aronson. Il pense également que «la reprise de la vie a dû se faire en deux temps, les coraux secondaires ont dû croître lentement, durant par exemple 500 ans, ensuite les coraux principaux, appelés les bâtisseurs, ont commencé à se montrer et le développement fut rapide». Peu après, tous les poissons des récifs et les créatures liées à cet environnement sont venus chercher un refuge dans ces lieux. Les récifs coralliens sont devenus la place animée d’aujourd’hui.

L’espoir anime les chercheurs

Bien qu’intéressé par l’histoire des récifs le professeur Aronson s’inquiète pour l’avenir. Le changement climatique peut apporter une chaleur dévastatrice aux coraux, ce sera une nouvelle menace. Malgré une étude concluant à des coraux remarquablement résistants, les écosystèmes marins pourraient ne plus être à même de relever de futurs défis. D’autres spécialistes, tels que le professeur John Ogden de l’Université de Floride, pensent que cette étude n’est pas pertinente pour l’avenir de nos écosystèmes marins. Le changement climatique provoqué par la pollution amène l’acidification des océans et c’est un problème strictement lié au monde moderne. Il ne faut pas se reposer sur des données optimistes, nous devons agir.

 

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