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Les glaciers de l’Himalaya sont en forme

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
01.07.2012
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  • Le lac Gurudogmar est l’un des plus hauts lacs du monde. Il est situé dans la province du Nord Sikkim en Inde, à une altitude de 5.210 mètres. (Wikipédia)

Conséquences sur l’hydrologie de l’Inde

Les glaciers de l’Himalaya semblent être en meilleure forme que les experts l’avaient annoncé. Des chercheurs de l’université de Zurich en Suisse donnent de nouvelles estimations. Les précédentes prévisions du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) avaient exagéré le recul des glaciers. Cette nouvelle étude nommée HIGHNOON avait pour but d’évaluer l’impact du retrait des glaciers himalayens sur la distribution des ressources en eau du nord de l’Inde. Elle devait comprendre l’impact du réchauffement climatique sur la mousson estivale et les conséquences hydrauliques pour les populations. En effet, des millions de personnes vivent dans le bassin du Gange et dépendent des ressources en eau provenant à la fois de la fonte des neiges et des glaces dans le cours supérieur de l’Himalaya. Ce lieu est appelé le château d’eau de l’Asie. Mais le système hydrologique de l’Inde du nord dépend aussi des précipitations de la mousson d’été. Les chercheurs pensent qu’il est important de connaître l’impact du réchauffement climatique mondial sur les glaciers de l’Himalaya. Il en va de l’avenir d’un peuple.

Observations satellitaires de l’Himalaya et du Karakoram

Afin d’approfondir l’étude, les chercheurs ont demandé l’aide de l’ESA, l’agence spatiale européenne. Il s’agissait d’observer les glaciers de l’Himalaya et du Karakoram par satellite. Les clichés ont montré que les glaciers occupent 40.800 k2. Et la superficie glacière de cette région est vingt fois supérieure à celle des glaciers des Alpes et 20% inférieure à ce que l’on supposait. Tobias Bolch, le directeur scientifique des travaux, attribue cette différence à des erreurs cartographiques lors des études précédentes. Malgré ces erreurs, l’équipe estime que les glaciers de l’Himalaya fondent moins vite que les estimations mondiales. Le Dr Bolch résume ainsi la situation: «Le recul ainsi que les pertes en surface et volume correspondent à la moyenne mondiale, les glaciers himalayens rétrécissent, mais moins vite que prévu».

Le débit des fleuves: l’Indus, le Gange et le Brahmapoutre

Les scientifiques dans leurs recherches ont pris en considération toutes les mesures glaciaires disponibles, l’évolution des longueurs, des surfaces, des volumes, et la densité massique de la glace. Il faut cependant souligner que les mesures devraient s’inscrire dans la durée, alors qu’elles ne couvrent que les dix dernières années. Pour les récentes décennies, les chercheurs ont constaté une diminution moyenne annuelle de 15 à 20 mètres pour la longueur et de 0,1 à 0,6% pour la surface. Ils estiment que le recul des glaciers ne devrait pas avoir d’impact majeur, pour l’instant, sur le débit de grands fleuves comme l’Indus, le Gange et le Brahmapoutre au cours des prochaines décennies.

 

Malgré ces estimations, le Dr Bolch conseille la prudence: «À cause du recul attendu pour les glaciers, nous pouvons nous attendre sur le moyen terme à une plus grande variabilité du débit saisonnier. Certaines vallées pourraient être à sec de temps à autre». En effet, les gaz à effet de serre sont susceptibles de changer les glaciers et l’hydrologie, et peuvent avoir un impact substantiel sur la couverture neigeuse, sur l’eau et la disponibilité des ressources.

En revanche, il est estimé que les lacs glaciaires représentent un danger considérable. Pour les scientifiques, les lacs glaciaires nouveaux, ou en extension rapide, peuvent être une menace pour les populations locales. Les crues brutales, suite aux ruptures des retenues d’eau, pourraient avoir des conséquences dévastatrices sur les régions en aval de sorte qu’il est impératif d’intensifier la surveillance des lacs et l’évolution des glaciers en relation avec le climat de l’Himalaya.

  • Les moussons au sud de l’Inde, pourraient garantir une hydrologie suffisante, si on réussissait à stocker cette eau. (Noah Seelam/AFP)

L’eau, un enjeu géopolitique

En février 2011, le Sénat américain avait divulgué un rapport titrant «Eviter les guerres de l’eau». En effet, de nombreux conflits géopolitiques résultent de la raréfaction des ressources hydriques d’une région. Les États aux économies émergentes ont des besoins croissants d’énergie, la Chine et l’Inde sont intéressées par l’eau venant de l’Himalaya. Le souhait d’utiliser cette énergie dans la création de barrages hydroélectriques crée de véritables tensions politiques avec les pays voisins, situés en aval.

En Inde, le manque d’eau est réel dans les régions du sud

Cependant, malgré les grands fleuves traversant l’Inde, le manque d’eau est bien réel dans certaines régions du pays. Il existe de très fortes disparités entre les plaines de l’Himalaya, traversées par les grands fleuves et les zones désertiques du sud indien. Pourtant, les moussons du sud pourraient garantir une hydrologie suffisante si on réussissait à stocker cette eau. La moyenne annuelle de la pluviométrie est de 1.170 mm. Mais, selon un rapport de la FAO, plus de 50% de cette pluie tombent sur une période de 15 jours environ et, la plupart du temps en moins de 100 heures, sur un total de 8.760 heures par an.

Pourtant on pourrait conserver cette eau avant qu’elle ne soit perdue pour l’utilisation humaine, disaient en 1997 Anil Kumar Agarwa et Sunita Nairan, deux chercheurs environnementaux spécialistes de l’Inde. En effet, la possibilité de conserver l’eau de pluie peut offrir une certaine prospérité du sol. Elle pourrait garantir l’accès à l’eau potable, en quantité suffisante, à tout le pays. Elle pourrait également permettre de pratiquer les cultures les moins gourmandes en eau. Ainsi, en stockant l’eau de pluie, les agriculteurs acquerraient une indépendance de ressources.

Des villages pilotes adoptent le stockage de l’eau de pluie

L’ICRISAT (l’institut International de recherche sur les cultures des zones tropicales et semi-arides) a développé des techniques simples de conservation et de collecte d’eau de pluie. Afin d’augmenter la disponibilité en eau à l’échelle du bassin versant de Kothapally en Inde, l’eau de pluie est capturée et stockée pour un usage ultérieur. Les méthodes de conservation de l’eau aident à réduire le ruissellement et à augmenter la capacité du sol et de la végétation à retenir l’eau.

De telles techniques ne sont pas nouvelles. Pendant l’ère romaine, des bassins servaient à récolter l’eau de pluie. C’était important pour les cités. Cependant, dans les pays développés, ces pratiques ont été négligées. Les productions agricoles ont utilisé des arrosages centralisés et canalisés. Nous ouvrons le robinet et nous prenons la disponibilité de l’eau comme un fait accompli.

Il y a trente ans, le village de Kothapally était très pauvre. Les sécheresses étaient répétitives et beaucoup de familles devaient partir en ville, avec les conséquences sociales qui en résultent. Le gouvernement d’Andhra Pradesh avait alors demandé à l’ICRISAT d’explorer des solutions de conservation des ressources en eau à faible coût et gérables par les villageois eux-mêmes pour améliorer la production agricole.

Les progrès ne se sont pas faits en un jour. Le village de Kothapally a souffert de pénurie d’eau (même d’eau de boisson en été) et de pauvreté jusqu’en 1998. Maintenant c’est un village prospère et vert, les récoltes sont importantes, les légumes sont diversifiés, même pendant les mois chauds de l’été. L’agriculture est devenue luxuriante et les récoltes prospères.

De nouvelles pratiques agricoles, des changements humains

Dans diverses régions d’Inde, de nouvelles technologies d’irrigation à petite échelle et abordables pour une utilisation plus efficace de l’eau, par exemple le goutte-à-goutte, ont été développées et mises à la disposition des petits paysans indiens. Ainsi en informant et formant les paysans à mieux connaître les besoins en eau des cultures, ils pourront faire des économies et produire durablement.

Les femmes de Kothapally ont été particulièrement actives dans les projets. Elles ont d’abord lancé des petites entreprises de production et de vente. Et progressivement elles se sont investies dans d’autres activités, de la pépinière d’arbres à l’atelier de couture. L’esprit d’entreprise de ces femmes c’est démultiplié. Monsieur Suhas Wani, coordinateur du projet et chercheur principal sur la gestion des bassins versants à l’ICRISAT, est satisfait des résultats: «C’est un modèle intéressant à suivre pour répondre à la crise de l’eau actuelle qui touche de nombreux pays, y compris en Europe».

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.