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L’hôpital aussi dangereux que l’Afghanistan

Écrit par Jean-Marc Dupuis, Santé, Nature et Innovation
01.09.2012
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  • Les maladies nosocomiales sont transmises par les mains. Le manque flagrant de personnel empêche les soignants de suivre correctement le protocole par manque de temps. Il faut 3 minutes pour se laver correctement les mains et ceci, entre chaque patient. Or le soignant passe rarement plus de 10 minutes avec un patient….(Philippe Huguen AFP-GETTYIMAGE)

Des chercheurs anglais ont constaté que le risque pour un patient hospitalisé en Grande-Bretagne de mourir d’un accident lié aux soins (intoxication aux médicaments, incident chirurgical, maladie nosocomiale) est aussi élevé que le risque pour un soldat de mourir en mission en Afghanistan ou en Irak1.

Les médicaments sont aussi une cause majeure d’accidents: deux fois plus de personnes en Grande-Bretagne meurent suite aux effets secondaires de leurs médicaments prescrits sur ordonnance que d’accidents de moto.

Il est probable que les mêmes chiffres pourraient être observés dans les autres pays industrialisés. En France, les autorités reconnaissent officiellement 10.000 morts par an2. Mais loin d’essayer de stopper cette hécatombe, leur priorité est actuellement de lutter contre... les médecines naturelles!

Médecines naturelles: où sont les morts?

Selon la même étude, une personne présente 293.006 fois plus de risques de mourir d’un incident médical évitable, que d’avoir consommé des vitamines ou des compléments alimentaires. Le risque de mourir suite à la prise de médicaments est 62.000 fois plus élevé qu’avec des vitamines ou des compléments alimentaires.

En fait, le risque de mourir après avoir pris un complément alimentaire est aussi faible que celui de mourir foudroyé.

Les seuls cas graves répertoriés récemment concernent deux personnes aux États-Unis, qui ont, sur une longue période, consommé de la vitamine D à des doses 2.000 fois plus élevées que l’apport journalier recommandé. Cela s’est produit suite à une erreur de fabrication et d’étiquetage. Elles ne sont toutefois pas décédées mais ont souffert de douleurs musculaires, de soif intense, de fatigue, de troubles mentaux et de troubles rénaux3.

Une offensive sans précédent contre les médecines naturelles

Cela n’empêche pour autant pas les autorités sanitaires européennes d’avoir les produits naturels dans leur collimateur. Une offensive sans précédent est en train d’avoir lieu en ce moment, avec la mise en application définitive du règlement 1924/2006/CE, qui interdit aux fabricants de produits naturels pour la santé d’informer le public des effets favorables possibles de leurs produits, sauf autorisation spéciale de Bruxelles.

Officiellement, il s’agit bien sûr de «protéger le consommateur». Dans les faits, Bruxelles rejette 95% des demandes qui lui sont faites, ce qui sème la panique et le désespoir dans un secteur constitué en majorité de petites entreprises artisanales qui ne peuvent pas se défendre.

Le résultat est que ce sont aujourd’hui les grands groupes pharmaceutiques, seuls capables de discuter avec Bruxelles à armes égales et d’obtenir ces fameuses «autorisations d’allégations thérapeutiques», qui font leur marché parmi les entreprises mises artificiellement en faillite par cette nouvelle réglementation. Ni vu ni connu, ces groupes sont en train de s’emparer du secteur des compléments alimentaires et de réorganiser la production à leur manière.

Le business model, le modèle d’affaires ou bien d’entreprise, de l’industrie pharmaceutique

Pour l’industrie pharmaceutique, les choses sont simples: vu le coût de la recherche, des études cliniques pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché et l’étude des techniques de l’emballage et du conditionnement, vu la publicité et les emballages de leurs médicaments eux-mêmes, les campagnes publicitaires ainsi que les marges prises par les grossistes, les pharmaciens (plus de 30%) et les grandes sociétés pharmaceutiques (de 15 à 20% de leur chiffre d’affaires) et le risque qu’elles se retrouvent ensuite à payer des milliards d’euros de dommages et intérêts si leurs médicaments provoquent des accidents (Merck a du payer 4,9 milliards de dollars pour clore les poursuites sur le Vioxx ; GlaxoSmithKline a été condamné à 3 milliards de dollars d’amende en juillet 2012), elles ne peuvent pas se permettre de dépenser plus que quelques centimes par boîte de médicament  pour la matière première, y compris lorsque cette boîte est vendue plusieurs dizaines d’euros au patient.

Les compléments alimentaires condamnés au même traitement?

Donc le risque est que les financiers de l’industrie pharmaceutique, en s’emparant du secteur des compléments alimentaires, veuillent lui appliquer leurs schémas de pensée: réduire au maximum la teneur en ingrédients actifs et augmenter le prix de vente.

Le problème des compléments alimentaires est que, contrairement aux médicaments, ils ne peuvent pas être efficaces en-dessous d’un certain dosage.

Plusieurs grandes entreprises vendant des compléments alimentaires pratiquent déjà cette politique scandaleuse: vendre des pilules qui, en fait, ne contiennent pas assez d’ingrédients pour avoir un quelconque effet. Mais le délai pour s’en apercevoir étant en général de plusieurs semaines ou plusieurs mois, les acheteurs sont désarmés. Le seul moyen de se protéger est de s’informer soi-même sur les doses efficaces de tel ou tel nutriment (le dosage est obligatoirement indiqué sur l’emballage), mais il va sans dire que ce n’est pas à la portée du plus grand nombre.

Selon Thierry Souccar, auteur du livre Le Nouveau Guide des vitamines4, «on trouve encore sur le marché des multivitamines/minéraux (MVM), à raison d’une unité de prise par jour.

Malheureusement ces formulations, a minima, ne permettent pas d’ingérer la quantité optimale de nutriments nécessaires, notamment en minéraux comme le magnésium ou le potassium. Il faudra donc souvent encadrer ces MVM par des formules complémentaires».

«Plus cher, c’est souvent mieux que pas cher du tout»

D’autres fabricants, honnêtes, mettent ce qu’il faut comme ingrédients et sous des formes qui sont assimilables. Cela coûte plus cher mais, toujours selon Thierry Souccar: «Plus cher, c’est souvent mieux que pas cher du tout: certaines marques pratiquent des prix élevés par un simple calcul marketing mais, en règle générale, les prix élevés s’expliquent par une formulation qui fait appel à des ingrédients de qualité (par exemple la vitamine E naturelle avec ses 4 tocophérols et ses 4 tocotriénols, plutôt que de l’alpha-tocophérol synthétique). Lisez soigneusement les étiquettes. En général, les marques de supermarché sont à éviter. Les meilleurs produits se trouvent dans les bonnes pharmacies, les magasins diététiques, lors de la vente par correspondance et sur Internet».

Notre seule stratégie de défense contre l’offensive de l’industrie pharmaceutique sur les compléments alimentaires naturels est donc la vigilance: n’acheter que des produits correctement dosés et si possible, aux producteurs indépendants.

C’est notre seul espoir que ces produits, rendus parfois indispensable au maintien de la santé du fait de notre mode de vie, ne se retrouvent pas très vite entre les mains de trois ou quatre géants internationaux qui nous feront avaler ce qu’ils auront décidé, et aux prix qu’ils auront fixés.

Sources :

1 Alliance for Natural Health http://anhinternational.org/news/anh-exclusive-natural-health-products-ultra-safe-and-drugs-dangerous-war

2 Le Monde, 11 janvier 2009.

3 Araki T, Holick MF, Alfonso BD, Charlap E, Romero CM, Rizk D, Newman LG. Vitamin D Intoxication with Severe Hypercalcemia due to Manufacturing and Labeling Errors of Two Dietary Supplements Made in the United States. J Clin Endocrinol Metab. 2011 Dec;96(12):3603-8.

4 T. Souccar, Le Nouveau Guide des Vitamines, Thierry Souccar Éditions, 2012.

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