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La mort d’une jeune Indienne victime d’un viol inspire une vague de protestations

Écrit par Venus Upadhayaya, Epoch Times
21.01.2013
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  • Le 8 janvier 2013, lors des manifestations à New Delhi, des étudiants indiens scandaient des slogans dénonçant l’opprobe de certaines personnalités publiques en Inde à l’égard des femmes victimes de viol. Des manifestations massives à la suite du décès d’une femme de 23 ans, battue et violée à bord d’un autobus à New Delhi, a suscité un nouveau réveil du sens du devoir civique et d’une nouvelle foi dans le militantisme en tant que vecteur du changement. (Sajiad Hussain/AFP/Getty Images)

Le viol collectif d’une jeune femme à bord d’un bus à New Delhi et la mort conséquente de celle-ci ont suscité un nouveau réveil du sens du devoir civique et d’une nouvelle foi dans le militantisme en tant que vecteur du changement.

L’efficacité des manifestations collectives éphémères qui apparaissent un jour puis s’essoufflent le lendemain a rendu de nombreuses personnes sceptiques, en Inde comme à l’étranger. Mais cette fois-ci, la mobilisation s’est faite en toute spontanéité, sans l’intervention d’une association militante ou d’un parti politique. Bravant le froid hivernal, les gens se sont rassemblés de leur propre gré pour allumer des bougies en hommage à la jeune femme qu’ils appellent «cœur vaillant».

«L’année dernière, lorsque des manifestations de protestation contre la corruption ont eu lieu, menées par Anna Hazare, les gens y ont participé en grand nombre, mais ces manifestations n’ont pas eu de suite et n’ont pas changé les choses», déplore Rishab P. Nair, membre de l’association Bikers for Good Initiative («motards pour la bonne initiative») qui a assisté à la manifestation silencieuse organisée à l’India Gate à New Delhi, en soutien à la victime du viol.

«Cette fois, les gens en ont ras-le-bol de voir naître d’énormes mouvements menés par les dirigeants, puis de les voir s’essoufler. En conséquence, les gens ont voulu arranger les choses par eux-mêmes. Des mains se sont tendues par delà les différentes classes sociales», raconte-t-il. «Auparavant, nous nous croyions incapables de faire changer les choses pour quelqu’un qui traversait une passe difficile. Cette fois-ci, par contre, chacun se sent responsable pour tous les autres».

Par le passé, les Indiens s’étaient déjà rassemblés pour exprimer leur indignation à l’égard de la manière des autorités indiennes d’instruire les affaires de viol, et pour soutenir la sécurité des femmes. Mais les manifestations passées demeuraient isolées et cantonnées à leur région, perdaient rapidement leur entrain et ont rarement inspiré une participation aussi massive des jeunes.

Parmi les manifestants, de nombreuses femmes s’identifient à la victime violentée, explique Bitopi Dutta, spécialiste de l’action sociale d’aide aux femmes au Centre de recherche sociale du Nord-Est, à l’université de Guwahati dans l’État indien d’Assam. Bien des femmes sont confrontées à toutes sortes de harcèlement et de danger sur les routes, à bord de bus, dans le métro et les rues de Delhi.

«Lorsqu’une fille subit le harcèlement dans la rue, elle en fait part aux hommes de sa famille ainsi qu’à des amis, lesquels prennent conscience de l’existence de ces atrocités. Ainsi, bien que le harcèlement soit une expérience vécue seulement par les femmes, il devient également une expérience personnelle pour les hommes qui se sentent concernés», explique Mme Dutta.

Le nom de la jeune victime n’a pas été divulgué (quand bien même on apprend dans les publications de certains média que le père de la jeune femme aurait révélé son nom, d’autres reportages affirment que le père a choisi de le taire), mais le public l’a surnomme Nirbhaya («sans peur») et Damini («éclair»).

Elle rentrait chez elle en bus avec un ami, après avoir été voir au cinéma L’Odyssée de Pi, et c’est alors qu’elle a été battue et violentée avant d’être laissée pour morte sur le bord de la route, tout comme son compagnon. Plus tard, elle mourra à l’hôpital.

On dit que les policiers arrivés sur place auraient passé du temps à cogiter si l’affaire relevait de leur juridiction avant de porter secours, et qu’aucun passant ne se serait arrêté auprès des deux victimes. Les manifestants interrogés ont déploré le fait que les dossiers relatifs aux affaires de viol ont bien souvent du mal à évoluer dans les couloirs de l’appareil judiciaire, alors que la sécurité des femmes n’est pas assurée.

Au cours des semaines suivant le viol, des milliers d’Indiens sont descendus dans les rues de New Delhi. Dans la foulée, les rassemblements ont gagné les villes de Bangalore, Hyderabad, Guwahati, Kolkata, Mumbai et Jammu.

Les manifestations de masse à l’échelle nationale ne sont pas un phénomène totalement nouveau pour l’Inde. Il y a plus d’un demi-siècle, le Mahatma Gandhi conduisait des manifestations de masse alors que l’Inde luttait pour gagner son indépendance et s’affranchir de la tutelle coloniale britannique. Récemment, des manifestations contre l’énergie nucléaire ont galvanisé des militants à travers le pays.

Toutefois, la plupart de ces manifestations ont été menées par un militant ou un chef de file politique. Cette fois-ci, en revanche, les gens s’insurgent de leur propre chef.

Selon Mme Dutta, les médias ont joué un rôle essentiel dans la montée du militantisme, étant donné que les actualités de Delhi atteignent facilement tous les coins du pays grâce aux grands médias nationaux.

Au sujet du rassemblement au pied de l’India Gate, M. Nair a témoigné que «l’ambiance y était très vive», que le lieu de rassemblement respirait une forte synergie et, enfin, que, pour la première fois, il a senti que sa participation pourrait changer les choses.

Au lieu de rester chez lui, vautré, à regarder les informations sur écran et discuter politique et société avec ses amis, M. Nair s’est senti, pour la première fois, motivé pour descendre dans la rue et réagir de vive voix.

À la manifestation, des personnes qui ne se connaissaient pas échangeaient leur point de vue avec enthousiasme, discutant de ce qui devrait être fait et comment y parvenir, raconte M. Nair. Certains appelaient à punir les malfaiteurs sur la place publique, d’autres dénonçaient la faible part des violeurs à se faire incarcérer, d’autres encore, plus avisés, ont parlé de solutions concrètes.

Les manifestants n’étaient pas exclusivement des femmes, il y avait aussi beaucoup d’hommes.

«Les hommes étaient fort préoccupés», affirme M. Nair. «Ils parlaient de protéger non seulement leurs sœurs ou mères, mais aussi toutes les femmes sur les routes du pays qui avaient besoin de leur aide».

Le lundi 7 janvier, les six présumés coupables, dont un mineur, ont comparu devant un tribunal à procédure accélérée, mis en place par le gouvernement. En réponse aux manifestations de protestation et aux revendications pour une meilleure sécurité pour les femmes à New Delhi, les autorités de l’État ont annoncé la mise en place d’un service d’assistance téléphonique pour les femmes en détresse. Les femmes pourront appeler à l’aide en composant le 181. Cela étant dit, le service n’a pas encore été activé.

Par ailleurs, les manifestations ont aussi exigé des autorités du réseau ferroviaire central indien qu’elles améliorent la sécurité à bord des trains pour Mumbai pour les femmes qui les empruntent. Les autorités ont promis que les voitures réservées aux femmes seront prochainement équipées d’un bouton d’urgence, et que chaque voiture, mixte ou réservée, sera équipée d’une caméra de vidéosurveillance.

Version anglaise: Indian Rape Victim Inspires New Wave of Public Activism

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