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Las Ramblas, le cœur magnétique de Barcelone

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
24.01.2013
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  • Le pont en pierre sculptée de style néogothique qui sert aussi de passerelle dans la Carrer del Bisbe a été ajouté en 1928. (Charles Mahaux)

Las Ramblas, le cœur magnétique de Barcelone. Ville de Miró et de Gaudí, Barcelone est d’abord un grand port de la Méditerranée. Vue du large, elle ressemble à un éventail encaissé qui s’ouvre au fur et à mesure qu’on la pénètre. Son centre de gravité tient en son plus vieux quartier, le «casco antiguo», celui où tout voyageur se glisse avec la sensation d’une étrange intimité qu’il partage avec tous ceux qui, comme lui, se laissent emporter par la foule qui envahit chaque jour la promenade de las Ramblas.

Les ailes largement déployées, un ange noir, tacheté d’étoiles dorées, est assis sur un banc, également noir et pailleté d’étoiles. D’une main, il tient une partition ouverte; l’autre main est posée sur le dossier du banc, comme si l’archange attendait que quelqu’un ose s’asseoir à ses côtés. Il ne bouge pas, pétrifié dans un mouvement qui semble s’être figé sur une note perdue. Le temps s’écoule et l’ange noir reste impassible, indifférent aux passants pressés qui interrompent pourtant leur course pour lui jeter un regard surpris. Soudain, une jeune femme s’aventure et vient s’asseoir sur le banc. L’ange sort alors de sa quiétude et dans un gracieux mouvement d’ailes, il se met à siffler une joyeuse farandole qu’il termine par un léger baise-main. Rougissante, la jeune femme le quitte sous les applaudissements de la foule, plusieurs pièces viennent tinter au creux d’une sébile déposée au pied du banc. L’ange noir a repris sa place, muré une fois de plus dans son silence, dans l’attente d’une nouvelle visite.

Le pouls de la ville

L’avenue populaire de las Ramblas est, dit-on, la promenade qui réunit le plus grand nombre de statues vivantes au monde. On y rencontre, entre autres, Che Guevara, Charlie Chaplin, Sitting Bull, autant de gens du spectacle qui gagnent leur vie en se déguisant des pieds à la tête. Ainsi maquillés, ils s’installent sur une estrade et restent là, immobiles, des heures durant, jusqu’à ce que quelqu’un les félicite pour leur prestation. Quand ils entendent tomber une pièce de monnaie sur l’assiette, ils secouent leur apparente apathie et font un mouvement pour remercier la générosité de celui qui leur a offert une pièce d’argent.

Ce ballet de saltimbanques et de musiciens de rue transforme l’avenue en un cirque improvisé pour le plus grand plaisir du public. Lieu incontournable de rendez-vous, las Ramblas est devenu la carte postale de la ville. Pour comprendre l’importance culturelle du site, il faut se souvenir du sens et de la tradition que recouvre le mot paseo  : promenade en fin d’après-midi où autrefois les hommes et les femmes se croisaient, échangeaient des œillades et même certains lançaient des piropos, ces compliments joliment tournés pour accrocher l’attention des jeunes filles timides. Aujourd’hui, les jeunes gens se rencontrent sur les bancs d’école et dans les discothèques, mais la tradition de la promenade demeure, le long de las Ramblas.

Le célèbre boulevard doit son nom à une petite rivière qui coulait jadis à cet endroit et que les Arabes, qui occupèrent un temps la ville, appelèrent ramia. Bordé de palais élégants et de demeures excentriques, il change de nom et de décor tous les cinq cents mètres. Rambla dels Estudis  : des perroquets, des perruches, des tourterelles, des canaris et même des tortues. Rambla Sant Josep  : des œillets et des roses, des hortensias et des frésias, de jolis bouquets ronds au parfum capiteux. Rambla de Canaletes  : des piles de journaux, des guides de voyage, des livres anciens, des cartes postales et des calendriers. Assis à l’ombre des platanes, de vieux couples se rassemblent pour commenter toute cette foule qui défile, portée par le désir de voir mais aussi d’être vue, avant de s’abîmer, tout au bout de la promenade, dans la contemplation de la mer pointée du doigt par Christophe Colomb, dont la haute statue signale la fin du parcours de las Ramblas.

  • Le Musée Maritime abrite la reproduction du submersible construit en 1859 par Monturiol, le Ictineu 1, destiné à la pêche du corail. Il fut le premier navire à avoir la coque double. (Charles Mahaux)

Tout bouge mais rien ne change

À croire que le ressac de la Méditerranée pénètre jusqu’au cœur de las Ramblas. Il est à peine 6 heures du matin, les ouvriers de la voirie ont noyé les trottoirs sous des trombes d’eau. La lumière est douce, l’air encore frais, et déjà la ville s’éveille. Au fil des heures, elle prend peu à peu les allures d’une ruche étourdissante avec cet écoulement incessant de véhicules et de piétons pressés qui la traversent de part en part, épousant, sur las Ramblas, un mouvement calqué sur le flux et le reflux de la houle marine. Les kiosques à journaux n’ont pas fermé de toute la nuit, un oiseleur ordonne soigneusement ses cages de serins et de canaris, une fleuriste disparaît sous une brassée de roses rouges, les premiers touristes envahissent les terrasses pour y prendre leur petit déjeuner.

Sur la droite, dans un renfoncement de la Rambla Sant Josep, un bourdonnement signale l’entrée des halles de la Boquería  : cris des marchandes de poissons qui règnent sur une population de morues salées, de sardines fraîches et de mollusques encore vivants; harangues des maraîchères qui rivalisent d’audace créatrice dans l’amoncellement des couronnes de fruits et de légumes. D’un étal à l’autre, les éclats de voix et de rires fusent dans un joyeux charivari. On échange les dernières nouvelles, on salue les habitués, on déguste un chocolat fumant accompagné de churros, ces longs beignets croustillants.

Tôt dans la matinée, Barcelone vibre déjà d’une énergie toute contagieuse. Ici, on marche d’un bon pas, la ponctualité n’est pas un vain mot, les heures d’ouverture des magasins sont les plus étendues d’Espagne. Le temps est précieux, il est l’axe autour duquel la vie s’articule. Laborieuse de jour, fêtarde la nuit, telle est Barcelone qui ne sacrifie pas un instant de vie, même pour faire la sieste! Il faut attendre le soir qui étend un voile paisible sur la ville pour prendre enfin le temps. Celui de flâner, le nez au vent, sur las Ramblas, celui de se rencontrer sur les terrasses, à l’ombre des platanes, ou autour d’un pa amb tomaquet, morceau de pain légèrement grillé sur lequel on frotte une tomate additionnée de quelques gouttes d’huile d’olive et de sel.

Cité mosaïque

Aorte vitale de la capitale catalane, las Ramblas sépare la vieille ville en deux pôles distincts et pourtant complémentaires, le Barrio Gótic et le Barrio Xinès. Ces deux quartiers ne sont que lacis de ruelles étroites qui invitent à musarder, à l’écoute des échos d’autrefois. Le premier, le Barrio Gótic, rassemble des palais et des églises érigées au Moyen Âge sur le site même de l’ancienne colonie romaine fondée par l’empereur Auguste. Ici la puissance s’inscrit à même la pierre, en arcs surélevés, en gargouilles hautaines, en rosaces flamboyantes. La cathédrale domine tous les édifices monumentaux et institutionnels qui bordent l’enchevêtrement des venelles. Fameuse pour ses stalles, elle l’est encore davantage pour son cloître, véritable oasis de paix dans cette ville animée, avec son fouillis de palmiers et de magnolias, ses fontaines où s’ébattent des colonies de moineaux et puis, surtout, son troupeau d’oies râleuses. La tradition veut qu’elles soient toujours treize à veiller sur la cour, en souvenir de l’âge auquel mourut Sainte Eulalie, patronne de la cathédrale.

Cet entrelacs de ruelles se prolonge jusqu’au pied de Santa Maria del Mar, une basilique d’un pur gothique catalan qui domine la «  Ribera  ». Au Moyen Âge, la mer venait jusqu’ici et le quartier a préservé la physionomie d’un village portuaire avec ses échoppes où alternent commerces traditionnels et boutiques de créateurs. Les noms des rues évoquent encore les vieux métiers  : tanneurs, cardeurs, argentiers. C’est là aussi que s’est installé le musée Picasso, dans trois palais médiévaux qui abritent quelque cinq mille toiles. Le lieu idéal pour suivre le cheminement de sa pensée, ses bonds en avant, ses écarts, ses volte-face.

L’autre facette de las Ramblas évoque également Picasso, car c’était jusqu’il y a peu encore le quartier des prostituées, celles de la carrer de Avinyo qui ont inspiré le jeune peintre durant la période bleue des Demoiselles d’Avignon. Le Barrio Xinès n’a rien de chinois malgré son patronyme. On raconte que l’origine du nom remonte au début du XXe siècle. À l’époque, les inspecteurs de police du quartier malmenaient les voleurs qu’ils arrêtaient avec une petite pierre que l’on appelait la china. Aujourd’hui, le quartier a perdu son côté populaire et canaille, il recule devant les grues et les pelleteuses qui ont aéré ses ruelles, comme aspiré par l’attraction spectaculaire du Musée d’Art Contemporain, un paquebot de verre et de blancheur qui communique au quartier un souffle artistique futuriste. Ce n’est pas pour rien que le Barrio Xinès est devenu le lieu de prédilection des artistes et des écrivains qui aiment à s’y retrouver, entre autres, à la casa Leopoldo, tenue depuis 1929 par la même famille. Décors en bois, miroirs piquetés, murs d’azulejos jaunes et bleus, tables cerclées de zinc, tout y rappelle la belle époque que ne boudent pas les amateurs de design.

Toute information complémentaire peut être obtenue sur le site très complet et bien actualisé  : www.barcelonaturisme.com

 

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