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David Cameron, ou l’Europe à quitte ou double

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
28.01.2013
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  • u00abSi nous quittons l’Union européenne, ce sera un aller simple, sans retour», a dit David Cameron, Premier ministre britannique, le 23 janvier 2013 à Londres. (Ben Stansal/AFP/Getty Images)

Au terme d’un discours fleuve ce mercredi 23 janvier, le Premier ministre britannique David Cameron a défendu la nécessité de revoir les règles de fonctionnement de l’Europe et annoncé la tenue d’ici fin 2017 d’un référendum sur l’appartenance de son pays à l’Union européenne. Il se dit cependant prêt à défendre le maintien du Royaume-Uni au cœur de l’Union, mais à condition d’en renégocier les règles qu’il considère comme défavorables à son pays.

L’économie britannique sévèrement secouée par la crise

Avec une baisse de son Produit Intérieur Brut (PIB) de 0,3% au dernier trimestre 2012, l’économie britannique aborde sa troisième phase de récession depuis le début de la crise en 2009 et n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2007. Un phénomène qu’elle n’avait pas connu depuis 1920. La dette publique du pays approche les 90% du PIB et, contrairement aux espoirs du gouvernement, la baisse de la livre sterling n’a pas permis de relancer les exportations britanniques, qui restent dépendantes à près de 50% de la zone Euro. Enfin, l’inflation (2,7% en 2012) est supérieure à la hausse des salaires (1,7% en 2012) et accentue la baisse du pouvoir d’achat. Les Britanniques se précipitent donc sur les sites de commerce en ligne (11% de leurs dépenses), ce qui entraîne une fermeture accélérée des commerces traditionnels (3,6% des magasins ont fermé au 4e  trimestre 2012) et accentue la dépression de la population.

L’Europe apparaît donc comme le parfait bouc émissaire d’une opinion agacée par la perte de son pouvoir d’achat et une politique d’austérité sans précédent. Aussi, en affirmant que «les gens ont le sentiment que l’Union va dans une direction à laquelle ils n’ont pas adhéré... », «qu’ils vivent mal les interférences dans notre vie nationale, par des lois et règlements qu’ils considèrent comme superflus», David Cameron cède donc à l’aile nationaliste du parti conservateur et tente de regagner un électorat susceptible de le réélire en 2015.

L’Europe doit se réformer pour renforcer sa compétitivité

Au-delà des ambitions électorales de David Cameron, la condition d’un maintien du Royaume-Uni dans l’UE repose pour lui sur cinq principes qu’il entend faire adopter lors d’une future négociation avec ses partenaires. En premier lieu, un approfondissement du Marché Unique européen, en particulier «dans le domaine des services, de l’énergie et du numérique» , qu’il estime insuffisamment développé. Il plaide également pour une «Union plus légère, moins bureaucratique», et capable de s’adapter à la diversité des aspirations de ses membres plutôt que de tendre vers une structure uniformisée. Ses troisième et quatrième principes reposent sur une diminution des pouvoirs législatifs européens en matière environnementale, sociale, criminelle et un renforcement parallèle du pouvoir et du rôle des parlements nationaux. Ceux-ci sont à ses yeux les vrais détenteurs du pouvoir démocratique. Enfin, après avoir rappelé que le Royaume-Uni n’adhèrera pas à l’euro dans le futur, David Cameron réclame une meilleure «équité» envers les non-adhérents à la zone euro. 

Pour David Cameron, l’Europe devrait pour l’essentiel se limiter à l’existence d’un marché unique, au sein duquel une zone euro pourrait exister, mais avec une cohésion politique et une délégation de pouvoirs envers les instances européennes limitées au strict minimum.

Les Britanniques risquent de perdre beaucoup en quittant l’Europe

«Si nous quittons l’Union européenne, ce sera un aller simple, sans retour», a-t-il ajouté. C’est donc bien un chantage avec menace de Brexit (pour «British Exit»). La presse britannique s’en est aussitôt félicitée, ainsi que quelques dirigeants très conservateurs, comme celui de Rolls Royce ou de Burberry.

De nombreux dirigeants britanniques se sont cependant publiquement inquiétés de la possibilité d’une sortie de l’UE: ainsi, en présentant ses vœux, John Cridland, le directeur général de la confédération patronale (CBI) a déclaré: «Les entreprises ne veulent pas que l’on jette le bébé avec l’eau du bain, pas avec 50% de nos exportations en direction de l’Europe». En effet, une sortie de l’UE signifierait une hausse immédiate des droits de douane, donc une perte de compétitivité des produits anglais en Europe. Du coup, les investisseurs étrangers qui profitent des taux d’imposition très bas du Royaume-Uni sur les bénéfices des entreprises (21% actuellement), pourraient être tentés de délocaliser vers l’Europe continentale. Même climat à la City, première place financière européenne et qui représente 9,6% du PIB britannique, où il y a un risque réel de voir son influence décliner sérieusement. Son prédécesseur, Tony Blair, en a profité pour comparer ironiquement David Cameron au shérif du film de Mel Brooks qui s’exclame, avec un pistolet sur la tempe: «Si vous ne faites pas ce que je dis, je me fais sauter la cervelle».

Côté européen, le discours a été froidement accueilli même si certaines critiques formulées par David Cameron sont recevables. Tout en regrettant la décision britannique, le président français François Hollande a estimé que «l‘Europe doit se prendre telle qu’elle est», mais la chancelière allemande Angela Merkel s’est quant à elle déclarée prête à discuter des «souhaits» formulés par le Royaume-Uni. Il reste que peu de pays européens sont tentés de renégocier un traité que leur parlement et population ont eu des difficultés à adopter.

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