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L’interdiction du bisphénol A, un pavé dans la mare

Écrit par Ivo Paulovic, Epoch Times
30.01.2013
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  • La ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, Delphine Batho, quitte l’Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet des ministres, le 19 décembre 2012. Elle est en charge de la prévention des risques environnementaux. (Bertrand Guay/AFP)

Le 24 décembre 2012, une loi interdisant le bisphénol A dans tous les contenus alimentaires a été promulguée par le gouvernement français. Cette loi dont le texte a été adopté au Sénat le 13 décembre dernier, est saluée comme une avancée majeure pour la protection de l’environnement et place la France au premier rang des pays ayant pris une telle décision.

Un des défis majeurs de ce siècle sera sans doute la question des déchets plastiques. La valorisation de ces polymères, leur incinération ou leur recyclage sont des sujets qui devront être traités de gré ou de force. Moins de 20% des plastiques sont recyclés en France et il ne s’agit que de deux types de plastique. Reste à savoir si un telle entreprise est réalisable à l’échelle nationale et mondiale et pour quels rendements.

Une avancée majeure dans la protection du consommateur

La toxicité des plastiques est de plus en plus remise en cause. Même si le plastique brut tel que le PVC (polychlorure de vinyle) est réputé sans danger pour la santé, de nombreux additifs qui modifient ses propriétés physiques sont très toxiques.

C’est le cas des phtalates dont le bisphénol A fait partie. Les phtalates sont utilisés depuis plus de 50 ans pour rendre les plastiques plus flexibles, résistants aux températures extrêmes ou aux chocs mécaniques. 90% des phtalates sont destinés à être mélangés au PVC dont ils peuvent représenter jusqu’à 50% du poids pour les matériaux souples comme les rideaux de douche ou les biberons.

La nouvelle loi prévoit l’interdiction de deux phtalates, le bisphénol A (BPA) dans les produits alimentaires pour bébés à partir de 2013 et le phtalate DEHP dans les dispositifs médicaux. Pour l’interdiction de ces deux additifs dans les produits alimentaires courants tout public, il faudra attendre 2015.

Selon la ministre de l’Écologie Delphine Batho, la France se positionne en «pionnière de prévention des risques sanitaires environnementaux et en particulier sur la question des perturbateurs endocriniens qui doit être un chantier prioritaire».

En 2011, l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a pointé le BPA comme cancérigène et neurotoxique. Le BPA est également qualifié de perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il perturbe le fonctionnement des glandes hormonales chez l’homme et peut avoir des conséquences sur la santé ainsi que sur la santé de ses descendants. Certaines études mettent en cause le BPA dans certaines fausses couches, dans l’obésité, les cancers ainsi que la baisse de la fertilité chez l’être humain.

Un impact très limité

Les matières plastiques sont issues du raffinage du pétrole et de la distillation du charbon. Les différentes substances passent par la polymérisation, procédé qui consiste à assembler les petites molécules en de longues chaînes. Le plastique brut se présente sous forme de poudre blanche. La poudre est ensuite mélangée à des additifs qui confèrent au plastique toutes les propriétés voulues. La couleur, la texture, la brillance, la plasticité, la résistance, toutes ces propriétés sont induites avec une quantité impressionnante d’additifs allant d’extraits naturels à des métaux lourds. En règle générale, plus un produit en plastique présente des propriétés étonnantes, et plus sa composition est chargée d’additifs.

Le chimiste Katsuhiko Saido a découvert que dès 30°C, les additifs toxiques comme le BPA se décomposent et peuvent se mélanger à l’eau. «Même les scientifiques pensaient que les matières plastiques étaient propres, légères, solides, incassables voire indestructibles, mais nos travaux ont révélé que les monomères issus de la décomposition des matières plastiques sont toxiques», a-t-il révélé dans le documentaire Le plastique: menace sur les océans. C’est ainsi qu’il a découvert, en analysant l’eau marine un peu partout dans le monde, des concentrations élevées de BPA et d’autres additifs.

245 millions de tonnes de matières plastiques ont été fabriquées en 2008 et 143.000 substances synthétiques se trouvent aujourd’hui sur le marché, dont 870 ont été identifiées comme des perturbateurs endocriniens. L’identification et la gestion de ces additifs sont encore très mal connues, mais il existe d’autres difficultés, notamment pour le recyclage.

La France se positionne à la 21e place européenne pour le recyclage avec seulement deux types de plastiques recyclés. Sont recyclées les bouteilles transparentes ou colorés en PET (poly téréphtalate d’éthylène), ainsi que les bouteilles opaques en PEHD (polyéthylène haute densité) comme les bouteilles de lait. Le reste des plastiques est incinéré, enfoui sous terre ou déposé dans une décharge à ciel ouvert.

Le recyclage est très coûteux car le plastique nécessite plusieurs étapes de lavage et il n’est pas recyclable à l’infini comme le verre, donc il finira à la décharge un jour ou l’autre. Après le lavage, le plastique est broyé et mélangé à de l’eau pour être séparé des résidus et le broyat peut être réutilisé pour un nouveau cycle de produits. Le recyclage se heurte aussi aux matériaux composites, faits de plusieurs couches différentes souvent tenues ensemble avec des colles fortes, ou pire, qui contiennent de minuscules particules plastiques qui, à ce jour, ne peuvent être qu’incinérées dans le meilleur des cas.

Pour en savoir plus, lire: L’ère du tout jetable

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