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L'ombre de la corruption dans la vie quotidienne en Inde

Écrit par Venus Upadhayaya, Epoch Times
09.01.2013
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  • Des partisans du militant anticorruption Anna Hazare participent à un rassemblement le 29 juillet 2012 à New Delhi. (Sajjad Hussain/AFP/Getty Images)

PUDUCHERRY, Inde – Les lumières se sont éteintes dans une école pour enfants défavorisés à Puducherry, une ville côtière dans le sud-est de l'Inde. L'enseignante n'avait pas versé le pot-de-vin pour l'électricité.

L'enseignante intransigeante sur le plan moral, qui désire conserver l'anonymat et que nous appellerons «Archana», a refusé de graisser la patte des fonctionnaires du département local qui gère l'approvisionnement en électricité.

L'électricité éclaire les résidences adjacentes à l'école, alors que la majorité des résidents ont versé des pots-de-vin. En Inde, c'est comme ça : pas de pot-de-vin, pas d'électricité.

Le mouvement anticorruption en Inde a pris de l'ampleur en 2012, générant de grandes manifestations. Alors que le mouvement, lancé par la militante Anna Hazare, a réussi à provoquer un débat sérieux sur les lois et les politiques, rien n'a changé au jour le jour pour les Indiens qui continuent de succomber aux pressions d'un système corrompu.

«Nous utilisons un générateur», mentionne Archana. «Je me demande pendant combien de temps je pourrai respecter mes principes. Puisque je construis un nouvel édifice pour l'école, je recherche des sources d'énergie alternatives afin de ne pas avoir à verser de pots-de-vin au département de l'électricité.»

En dépit d'un budget extrêmement serré, l'organisation caritative d'Archana se bute à des fonctionnaires corrompus à chaque coin de rue. Lorsqu'elle a voulu faire une demande pour obtenir des fonds du gouvernement fédéral pour l'école, des responsables lui ont demandé une part de 10 % du montant qu'elle obtiendrait.

«Cela veut dire que si je demande 600 000 roupies (environ 10 000 dollars), je dois payer 60 000  roupies (1000 dollars) en pots-de-vin», explique-t-elle.

«C'est une question d'attitude du public en Inde», estime Archana. «La corruption existe parce que nous ne nous comportons pas comme des citoyens normaux. Nous ne voulons pas faire la queue et attendre notre tour dans les bureaux du gouvernement et des services publics. Nous voulons nous faciliter la vie en soudoyant les fonctionnaires corrompus et ainsi nous rendons le système encore plus corrompu.»

Archana n'est pas seule dans son combat. Pratiquement chaque personne en Inde a une histoire à partager dans laquelle elle a été forcée de soudoyer, a soudoyé volontairement pour contourner certaines règles ou a résisté à la corruption.

Sampad, un spécialiste du sanskrit dans l'État oriental d'Orissa ne voulant pas révéler son nom complet, raconte comment les enseignants dans son village sont tourmentés par la corruption des responsables du ministère de l'Éducation.

«Depuis plusieurs années, ces professeurs employés dans les écoles publiques sont très frustrés parce qu'ils sont obligés de verser une partie substantielle de leur salaire en pots-de-vin aux fonctionnaires du ministère de l'Éducation», explique Sampad. Si un enseignant refuse de payer, alors les fonctionnaires émettent un état indiquant que l'enseignant a déjà été payé, mais sans avoir déposé le salaire.

«Ainsi, on se plie à la volonté des responsables corrompus.»

Bien que la corruption soit répandue, elle est tout de même dissimulée et on n'en fait certainement pas l'étalage. Gopika Mahesh, une étudiante en ingénierie à Bangalore, raconte un incident survenu à son université qui a été étouffé pour protéger la réputation de l'établissement.

«Mon ami n'avait pas bien étudié pour les examens de mathématiques», explique-t-elle. «Il a donné 2000 roupies au professeur et a obtenu les questions d'examen. Il a tout de même échoué, puisque les questions ont changé à la dernière minute. Il a ensuite donné 10 000 roupies au même professeur pour passer l'examen. Il y avait 68 étudiants à l'université qui avaient fait la même chose.»

Elle indique que le professeur a été renvoyé et que les étudiants ont dû refaire l'examen, mais la nouvelle de l'incident n'a pas été divulguée au public. Mme Mahesh a demandé que le nom de l'université ne soit pas publié pour qu’elle ne s’attire pas des ennuis. Un haut responsable de l'université souhaitant conserver l'anonymat a confirmé l'affaire.

Beaucoup d'Indiens sont maintenant habitués de soudoyer, l'attitude prédominante est que graisser la patte n'est pas grave, aussi longtemps que les gens peuvent obtenir ce qu'ils désirent.

Swati Ramanathan, cofondateur du Janaagraha Center for Citizenship and Democracy, estime que la «corruption provoque la corrosion de l'éthique et des valeurs de toute la société et affecte tous les aspects de nos vies quotidiennes».

Ramanathan affirme qu'il ne suffit pas de dénoncer la corruption dans les hautes sphères du pouvoir politique et qu'il est temps d'admettre que beaucoup d'Indiens ont jeté de l'huile sur le feu et ils portent une part du blâme.

Le centre Janaagraha œuvre à responsabiliser les Indiens en créant un réseau pour se confesser, partager, résister et ultimement changer le système. Le centre a mis sur pied un nombre d'initiatives, dont la mise en ligne du site IpaidABribe.com (j'ai versé un pot-de-vin).

Tandis que plusieurs militants et analystes en Inde parlent de réformer le système et que la corruption devrait être un enjeu majeur de la campagne électorale fédérale cette année, Swati Ramanathan et Archana estiment que le changement surviendra quand les Indiens vont refuser la corruption dans leurs vies de tous les jours.

Sunaina Valecha, à Bangalore, a contribué à cet article.

Version anglaise : Corruption Casts Shadow Over Daily Life in India

 

 

 

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