Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Essoyes: les années heureuses de Renoir

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
07.01.2013
| A-/A+
  • En 1896 Renoir achète sa maison à Essoyes et installe son atelier au fond du jardin. (Du côté des Renoir)

À la fin de sa vie Renoir renoncera à l’Impressionnisme et dira être parvenu à une impasse, «je ne sais plus peindre», dira-t-il.

Il a exécuté son tableau Madame Charpentier et ses enfants, avec lequel il se définira désormais comme «peintre de figures», en 1878. Renoir qui ne souhaitait plus participer au 4e salon d’impressionnisme, envoie au salon officiel ce tableau qui y remporte le succès. Mais c’est après son voyage en Italie en 1880 qu’Il comprend qu’il est arrivé au bout de l’impressionisme et retourne vers les grands maîtres de la Renaissance, notamment Titien et Raphaël. C’est aussi à cette époque qu’il rencontrera son épouse Aline Charigot et avec elle sa ville natale – Essoyes en Champagne. La mère d’Aline est couturière, elle élève seule sa fille. Aline est connue pour sa cuisine et c’est par ce biais qu’elle fait son chemin dans la bourgeoisie. C’est une femme simple. Renoir quant à lui se déclare ouvrier et refuse le titre d’artiste, «la peinture est un métier manuel et il faut le faire en bon ouvrier», disait-il quant il parlait de son art.

À partir 1885 et pendant trente ans, il retournera pratiquement tous les étés à Essoyes, où il retrouve le calme, la simplicité et cette lumière unique qui l’ont enchanté et qu’il reproduit dans ses tableaux. En 1896 il y achète sa maison et installe son atelier au fond du jardin pour que les trois enfants que lui a donnés Aline puissent continuer à jouer tranquillement. Aline lui prépare ses bouquets de fleurs et choisit ses modèles pour le garder près d’elle. «Dans ce milieu favorable où il trouve le calme sans isolement et le recueillement sans mélancolie, il a peint un grand nombre de toiles», a écrit Georges Rivière dans Renoir et ses amis.

  • Jacques Renoir, arrière petit-fils d’Auguste Renoir. (Michal Bleibtreu Neeman, Epoch times)

La sortie du film Renoir est l’occasion de visiter Essoyes, ce petit village de Champagne, et la maison de Renoir habité encore tout récemment, mais aussi l’atelier au bout du jardin, le cimetière où Auguste, Aline, Pierre, Jean et Coco sont enterrés, ainsi que l’espace Renoir. C’est aussi l’occasion de profiter de l’excellent Champagne des producteurs locaux et d’admirer l’ambiance simple et authentique d’Essoyes, ainsi que sa sérénité, son calme, la gentillesse de ses habitants et la qualité de la lumière qui ont tant séduit Renoir.

Aujourd’hui deux des arrières petits enfants du peintre habitent en France, Sophie et Jacques Renoir. Dans leur enfance, ils ont passé leurs vacances à Essoyes. Sophie Renoir y habitait encore tout récemment. Jacques Renoir, au cours d’un entretien, nous a fait part de ses souvenirs et des anecdotes familiales sur le peintre.

La réalité derrière le film Renoir

Jacques Renoir, l’arrière petit fils du peintre Auguste Renoir, est cinéaste, photographe et écrivain nous l’avons interviewé sur son livre, Le tableau amoureux, qui a inspiré le film Renoir.

Le film Renoir a bien été réalisé selon Le tableau amoureux?

Le livre parle de ces dernières années de Renoir, où il est entouré de ses femmes, ses modèles et de ses enfants. Il souffre de rhumatismes qui l’ont cloué dans son fauteuil roulant. C’est l’histoire d’amour entre lui et son dernier modèle dont Jean Renoir, le fils, tombe aussi amoureux. Je dirai que c’est une biographie romancée. J’ai essayé de retracer de l’intérieur le portrait de cet homme et de cette famille, que j’ai connue, dans une propriété où j’ai vécu, à partir de faits réels et d’anecdotes familiales.

Pour dire vrai, j’avais déjà écrit un scénario et j’ai eu du mal à trouver une production. Donc j’ai décidé d’en faire un livre, en me disant que peut-être le livre intéresserait une production et cela a été le cas.

Or, il y a un manque dans ce livre, car on parle essentiellement de Renoir dans le sud. Or Renoir se partageait entre deux demeures: entre Essoyes où il venait l’été et le sud de la France à Cagnes-sur-Mer, où il se rendait en l’hiver. Dans ces deux endroits, il a vécu, il a peint, il a eu des modèles et il a eu une vie avec les habitants dans ce village d’Essoyes.

  • Le jardin où Renoir trouve le calme sans isolement et le recueillement sans mélancolie. (Michal Bleibtreu Neeman, Epoch times)

Comment était la vie avec Renoir?

Il y avait effectivement des jalousies, des drames: ce n’était pas toujours l’Eden. L’histoire se déroule pendant la Première guerre mondiale: les deux fils ont été blessés, Aline meurt en 1915. Il souffre de son rhumatisme: des drames qui affectent Renoir, mais qui n’affectent pas sa peinture. Par moments, il y a des découragements, mais il y a aussi Renoir qui a de l’humour. C’était un personnage qui avait un humour caustique: en fait, il était d’une grande timidité qu’il dissimulait sous une apparence un peu sévère. Mais, c’était un homme qui avait un humour très percutant et très caustique.

Mon objectif était de prendre une période très courte et de cibler sur un huis clos entre Renoir, Dédé son modèle et son fils, dans cette demeure avec ces domestiques qui étaient à la fois domestiques et modèles. Le film est remarquable par l’interprétation que fait Michel (Bouquet) de Renoir. A tel point que quand je vois le film, je ne vois pas du tout Michel Bouquet, je vois mon arrière-grand-père et c’est très étonnant. Il y a un petit film avec Sacha Guitry et Renoir et un autre film où l’on voit Renoir avec son marchand Vollard. Il y a un instant où dans le film avec Guitry, Renoir se tourne un moment vers le camera et il éclate de rire: c’est frappant.

Avez-vous vécu les anecdotes sur votre arrière grand-père comme une légende?

Pour moi ce n’était pas une légende, c’était mon arrière-grand-père et d’ailleurs je me suis défendu, car je voulais que ce soit uniquement mon arrière grand-père. Je ne voulais pas qu’il soit une légende: parce que cela l’éloignait de moi. Dans le film d’ailleurs c’est très bien traduit. Coco a subi cela aussi: il a refusé son père, il a rejeté son père, ce vieillard qui ne s’occupait pas de lui, qui ne s’occupait que de sa peinture et le délaissait. Donc j’ai compris cette attitude et qu’après tout, je pouvais concilier les deux: vivre avec des personnages qui étaient célèbres et qu’ils soient aussi mes parents. Je vivais dans la demeure du peintre: il y avait des tableaux, le chevalet et la chaise roulante de Renoir.

Moi, gamin je jouais avec la chaise roulante de Renoir. Nous faisions du kart avec et nous jouions à la balle entre les tableaux. À Essoyes dans l’atelier de Renoir, avec les copains nous dessinions sur les murs: nous faisions des horreurs. C’était peut-être un travail d’iconoclaste inconscient, après tout on veut désacraliser l’image. C’était ma famille avant tout autre chose. J’ai eu du mal à accepter parce qu’à chaque instant, on me comparait en me disant: «oui voilà, ton père, ton grand père…». Et puis maintenant j’estime que j’ai fait dans mon métier des œuvres honorables. J’ai fait des films, écrit des livres, fait des photos qui me sont propres et je dis oui Jacques c’est moi et je m’accepte.

Cependant le livre Le tableau amoureux et le film Renoir ne parlent que de la Côte d’Azur et pas du tout d’Essoyes: une omission dont Jacques Renoir est conscient et qui n’attend que d’être réparée.

Epoch Times est publié dans 35 pays et dans 20 langues

 

 

 

   

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.