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Amsterdam

Brouillard de mensonges

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
15.10.2013
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  • Le trio Marc (Louis Champagne, à gauche), Sam (Robin Aubert, au centre) et Jeff (Gabriel Sabourin, à droite) se dévergonde dans les rues d’Amsterdam, alors que leurs femmes croient qu’ils sont en voyage de pêche pas très loin de leur foyer. (Film Séville)

«Comme un “ailleurs” qui résume tous nos désirs», voilà l’image de l’Amsterdam de Stefan Miljevic qui s’est cristallisée en thriller psychologique. Livrant son premier long métrage de fiction, le réalisateur, aux courts métrages primés, a touché au documentaire en 2007 avec Le lendemain de la fête. Ce dernier se penchait sur la problématique du suicide chez les jeunes, à travers le spectacle Je voudrais me déposer la tête de l’auteur Jonathan Harnois. Bien qu’Amsterdam n’en traite pas, il n’en demeure pas moins qu’ils ont un point en commun : la perte du sens de la vie. Filmé dans deux pays, à travers deux saisons, une distribution imposante qui parle d’elle-même, on peut comprendre que Miljevic y soit allé pour «le tout pour le tout».

Aux yeux de leurs femmes, des amis unis depuis plus de trente ans – Marc (Louis Champagne), Sam (Robin Aubert) et Jeff (Gabriel Sabourin) – font leur voyage de pêche annuel. En réalité, ils ont préparé un stratagème pour s’éclipser en douce à Amsterdam, où tout est permis. Cependant, quand le temps sonne de regagner leur petit coin de pays, l’absence de Sam provoque une escalade de complications aux deux amis tentant de regagner tant bien que mal le confort de leur vie tranquille. 

Amsterdam part avec une certaine autorité comme deux des trois acteurs principaux sont coscénaristes, soit Louis Champagne (Roche papier ciseaux, Monsieur Lazhar) et Gabriel Sabourin (Histoire de famille, Les doigts croches). La réussite du film repose aussi sur leurs épaules, puisque l’acteur Robin Aubert (À l'origine d'un cri, De père en flic) qui fait le trio est absent pour une bonne partie de l’œuvre.

Comme le personnage de Gabriel Sabourin, Jeff, a le plus à cacher, on sent chacune des couches de culpabilité, de honte, d’envie, de crainte, bref une brochette émotionnelle spécialement relevée qu’il partage avec Marc, personnage de Louis Champagne.

Bien qu’il n’ait pas tant de scènes dans le film, Robin Aubert sait mettre le drame là où ça saisit le public. Même s’il avait été présent deux minutes dans le film, il aurait été capable d’implanter sa charge émouvante redoutable.

  • Marc (Louis Champagne, à gauche) et Jeff (Gabriel Sabourin, à droite) auront de plus en plus de mal à garder les différents secrets qu’ils accumulent. (Film Séville)

Quant à Louis Champagne, il mène à bien une montée dramatique découlant de ses perturbations face aux évènements se succédant dans le film. Il est crédible dans son rôle certes, mais on a l’impression de retrouver le même fond de personnage qu’il a interprété trop souvent, c’est-à-dire le gars timide, sensible et un peu nigaud sur les bords.

Côté gent féminine, on retrouve aussi trois prestations qui, à plusieurs moments, semblent en faire une seule, bien que chacune ait tout de même sa personnalité.

Marie-Chantal Perron (Ésimésac, La mystérieuse Mlle C.) joue la femme complètement troublée par la disparition de Sam (Robin Aubert). La voir jouer un rôle déstabilisé sidère, voire bouleverse quelque peu, alors qu’elle accepte souvent des rôles à la légèreté et au charisme saisissant.

Suzanne Clément (Laurence Anyways, Tromper le silence), aux rares répliques, dégage beaucoup dans son non verbal, prouvant encore son talent. Du côté de Fanny Malette (Continental, un film sans fusil, Grande ourse - La clé des possibles) rend bien son personnage, mais n’arrive pas à toucher au cœur avec ce rôle, bien qu’elle soit très capable comme actrice.

Comme le réalisateur Stefan Miljevic le souligne, il s’agit d’exploration des rouages de l’amitié. «Ce qu’ils [amis] se disent. Ce qu’ils taisent». Aussi coscénariste, Miljevic s’intéresse au mensonge et à ses nombreuses résultantes. Le processus de faire émerger quelques vérités à force de mensonges est plutôt original. Il fait aussi vivre les différents phantasmes d’hommes dans la quarantaine avec ses personnages, phantasmes qui déconcertent quelque peu alors qu’ils sont à portée de main.

 

 

 

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