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La tristesse d’aimer un pays sans mémoire: Ping Pang Qiu

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
20.10.2013
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La comédienne «performeuse» espagnole Angelica Liddell est revenue cette année avec une histoire d’amour, son amour pour la Chine, et l’amour n’est jamais une affaire simple…

Ping Pang Qiu – le tennis de table est le jeu national de la Chine – c’est aussi le nom de la «Diplomatie du ping-pong» entre la Chine et les États-Unis dans les années 70 pendant la guerre du Vietnam. Les Américains envoyaient alors leur champions de ping-pong en Chine avec le slogan prônant: «L’amitié d’abord, la compétition après».

Angelica Liddell, découverte du Festival d’Avignon 2010, évoque cette année la Chine des années 70 pour découvrir l’origine de la tristesse humaine, pour parler d’un pays millénaire étouffé depuis plus de 50 ans, et qui, malgré les apparences, demeure toujours sous l’emprise du Livre rouge.

«La Révolution culturelle n’a jamais cessé», nous dit Angelica Liddell. Mao est toujours sur la place Tien an men, et  «les Chinois aiment Mao».

Et voilà qu’Angelica, Espagnole passionnée et virulente, raconte son amour douloureux ambivalent et impossible pour la Chine. Impossible car cette même Chine qu’elle admire est la proie d’un régime qui s’acharne à exterminer «le monde des expressions» – un crime impardonnable pour la comédienne espagnole. Elle décide cependant que son amour doit devenir un acte libérateur, c’est par le biais de cet amour qu’elle veut vaincre l’oppresseur. Pour ce faire, elle tente de réunir le vrai, le beau, le bon; une tentative qui s’avère impossible. Elle raconte sur scène pourquoi.

Elle a invité une musicienne chinoise qui a interprété «trois beaux morceaux de musique traditionnelle chinoise», mais au cours de la deuxième répétition, la musicienne disait «qu’elle avait peur d’être dénoncée au gouvernement chinois pour avoir participé à ce spectacle».

Au début elle a demandé à ce que son nom soit caché, puis à ce qu’elle-même soit cachée par un tissu et finalement «la peur d’être dénoncée et l’angoisse ont été si terribles qu’elle a pris la décision de ne pas participer au spectacle. Elle a pris cette décision dans la souffrance et dans les larmes…  elle nous a dit: "tout ce que vous racontez au théâtre c’est vrai. Je le sais. Mais je ne peux pas dire du mal de la Chine". D’après elle, dire du mal de la Chine équivaudrait à dire du mal de sa mère».

Bien qu’ayant été témoin de la Révolution culturelle et malgré les souffrances qu’elle a elle-même subies, elle ne pouvait pas dire du mal de la Chine. «Mao est encore à Pékin et il faut le respecter, on ne peut pas dire du mal de Mao on ne peut pas dire du mal de la Chine», disait-elle à ses compagnons de théâtre.

Le rêve de l’Espagnole de vaincre le régime totalitaire en réunissant le vrai, le beau, le bon est écrasé une fois de plus par la terreur.

Mais pour Angelica Liddell, le crime le plus impardonnable de ce régime n’est pas d’avoir brulé les livres, torturé les poètes, massacré les artistes ou humilié les intellectuels en leur attachant les mains dans le dos avec un écriteau autour du cou; c’est d’avoir tout effacé de la Chine, jusqu’à la mémoire qu’on pouvait en avoir. Dans la Révolution culturelle, même les souvenirs sont contre-révolutionnaires. La vie tout entière se transforme en crime.

L’amour d’Angelica Liddell est un amour triste. Elle aime un pays sans souvenir. Elle aime un peuple arraché à ses propres origines, abandonné il y a cinquante ans à l’ignorance totale et à la misère morale absolue.

Angelica n’oublie pas les Français dans l’histoire. Elle pointe un doigt accusateur vers ces Français qui «étaient suffisamment bourgeois pour défendre le maoïsme, la jeunesse française n’avait pas faim, elle ne savait pas ce qu’était le cannibalisme… Tous ces jeunes Français n’avaient pas vu les gardes rouges tuer leurs grand-mères en leur tapant dessus dans la rue... Les Français ont de très jolis cafés et d’excellents vins pour défendre n’importe quoi». Puis elle évoque La Chinoise, le film de Jean-Luc Godard sorti en 1967 qui dépeint cette étrange admiration de certains intellectuels français envers la Révolution culturelle connue à travers les seuls films de propagande de l’époque.

Angelica Liddell évoque Orphée et Eurydice et leur amour perdu. L’histoire débute et se termine avec ces deux amoureux mythiques. Et la symbolique – juste quand Angelica la passionnée croit gagner le seuil de la vie. Son amour lui est arraché et sombre de nouveau dans les ténèbres.

La pièce Ping Pang Qiu sera présentée au théâtre Saint-Gervais à Genève du 29 octobre au 2 novembre 2013.

Le deuxième volet de la pièce Todo el cielo sobre la tierra (El sindrome de Wendy) sera présenté au théâtre de l’Odéon, Paris 6e, du 20 novembre au 1er décembre 2013.

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