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Don Jon

Quand la pornographie a raison de l’homme

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
02.10.2013
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  • Le couple Jon (Joseph Gordon-Levitt) et Barbara (Scarlett Johansson) n’est pas à l’abri des désastres qu’engendrera leur égoïsme respectif. (Remstar)


Les films ayant comme thème le mal contemporain de la dépendance au sexe émergent en quantité depuis un certain nombre d’années. On n’a qu’à penser à Choke (2008), à Shame (2011) et à Thanks for Sharing (qui prendra l’affiche en octobre au Québec). Le plus récent serait Don Jon, celui proposé par Joseph Gordon-Levitt, qui signe son premier film comme réalisateur et scripteur, en plus d’interpréter le personnage principal de Jon. Gordon-Levitt a fait de cette comédie de mœurs un long métrage tout à fait accompli et respectable, tout en ayant su jouer avec un feu inextinguible de notre monde actuel.

Jon (Joseph Gordon-Levitt) a sa vie bien rangée : il entretient son corps d’athlète, son appartement, il veille à son libertinage hebdomadaire, fréquente régulièrement sa famille, son église et consomme sa pornographie plusieurs fois par jour. Cette dernière habitude est particulièrement incompatible avec l’occasion d’évoluer qui se présente à lui. Jon développe peu à peu un regard nouveau sur ses acquis et les possibilités que la vie a à lui offrir.

L’idée d’avoir adapté une grave et profonde problématique en comédie, bien qu’elle ait facilement pu être considérée ou scénarisée comme un drame, est un excellent moyen pour susciter la réflexion chez la plupart des gens. De plus, le tout n’est pas présenté en axant sur l’obscénité, chose vers laquelle, par exemple, le cinéma français décide de basculer de temps à autre. Merci à la rigueur nécessaire dont a fait preuve Gordon-Levitt. Il a eu vraisemblablement l’intention que le public se remette en question et s’est servi de l’humour pour assurer une progression subtile et puissante de l’œuvre. Autrement dit, les éléments drôles et originaux se veulent, en quelque sorte, des comprimés antiacides au goût agréable. La promotion du film comme étant comédie occasionnera un effet surprise chez ceux qui s’attendent à rire en surface en les incitant à une introspection, autant chez l’homme que chez la femme.

Gordon-Levitt a non seulement voulu dénoncer l’hyper accessibilité, la surabondance et l’omniprésence de la pornographie, mais il la compare, la place en parallèle, avec l’état critique de l’Église catholique et le sabotage émotionnel que provoquent les films romantiques. Il en profite aussi pour explorer et disséquer l’égoïsme qui motive nos actions au quotidien. En fin de compte, on retrouve une excellente critique de domination des valeurs commerciales dans Don Jon. La sœur de Jon, jouée par Brie Larson (21 Jump Street, Scott Pilgrim vs. the World) est un personnage au peu de mots, représentant très bien à sa façon la dérive sociétale de plus en plus incontrôlable.

  • La précieuse famille de Jon (de gauche à droite : Tony Danza, Brie Larson, Joseph Gordon-Levitt et Glenne Headly) bien présente dans le film Don Jon. (Remstar)


Le film Don Jon est classé 16 ans et plus, érotisme et langage vulgaire. La banalisation du sexe à l’écran, tout comme la violence, fait que si nous avions été une, deux ou trois décennies plus tôt, le film aurait été classé 18 ans et plus. Le premier film de Joseph Gordon-Levitt demande curieusement une certaine maturité, un certain sérieux qui n’est pas donné à tous.

L’évolution du personnage de Jon est écrite avec finesse, aidée par une performance d’acteur de Joseph Gordon-Levitt tout aussi recherchée. Le résultat est intéressant surtout qu’en sachant que cela vient de la même personne. Le personnage de Jon, à la fois caricatural et très commun est éminemment drôle seulement parce que Gordon-Levitt lui donne une touche mi-sérieuse. Sachant aussi qu’il joue avec ses premiers choix d’acteurs, l’œuvre possède une sorte d’exactitude cinématographique tant pour son rythme, son montage, son choix d’image et la complémentarité entre les professionnels d’Hollywood.

Scarlett Johansson (The Avengers, Lost in Translation) est d’abord présente dans Don Jon pour son corps, mais elle n’aurait pas fait partie de la distribution si elle n’avait pas été une très bonne actrice. Son rôle met davantage l’accent sur ses rondeurs et la façon agaçante qu’elle a de mâcher de la gomme, mais on sent le fond de l’actrice qui est en contrôle.

Julianne Moore (Crazy, Stupid, Love, Magnolia) et son personnage d’Esther sont une belle révélation tout en apportant une certaine harmonie à l’histoire. Gordon-Levitt lui a donné une belle occasion de rayonner avec une petite palette d’émotions appréciée.

 

 

 

   

 

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