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Le conseiller

Brutale causalité

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
29.10.2013
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  • Le conseiller (Michael Fassbender, à gauche) fait équipe avec un trafiquant de drogue très décontracté, Reiner, interprété par Javier Bardem (à droite), sur un coup où il pourrait empocher 20 millions de dollars. (20th Century Fox)

Après avoir modelé son propre univers de science-fiction (Prometheus) dont il est passé maître, on retrouve Ridley Scott (Alien, Blade Runner, Thelma et Louise) sur la chaise de réalisateur du film un peu plus terre-à-terre intitulé Le conseiller, version française de The Counselor. Le défi qui l’attendait, qu’il a relevé haut la main, était de rendre en image l’écriture troublante de l’auteur Cormac McCarthy (No Country for Old men, The Road), scénariste pour la première fois dans ce nouveau film de Scott.

Le conseiller (Michael Fassbender), s’étant peu à peu détourné du droit chemin, doit tenter de régler un problème de trafic de cocaïne qui a mal tourné, dans lequel il est impliqué jusqu’au cou.

Bien que plusieurs risquent d’être choqués par la violence exacerbée, par les dialogues ramenant à peu près tout à la question de la sexualité (dont une scène plutôt incongrue), il faut donner au scénariste et auteur Cormac McCarthy qu’il a une plume tragique exceptionnelle. Les dialogues presque shakespeariens entre tous les personnages et le conseiller comptent une matière à réflexion substantielle, dont différents points de vue intéressants sur certains concepts universels comme l’avarice. De plus, ils renferment aussi des éléments qui revitalisent continuellement le film : le protagoniste reçoit plusieurs avertissements sur les actions qu’il s’apprête à commettre de la part des gens qu’il rencontre. Il reçoit tout autant d’indices sur les conséquences qui en découleront.

Les dialogues riches de McCarthy ont la capacité de relever les performances d’acteurs, de proposer un excellent développement de la psychologie des personnages et de permettre au spectateur de bien sentir le film au lieu de quitter la salle en ayant la sensation qu’il a passé trop vite. Cela contrebalance le fait que l’ensemble du scénario est énigmatique et qu’un deuxième visionnement peut être nécessaire.

Avec cinq têtes d’affiche aussi populaires, Le conseiller se veut un film où les performances d’acteurs et d’actrices ont beaucoup de poids et d’impact sur la qualité globale, orchestrées par un réalisateur qui n’a plus besoin de faire ses preuves. Cameron Diaz (Being John Malkovich, Gangs of New York) a décroché sans doute le rôle le plus dérangeant et machiavélique de sa carrière, rôle qui étrangement la sied à merveille. Son personnage de Malkina intimide même lorsqu’elle lève seulement le regard. Lorsqu’elle se met à parler, ça s’intensifie. Le fait que McCarthy ait laissé quelques zones nébuleuses sur le passé du personnage l’a rend encore plus terrifiante. Ayant probablement eu comme consigne de garder une seule note émotionnelle, elle y parvient adroitement jusqu’à la fin.

  • Westray (Brad Pitt, à gauche) joue un intermédiaire impliqué dans différents coups d’argent. Il est cette fois en contact avec le conseiller (Michael Fassbender). (20th Century Fox)


Le conseiller (Michael Fassbender, Prometheus, Shame) n’a pas d’autre nom, ni même dans le générique de fin. Cormac McCarthy lui donne une gamme d’émotions des plus déchirantes, ce que le comédien rend avec une précision redoutable.

Penélope Cruz (Volver, Pirates of the Caribbean: On Stranger Tides), encore une fois très suave, joue la future femme du conseiller. Très réservée, timide, elle apparaît peu à l’écran lors des deux heures du film. Sa réaction à une proposition faite par le conseiller au début du film suffit pour rappeler sa force d’actrice.

Javier Bardem (No Country for Old Men, Skyfall), trafiquant de drogue hyper relax, possède d’excellentes répliques tout comme ses autres collègues, mais est plus apprécié par la peur grandissante qui hante le personnage tout au long de la production. Son meilleur passage implique une confidence qu’il partage avec le conseiller par rapport à une expérience traumatisante qu’il a eue avec sa nouvelle copine Malkina (Cameron Diaz).

Brad Pitt (Moneyball, Fight Club), de passage dans Le conseiller, fait un intermédiaire dans l’univers de la drogue. Son allure western chic, tout comme ses lignes sont vraiment intéressantes. Beau personnage de composition, qui serait prêt à se réfugier dans un monastère si les choses tournaient mal pour lui, avec quelques manies qui le distinguent de ses autres films plus connus.

La trame sonore de Daniel Pemberton fait du Conseiller une expérience plus à fleur de peau grâce à la tension musicale, ses rythmes latinos et électroniques. Elle est littéralement l’âme du film. Pemberton a notamment créé la trame sonore du film d’horreur The Awakening et celle d’un des jeux vidéo les plus populaires sur la console Playstation 3 s’adressant à la famille, Little Big Planet. On peut comprendre la capacité exceptionnelle du compositeur qui conjugue les extrêmes. Le résultat est impressionnant, semblable à l’effet que peuvent laisser les choix musicaux de Tarantino.

 

 

 

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