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Triptyque

Les triplets de Lepage et Pires

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
29.10.2013
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  • Les deux réalisateurs de Triptyque, Pedro Pires (à droite) et Robert Lepage (à gauche) (Films Séville)

Défiant les normes orthodoxes du cinéma, en plus d’avoir pu jouir de peu de moyens, le film Triptyque, réalisé par Pedro Pires (vidéoclip Roselawn Cemetery pour Angèle Dubeau et effets spéciaux pour Le violon rouge) et Robert Lepage (La Face cachée de la Lune, ), a pris un total de 82 jours de tournage au lieu de se conformer à la période d’environ 30 jours. Le projet a été étalé sur trois ans et demi, avec une équipe très réduite. Scénarisé par Robert Lepage, le long métrage a pu bénéficier de nouvelles scènes qui ont été ajoutées au fil du montage. Le film – composé de trois courts métrages, Marie, Michelle et Thomas – a donc pu heureusement garder les couleurs du travail évolutif et organique auxquelles Pires et Lepage sont habitués.

Adaptation cinématographique de la pièce de théâtre Lipsynch, mise en scène de Robert Lepage, Triptyque raconte l’histoire de trois personnes, Marie (Frédérike Bédard), Thomas (Hans Piesbergen) et Michelle (Lise Castonguay), qui vivent à leur façon, déchirements, isolement et deuil, mais qui pourront compter sur un soutien mutuel et parfois inattendu.

Avant de parler de leur jeu d’acteurs, il est important de comprendre que Triptyque renoue avec les comédiens principaux de la pièce originale Lipsynch : Lise Castonguay (La Femme qui boit, 20h17 rue Darling), Hans Piesbergen (Bandaged) et Frédérike Bédard (pièce Pied de Poule, Les Voisins). Ce n’est pas tout : le trio figure également à la liste des 11 auteurs. Il est impératif de considérer qu’ils ont dans le corps (et dans l’esprit) un nombre incalculable de répétitions et représentations issues d’une importante tournée sur les planches du monde entier. Avec l’espace donné par Pires et Lepage au grand écran, chacun des trois acteurs donne une performance plus vraie que nature, digne de bien des récompenses à venir.

La quête de Marie à vouloir retrouver la voix de son père, comme elle a des trous de mémoire, se révèle originale et poétique. La progression de Michelle dans sa maladie mentale et son désir d’écrire est aussi très bien composée. Le cheminement de Thomas, Hans Piesbergen, est cependant quelque peu écarté en cours de route. Bien que Lepage lui avait prévu un prélude intéressant, sa présence s’évanouit pour devenir secondaire, au profit de l’histoire des sœurs, Michelle et Marie. Bien qu’on le sente évoluer, on passe trop brièvement sur ce qu’il vit, comme si on visionnait le film en accéléré sans voir son vécu défiler. Fort à parier que cette faille n’existe pas dans la pièce Lipsynch qui dure neuf heures!

  • Hans Piesbergen interprète Thomas Bruckner, un neurologue allemand, dans le long métrage de Pedro Pires et Robert Lepage, Triptyque. (Films Séville)

Triptyque revient toujours à des images et des lieux saints dans chacun de ses chapitres. Une marque distincte de la religion catholique s’inscrit sur les trois personnages. On la retrouve exprimée en duels : bons contre mauvais souvenirs, espérance contre souffrance. La théorie du neurologue Thomas (Piesbergen) voyant toutes les parties du cerveau dans La Création d'Adam au plafond de la chapelle Sixtine intrigue et fait sourire.

La trame sonore bien gorgée de musique classique, de musique sacrée, donne sa place à l’occasion à une portion jazz, associée à la vie de Marie (Frédérike Bédard), qui est chanteuse de jazz.

L’idée de pouvoir ajouter à l’œuvre originelle une photographie digne des idées exceptionnelles de Pedro Pires et de Robert Lepage est très appréciable et rend un hommage à l’œuvre en l’amenant encore plus loin.

De voir une explicite chirurgie du cerveau n’était toutefois pas nécessaire et aurait simplement pu être suggérée.

Les décors dynamiques d’automne et d’hiver sont de beaux moments offerts aux cinéphiles.

 

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