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La Thaïlande, royaume des éléphants

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
01.11.2013
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  • Le petit déjeuner des éléphants est prêt à être servi: la table est dressée, couverte de fruits et les danseuses saluent cet événement avant de laisser la place aux pachydermes. (Charles Mahaux)

D’après les textes traditionnels bouddhistes, le monde repose sur le dos d’un éléphant. La légende raconte même que le colossal pachyderme aurait fécondé la mère de Bouddha pour qu’elle donne naissance au grand sage. Cela suffit à faire de lui un animal sacré et vénéré que l’on retrouve sculpté dans tous les temples du pays. Jusqu’en 1917, du temps du royaume de Siam, l’éléphant blanc sur fond rouge figurait aussi sur la bannière nationale, véritable emblème royal. Aujourd’hui encore, de nombreux Thaïlandais voient dans les contours de la carte de leur pays une tête d’éléphant déroulant sa trompe.

L’éléphant, objet de vénération et de fascination

Jusqu’il y a peu, l’éléphant était, au peuple thaï, ce que le cheval de trait était chez nous, à savoir une précieuse bête de somme capable de ramener de la forêt des troncs d’arbre nécessaires à la construction des habitations traditionnellement construites sur pilotis. Cependant, depuis 1989, une loi interdit l’abattage des arbres et la vente de bois coupé, ce qui a contraint plusieurs cornacs à abandonner leur animal de compagnie, à moins qu’ils ne se soient recyclés à l’aune du tourisme. Pour encourager cette reconversion, chaque mahout qui enregistre son animal auprès de l’état civil reçoit une allocation qui lui permet de subvenir en partie aux énormes besoins alimentaires de l’éléphant.

À côté des divers centres qui célèbrent la culture des éléphants d’Asie en proposant des spectacles, des promenades à dos d’éléphants et des cours de cornac, il existe, à l’Est du pays, un village habité par les membres de l’ethnie Suay, reconnus comme les spécialistes du dressage des éléphants. Depuis que l’un d’entre eux offrit au roi Rama Ier un éléphant blanc à la tête duquel il chassa les Birmans hors du pays, cette distinction leur a été attribuée par grâce royale. Aujourd’hui le village de Ban Tha Klang rassemble plusieurs familles dont les maisons se dressent sur de hauts pilotis qui permettent d’abriter leur cheptel sous les habitations. Cette proximité presque familière entre les hommes et les pachydermes ne cesse d’étonner les visiteurs d’un jour, surpris de constater combien débonnaires semblent ces énormes bêtes.

  • Lors de la parade des éléphants, ceux-ci sont choyés par la population qui leur prépare des grands bacs d’eau et leur donne des fruits à manger. (Charles Mahaux)

N’est pas cornac qui veut

Apprivoiser un éléphant obéit à une série de règles complexes soumises à une tradition séculaire. Dès sa plus tendre enfance, le futur mahout exerce tous ses sens à deviner les dispositions de l’animal. Il doit apprendre à reconnaître le réseau de points sensibles qui déclenchent les réponses du pachyderme. Une simple pression exercée sur un point précis de son corps suffit à faire bouger cette masse qui vire ainsi à gauche ou à droite, qui recule, se couche ou déplace un tronc d’arbre. Son plus grand plaisir, c’est le bain. Il se vautre avec délice dans l’eau tiède de la rivière, jouant à s’asperger après s’être roulé dans la boue pour se débarrasser de la vermine environnante.

La formation des éléphanteaux commence dès l’âge de 4 mois et dure à peu près 4 ans. Ils apprennent à reconnaître la voix de leur maître qui leur enseigne le travail forestier. Dans le cadre d’une préparation aux spectacles pour touristes, ils sont éduqués à saluer, jouer au ballon, s’asseoir sur leur séant, former une ronde en accrochant la queue de leur congénère avec leur trompe, etc.

Les éléphants sauvages seraient encore près de 2.000 à vivre en bandes dans la jungle, enfermés dans des réserves nationales. Il faut de longues heures de patience pour les apercevoir quand ils abandonnent la solitude de la forêt pour aller se baigner dans les points d’eau ou encore pour partir en quête de nourriture. Pour tenter de sauvegarder la race, le Thai Elephant Conservation Center a vu le jour. On y recueille les éléphants chassés par les indigènes ou encore les «retraités» abandonnés ainsi que les pachydermes blessés ou malades. Le centre s’est également spécialisé dans le recyclage des excréments de leurs pensionnaires en produisant du papier d’emballage 100% naturel, une opération intéressante pour les propriétaires qui doivent se débarrasser de ces impressionnants déchets. Le centre lutte aussi contre l’exploitation des éléphants utilisés comme attraction touristique dans certaines stations balnéaires où ils ne reçoivent pas la nourriture nécessaire à leur survie.

  • Dans le Nord du pays, il est relativement aisé de trouver des sites où les touristes peuvent s’offrir une excursion à dos d’éléphants sous la surveillance de son cornac. L’occasion de découvrir la forêt tropicale dans sa canopée. (Charles Mahaux)

La parade des éléphants

Situé non loin de la frontière cambodgienne, Surin sort de sa torpeur routinière chaque troisième week-end de novembre à l’occasion du Surin Elephant Roundup, une étonnante manifestation qui rassemble jusqu’au cœur de la ville quelque 300 éléphants qui transforment la bourgade provinciale en un vaste zoo surréaliste.

Les festivités commencent dès le samedi matin avec l’arrivée des pachydermes sur la place de la gare. Pour épater la galerie, de jeunes éléphants exécutent des jeux avec des anneaux pour le plus grand plaisir du public. Des vendeurs de petits tronçons de canne à sucre invitent les curieux à offrir cette friandise aux animaux. Certains d’entre eux, plus hardis, n’hésitent pas à proposer eux-mêmes, au bout de leur trompe insistante, un sachet gourmand en échange d’un billet de 20 baths que l’éléphant remet prestement à son cornac juché sur sa nuque. Avec délicatesse, le pachyderme saisit alors dans les mains du généreux donateur un morceau de canne à sucre qu’il engloutit rapidement avant de se resservir. Émerveillement de cette rencontre insolite avec une bête colossale qui n’hésite pas à s’agenouiller pour remercier et recevoir une caresse.

La grande parade débute alors vers le centre de la ville. Des chars, chargés de pièces montées dessinant des éléphants décorés de fruits et de légumes sculptés, des jeunes filles élégantes dans leurs costumes traditionnels, des porteurs de bannières, des tambourinaires et bien sûr des éléphants en tenue d’apparat pour transporter les autorités locales, tous s’ébranlent pour rejoindre le centre. Ils traversent des quartiers envahis par une foule de personnes distribuant des bananes aux éléphants et mettant à leur disposition de grands bacs d’eau pour qu’ils puissent s’abreuver sur leur passage. Au cœur de la place, des tréteaux ont été installés, ils sont surchargés de fruits et de légumes artistiquement présentés. À leur arrivée, les pachydermes s’alignent par groupes successifs devant ce somptueux buffet qui leur est offert en guise de petit déjeuner. Délicatement, ils se servent de melons, papayes, bananes, ananas et autres tubercules avant de s’éloigner et de s’égayer dans la ville. C’est le moment des promenades à dos d’éléphant, une expérience inédite et palpitante, d’autant plus que les pachydermes respectent les feux de signalisation aux côtés des taxis et des cyclopousses qui paraissent bien fragiles près de leurs concurrents d’un jour.

  • Tous les cornacs sont prêts à s’ébranler avec leurs éléphants avant la grande parade qui ouvre le festival. (Charles Mahaux)

Le clou des festivités a lieu l’après-midi, dans le stade de Surin. Durant plus de deux heures, les éléphants vont offrir un spectacle haut en couleurs où, dans une première partie, ils vont se prêter à une démonstration de leurs divers talents d’adresse et dans une seconde partie, plus culturelle mais aussi plus brillante, offrir une splendide reconstitution d’un pan de l’histoire du pays avec la victoire de Rama Ier juché sur son éléphant blanc face à l’armée birmane. Un spectacle éblouissant qui emporte un franc succès populaire, renouvelant ainsi l’allégeance inconditionnelle du peuple thaïlandais à cet animal mythique, encourageant la reconversion vers le tourisme du métier ancestral des cornacs.

Charles Mahaux, photographe. Christiane Goor, journaliste. Un couple, deux expressions complémentaires, ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage, de la rencontre avec l’autre.

Infos pratiques: www.tourismthailand.org Le site du Centre de Conservation des Eléphants: www.thaielephanttraining.org

Argent: L’unité monétaire est le bath et le change s’effectue partout sans souci. Toutes les grandes villes proposent aussi des distributeurs automatiques. Les cartes de crédit sont relativement bien acceptées dans les hôtels et les restaurants mais la plupart des achats se paient en argent liquide.

Se loger: La Thaïlande propose de tout en terme de logement et à tous les prix.

À Bangkok, n’hésitez pas à vous offrir l’hôtel boutique Aurum (www.aurum-bangkok.com), un havre de paix et de charme à prix doux le long du fleuve, à 2 pas du Grand Palais. À Surin, le Surin Majestic Hotel (www.surinmajestichotel.com) l’établissement le plus récent installé au cœur de la ville. Pour le festival des éléphants, veillez à réserver au moins deux semaines à l’avance pour trouver de la place.

Activités: La visite de l’Isan avec ses ruines khmères et son village d’éléphants nécessitent une voiture pour faciliter les déplacements. L’idéal est alors de s’adresser à une agence de voyage. www.toursquare.net offre un encadrement de qualité avec des guides francophones. Un étourdissant spectacle son et lumières a lieu sur le site du temple Prasat Sikhoraphum, à 20 km de Surin durant le même week-end du festival des éléphants.

Se restaurer: On peut se restaurer à toute heure de la journée et, si on n’est pas effrayé par les piments, on peut s’adresser aux stands ambulants sur les trottoirs et les marchés. Ce sont les épices et les herbes qui donnent sa saveur à la cuisine thaïe. Le riz et les nouilles frits sont à la base de l’art culinaire, à combiner avec du poulet, du bœuf ou du porc. Goûtez la salade fraîche et légèrement piquante de papaye verte et en guise de dessert du riz collant nappé de lait de coco et accompagné de fines lamelles de mangue. À accompagner d’une bière thaï bien fraîche ou alors d’un jus de fruits frais.

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