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La censure chinoise passée au crible

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
01.11.2013
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  • Sarah Cook (à gauche) avec Louisa Greve (à droite) lors de la National Endowment for Democracy à Washington, le 22 octobre. Sarah Cook, en collaboration avec Anne Nelson, a présenté un rapport, sur la propagande chinoise et les activités de censure à l’étranger. (National Endowment for Democracy)

Les cadres en charge du contrôle des médias en Chine – et surtout au cours des dernières années, influençant ainsi les médias à l’extérieur de la Chine – ont un travail important à accomplir, rendu nécessaire par la logique des règles à l’intérieur du Parti communiste chinois (PCC). Ainsi d’un côté, ils doivent montrer que le Parti est le souverain légitime et accompli de la Chine, mais de l’autre, ils doivent composer avec ceux qui prétendent le contraire.

Comme l’a déclaré Sarah Cook, chercheur pour Freedom House, dans son récent rapport: «Pour que les récits du Parti  parviennent à convaincre le public à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, les reportages – en particulier le journalisme d’investigation – sur les côtés plus obscurs de la domination du PCC à l’intérieur du pays et ceux sur l’activité chinoise à l’étranger doivent être supprimés.»

Selon deux nouveaux rapports parus le 22 octobre, les agents en charge de la propagande et de la censure communiste chinoise ont, au cours des dernières années, développé un ensemble de pratiques riches et nuancées visant à affecter ces résultats.

Anne Nelson, un autre chercheur, a publié un rapport sur l’expansion internationale de la China Central Television, la télévision officielle du Parti communiste chinois, le même jour. Les deux rapports ont été parrainés par le National Endowment for Democracy, une agence américaine qui soutient la démocratie dans le monde.

  • Les participants à une table ronde lors de la National Endowment for Democracy à Washington, le 22 octobre, de gauche à droite, Yaxue Cao, Anne Nelson, Sarah Cook, et Louisa Greve. (National Endowment for Democracy)

Action directe

Le rapport de Sarah Cook épluche méthodiquement les couches de l’appareil de censure du Parti, examinant chacune pour en comprendre le fonctionnement, qui elle cible et quels sont ses effets: il y a «l’action directe» des diplomates chinois, les officiels et le personnel de sécurité, qui ne font qu’obstacle aux journalistes et punissent les médias récalcitrants, il y a ensuite les incitations économiques et les répressions, il y a aussi la pression indirecte diplomatique, politique et économique, transmise par les annonceurs ou les gouvernements, et enfin le cyberespionnage voire même les attaques physiques.

Fut un temps, par exemple, où le rédacteur en chef de Bloomberg s’est retrouvé au contact d’un diplomate chinois, essayant de le convaincre d’étouffer une histoire concernant les finances de la famille de Xi Jinping, secrétaire général entrant du PCC à l’époque. L’histoire s’est répandue, mais peu après le site anglais de Bloomberg a été bloqué.

Du fait d’un lectorat de langue anglaise limité en Chine, voilà qui n’aura pas eu d’impact important sur les activités de Bloomberg. Le New York Times, cependant, s’est vu un peu plus touché. Après avoir mené une enquête qui cherchait à démontrer la manière dont la famille de Wen Jiabao avait acquis de vastes richesses, les autorités chinoises ont fermé le site internet du journal en langue chinoise (or ce site venait d’ouvrir). Le rapport de Sarah Cook annonce que l’action du groupe a chuté de 20% au cours de la nuit. Les représailles de ce type sont conçues comme un avertissement pour les autres qui auraient l’audace de transgresser les préférences médiatiques du Parti.

Sur le terrain les journalistes en Chine risquent de trouver une censure aux dents un peu plus aiguisées. En février de cette année, des brutes prétendument envoyées par le gouvernement local d’un village aux abords de Pékin ont intercepté le véhicule d’une équipe de tournage allemande et ont fracassé leur pare-brise avec des battes de base-ball.

L’ancien directeur technique d’Epoch Times en 2006 a également été le destinataire d’une approche «musclée»: un groupe d’hommes a réussi à pénétrer dans sa maison à Atlanta, le ligotant et le frappant à la tête avec une crosse de pistolet. Il n’existe pas de preuves directes précisant que ces hommes étaient liés au Parti communiste chinois, mais M. Yuan croit que c’est le cas. «Deux de mes classeurs ont été ouverts de force, deux de mes ordinateurs portables ont été emportés, mais les outils les plus chers, dont des caméras, sont restés sur place».

Influence subtile

Sarah Cook a aussi précisé lors du National Endowment for Democracy forum, à Washington, le 22 octobre que des formes plus subtiles d’influence sont presque omniprésentes. Eutelsat, un opérateur de satellites français, fut l’un des «exemples plus inquiétants» de cette influence indue, a-t-elle précisé.

En raison de la pression de Pékin Eutelsat a stoppé l’envoi du signal de la New Tang Dynasty Television, un diffuseur fortement pris en grippe par Pékin du fait de ses déclarations énergiques sur les violations des droits de l’Homme et d’autres questions politiques sensibles. Suite à cela, Eutelsat a plus tard remporté deux contrats lucratifs avec les entités nationales chinoises.

De même, NASDAQ a expulsé un journaliste pour NTD Television de son MarketSite studio à Manhattan, suite à une pression politique de Pékin, selon des câbles diplomatiques américains cités dans le rapport de Sarah Cook.

«Sino- colonialisme»

Bien qu’il soit important pour Pékin d’être en mesure d’influencer l’opinion publique dans les pays occidentaux, selon Anne Nelson dans son rapport sur la China Central Television, l’Afrique est également devenue un lieu-clé pour la propagande localisée. Les autorités chinoises mettent en pratique ce qu’elles appellent le «sino -colonialisme» en Afrique.

Voilà qui diffère de la simple propagande, car cela fait référence à d’autres formes d’engagement entre le régime chinois et les pays africains. Les Chinois rachètent des ressources, construisent des infrastructures portuaires pour les expédier hors du pays, apportent du matériel de communication chinois, utilisés pour mettre en place des entreprises médiatiques, dont le personnel est constitué de journalistes professionnels africains, et ceux-ci aident à raconter l’histoire du régime chinois au public local.

Les journalistes touchent deux fois ce qu’ils gagneraient ailleurs. «Ce qu’ils font appartient à un plan à long terme», a déclaré Nelson mardi. La question n’est pas «comment pouvons-nous diffuser un message à X millions de personnes?» mais «comment gérer toute l’infrastructure?»

Version en anglais: Chinese Censorship Under the Microscope

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