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Le printemps de la Renaissance

Le musée du Louvre retrace la genèse de la Renaissance

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
02.11.2013
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  • Cratère avec représentation dionysiaque (Cratère des Talents). Époque impériale romaine, Ier siècle ap. J.-C., marbre (pied restauré). (Pise, Opera de la Primaziale Pisana, inv. 81 (1963) © 2013 Photo Scala, Florence)

À l’aube de la Renaissance avec le retour à l’antiquité, l’art propose un lien étroit entre la beauté et la moralité. Les artistes puisent leur inspiration dans la perfection du trait de l’art classique pour exprimer la puissance de la beauté intérieure.

Après les expositions de grands maîtres de la peinture de la Renaissance, Léonard de Vinci et Raphaël, le musée du Louvre retrace la genèse de la Renaissance et propose d’examiner les œuvres des grands sculpteurs qui ont marqué ce «nouvel âge», plaçant l’homme au cœur de la pensée et de la création dans son rapport renouvelé à l’Histoire.

Plus de 140 œuvres ont été réunies  grâce à la collaboration des églises et des musées de Florence, ainsi que des musées internationaux qui ont prêté leurs œuvres.

Un parcours de dix sections de thèmes significatifs est proposé au visiteur, mettant en relation étroite la sculpture avec les autres arts. La peinture bien évidemment, mais aussi l’art décoratif, les manuscrits, les pièces d’orfèvrerie et le dessin.

  • L’un des deux Spiritelli (de la cantoria de la cathédrale), 1439, bronze avec traces de dorure, socle en marbre. Donatello (Donato di Niccolu00f2 di Betto Bardi; Florence vers 1386-1466). (Paris, Institut de France, Musée Jacquemart-André, inv. MJAP-S 1773-1 et 2 © musée du Louvre/Philippe Fuzeau)

Le  retour vers l’Antiquité, «l’héritage des pères»

Avec un retour vers l’Antiquité amorcé dès le XIIIe siècle, ce sont la sculpture et l’architecture qui ont été les mieux conservées constituant des témoignages tangibles de la civilisation classique. Les vestiges gréco-romains servent de modèles aux artistes de tous les domaines, qu’ils soient peintres, graveurs, sculpteurs ou architectes.

Des objets exemplaires de l’Antiquité permettront au visiteur de mieux comprendre l’influence de ces vestiges. Le fameux Cratère des Talents du Ier siècle présenté à Pise, qui a tant influencé Nicola Pisano, précurseur de la Renaissance, est exposé au début du parcours de l’exposition.

Mais il est considéré que le vrai tournant de la Renaissance des Arts a eu lieu avec les deux reliefs du Sacrifice d’Isaac au concours de 1401 pour la réalisation de la seconde porte du baptistère de Florence. C’est le relief réalisé par Lorenzo Ghiberti (1381-1455) qui l’a emporté et a orné la porte, cependant celui de Filippo Brunelleschi (1377-1446) reste gravé dans l’histoire avec autant de notoriété.

Chez les deux artistes, le spectateur trouvera la synthèse inédite du monde médiéval et de l’art classique. Chez Brunelleschi, on note l’influence du théâtre médiéval avec la décomposition de la scène en plusieurs espaces. Brunelleschi met l’accent sur le drame alors que Ghiberti insiste sur l’harmonisation de la scène et la fluidité narrative d’une élégance caractérisant l’art gothique. Tous deux se réfèrent aux œuvres de l’antiquité. Brunelleschi remet le serviteur d’Abraham dans la position du fameux Tireur d’épine (Ier siècle), alors que Ghiberti octroie à son Isaac un mouvement faisant écho au torse du Centaure (Ier siècle av. J.-C.), une autre statue très connue à l’époque.

C’est cette citation des célèbres œuvres de l’Antiquité qui inaugurera la Renaissance.

  • Donatello (Donato di Niccolu00f2 di Betto Bardi ; Florence vers 1386-1466). La Vierge et l’Enfant (Madone Pazzi), vers 1420-1425, marbre. (Berlin, Collection de sculptures et musée d’Art byzantin, musées d’Etat de Berlin, musée Bode © Skulpturensammlung und Museum für Byzantinische Kunst, Staatliche Museenzu Berlin - Preußischer Kulturbesitz/Antje Voigt)

La situation politique et économique d’une Florence aisée et paisible a fait que la République florentine se veut l’héritière directe de la Rome républicaine voire d’Athènes. Elle tient à se démarquer des autres villes italiennes. Cette vision est renforcée par les humanistes qui créent de leur côté le mythe de la nouvelle Rome. La ville de Florence propose donc un modèle d’une nouvelle civilisation chrétienne florissante inspirée de l’Antiquité. Les sculptures monumentales exaltent cette vision orgueilleuse de la ville.

C’est aussi autour des chantiers des édifices religieux, que des œuvres monumentales telles que Saint Matthieu de Ghiberti ou Saint Louis de Toulouse de Donatello s’érigent, annonçant un nouveau langage dans l’art et faisant de Florence la ville des arts.

La perspective est théorisée

Le printemps de la Renaissance est aussi étroitement lié aux lois de la perspective. Pour la première fois, elle est codifiée de manière empirique par le théoricien Leon Battista Alberti dans son œuvre, De Pictura – La peinture (1435). Les expériences de Filippo Brunelleschi contribuent à l’accomplissement de la perspective linéaire dans les arts plastiques. Les reliefs de Donatello comme Saint Georges et le dragon (1417) ou Le Festin d’Hérode (1435) démontrent l’assimilation de la sculpture dans la construction de l’espace.

L’un des reliefs les plus extraordinaires est sans doute le marbre La Vierge et l’Enfant - Madone Pazzi (1420-1425) de Donatello. Le relief est construit selon les règles de la perspective de Brunelleschi. Des lignes de fuite convergentes dans un cadre vu en raccourci évoquent une fenêtre. L’illusion de l’espace et l’effet optique d’une succession des plans et des distances sont créés grâce à la technique de stiacciato (relief écrasé). En regardant de près, le visiteur découvre que la main gauche a été raccourcie.

Outre le caractère expérimental de la composition de cette œuvre, le spectateur remarquera le lien intime tissé ou plutôt creusé entre la mère et l’enfant. Le visage de la mère posé sur celui de l’enfant, littéralement « nez à nez » avec lui, ainsi que les regards croisés, forment une unité fusionnelle entre la mère et l’enfant qui suggère la complexité de l’amour maternel sensuel et spirituel aussi bien que leur destin indissociable.

Ce relief a inspiré un genre dans la sculpture florentine et serait reproduit en peintures et en reliefs.

  • Filippo Lippi (Florence vers 1406 — Spolète 1469). La Vierge et l’Enfant , vers 1460, tempera sur bois. (Berlin, Collection de sculptures et musée d’Art byzantin, musées d’Etat de Berlin, musée Bode © Skulpturensammlung und Museum für Byzantinische Kunst, Staatliche Museenzu Berlin - Preußischer Kulturbesitz/Antje Voigt)

L’art pour chacun

Le XVe siècle s’est aussi caractérisé par le retour à la création en terre cuite, répandue dans l’Antiquité. Les nouvelles techniques permettent d’utiliser les modèles des grands artistes pour en tirer des reproductions à moindre prix. Les reliefs de La Vierge et l’enfant se diffusent largement dans toute la société. Les reliefs en terre cuite rehaussés de polychromie et d’or, plaisent autant que le marbre, en étant moins onéreux. Mais c’est Luca della Robbia qui enrobera la terre cuite d’émail et révolutionnera ce domaine. La matière blanche et brillante fait ressortir l’aspect divin et lumineux du relief.

À cette même époque, Florence, en tant que ville exemplaire, est fière des services qu’elle peut fournir à ses citoyens. De nouveaux hôpitaux, orphelinats et confréries sont construits. Ces édifices sont à la fois lieux d’innovations architecturales et d’éducation morale s’appuyant sur l’art et les œuvres prestigieuses.

Le parcours thématique de l’exposition se termine avec les bustes de nouveaux mécènes marquant le passage de la cité aux idéaux républicains à l’hégémonie des familles. Un genre nouveau est alors né: le portrait en buste dit «à la florentine» qui exprime aussi bien la psychologie du personnage que l’excellence du trait.

Le buste féminin évoque une beauté idéalisée. La magnifique Marietta Strozzi exprime une beauté intérieure et songeuse atteinte grâce à la sobriété des traits fins et délicats. Il y a une recherche de simplicité épurée qui met en relief l’implicite, l’âme.

À l’aube de la Renaissance avec le retour à l’Antiquité, l’art propose un lien étroit entre la beauté et la moralité. Les artistes puisent leur inspiration dans la perfection du trait de l’art classique pour exprimer la puissance de la beauté intérieure.

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