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Plus de cadres chinois en prison que de parrains mexicains de la drogue

Les directeurs doivent partir à temps pour vaincre la corruption endémique du système

Écrit par Franck Yu et Warren Song
25.11.2013
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  • Des policiers chinois mettent en place des panneaux anti- corruption dans le centre de Pékin, 11 juin 2007. (Teh Eng Koon/AFP/Getty Images)

Commentaire économique

Depuis la disparition des cartels de Cali et de Medellín en Colombie dans les années 1990, avec plus de 80 organisations c’est désormais au tour des cartels mexicains de la drogue de dominer ce marché illicite américain. Cependant, malgré une dizaine de milliers de condamnations des membres de ces cartels concernant des crimes liés à la drogue, le nombre de cadres de haut niveau emprisonnés en Chine s’avère plus élevé.

En effet, au-delà des affaires qui sont sanctionnées par la loi chinoise, quand on s’élève dans une entreprise d’État en Chine, les risques et compensations sont comparables à ceux régnant dans le milieu du trafic de drogue.

Une ville portuaire impliquée dans le scandale

Dans les villes chinoises, les plus grandes entreprises d’État sont considérées comme des sociétés de premier plan, et dans la ville côtière de Shenzhen juste à la frontière de Hong Kong, il y en a plus d’une trentaine. En 1995, le gouvernement de la ville de Shenzhen a choisi les six plus grandes compagnies d’État pour leur permettre de bénéficier d’un soutien particulier du régime central. En 2005, les PDG des six sociétés étaient tous en prison.

Parmi eux Hongming Chen de Shenzhen Tefa Group, condamné à sept ans de prison; Xiaoxiong Chen de Shenzhen Construction Group Material condamné à trois ans de prison; Huiming Fan de Shenzhen Laiyinda Group attrapé après neuf ans de cavale; Yemin Tao de Shenzhen Saige Groupe condamné à trois ans et demi de prison; Derong lao de Shenzhen Energy Group condamné à la prison à vie, et Haddington Liu de Shenzhen YanTian Port Group condamné à 12 ans de prison.

Le panorama d’ensemble de la ville est également effrayant. De 1995 à 2005, près de 80% des cadres de haut niveau dans des entreprises d’État de premier plan de la ville de Shenzhen auront à un moment donné été arrêtés.

Motif politique

La plupart des arrestations ont été motivées politiquement et les hommes d’affaires sont devenus les victimes de vastes luttes de pouvoir, généralement au niveau des villes et des provinces. Le PDG Liu de Shenzhen YanTian Port Group a reçu une peine de prison pour avoir accepté des pots de vin totalisant les 100.000 $ (73.763 euros), sur une période de sept ans. Cependant, il était l’un des contributeurs les plus importants à la prospérité de cette ville côtière. S’il avait été un fonctionnaire du gouvernement ou un magistrat local, ce pot-de-vin «relativement bas» aurait été considéré comme un faux problème pour le pays.

Mais le port Yantian de Shenzhen est l’un des plus grands ports de Chine, et tous au sein du régime se sont pris de passion pour cette vache à lait. De ce fait de nombreuses personnes d’influence ont voulu placer des membres de leurs propres familles dans l’entreprise. En regardant rétrospectivement et en tenant compte des luttes de pouvoir en Chine, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi Liu était plus vulnérable que le chef d’un cartel de drogue mexicain.

D’un autre coté, si un PDG s’avère être un fils, ou une fille, issu d’une famille ayant du pouvoir, il reste pratiquement intouchable.

Ailleurs dans le pays, après avoir observé les cas de Shenzhen, d’autres directeurs vivent dans l’inquiétude constante concernant la sécurité de leur famille. La plupart d’entre eux envoient leurs enfants à l’étranger dès leur plus jeune âge.

La poule aux œufs d’or

Mais pourquoi les cadres sont-ils si vulnérables à l’arrestation, alors que les membres des cartels de drogue mènent une guerre tous azimuts avec les différents gouvernements? La réponse se trouve dans le système de corruption endémique de la Chine.

Trente ans après que la Chine se soit ouverte au monde extérieur, être le dirigeant d’une grande entreprise publique n’a jamais été facile, mais c’est très lucratif. Étant donné qu’au final c’est aux responsables gouvernementaux de décider de la personne qualifiée pour le poste, la corruption est presque absolue. De ce fait, le candidat potentiel doit toujours préparer de précieux cadeaux pour les fonctionnaires ayant le pouvoir de procéder à ces nominations. Pour un parent proche d’un fonctionnaire de haut rang dans le gouvernement, cette «obligation» ne sera pas nécessaire.

Mais cela ne s’arrête pas là. Une fois qu’un homme d’affaires est PDG, il a besoin de plus d’argent pour soudoyer des fonctionnaires  pour que l’entreprise puisse fonctionner normalement sans harcèlement injustifié. En outre, d’autres candidats voudront toujours remplacer le titulaire du poste et n’hésiteront pas à utiliser tous les moyens, même les plus vils.

Les Américains connaissent bien le scandale entourant Tyco International, à l’époque où Dennis Kozlowski en était le PDG. En Chine, ce genre de situation arrive beaucoup plus souvent, sauf que dans de nombreux cas, les responsables gouvernementaux et les juges sont corrompus et tolèrent ce type de comportement. Parce qu’il faut que l’argent vienne de quelque part. Le cadre doit trouver l’argent pour payer les pots-de-vin, ce qui fait de lui une cible pour une accusation de corruption. Dans le même temps, c’est la poule aux œufs d’or pour ceux qui profitent des pots-de-vin.

Aller de l’avant

Une fois qu’un cadre est en place, il doit veiller à ce que les autorités supérieures ne découvrent rien de ses activités de corruption et de détournement de fonds. Dans le même temps, il doit s’enrichir rapidement de sorte qu’il puisse être capable de fournir à ses enfants un meilleur avenir et des études à l’étranger. S’il a de la chance, il quittera le poste à temps avec une belle maison à Vancouver, en Colombie-Britannique.

Donc, tenir un poste de cadre supérieur est de courte durée. Un tel  cadre peut également envoyer des pots-de-vin à des fonctionnaires plus haut placés: il paye une assurance. En cas d’incident, un de ces fonctionnaires pourra le protéger.

Toutefois, cette police d’assurance est coûteuse. Tous les cinq ans de nouveaux fonctionnaires sont nommés. La nouvelle direction préfère généralement promouvoir ses propres associés et la meilleure façon de se débarrasser de celui qui est en place est de l’accuser de corruption.

Alors, pourquoi risquer sa vie à pourchasser un poste de direction? La raison principale est l’argent, ce motif est particulièrement tentant pour une majorité de la population chinoise qui vit dans une relative pauvreté. C’est un pari que chacun se sent prêt à relever.

Malheureusement, beaucoup de chefs d’entreprise comprennent trop tard que les responsables gouvernementaux les traitent souvent comme des poules aux œufs d’or qui peuvent être remplacées à tout moment.

Version en anglais: More Chinese Executives in Prison Than Mexican Drug Lords

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