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Des Chinois en colère face à l’opulence dans la Fonction publique

Écrit par Lu Chen, Epoch Times
07.11.2013
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Pour un passant, la seule différence entre le bâtiment officiel du gouvernement du comté de Pei dans la province du Jiangsu et un hôtel de luxe, sont le drapeau national et une énorme pierre sculptée avec les mots «servir le peuple» à l’avant.

Ce slogan, un vestige de l’ère maoïste, est confronté à une suspicion et une méfiance croissantes en Chine: en dépit des ordres du chef du Parti Xi Jinping, obligeant les cadres  à devenir «proches des masses» et à réduire leurs habitudes extravagantes. Car, avec des monuments et des logements bâtis pour leur plaisir personnel, aux frais des contribuables, les fonctionnaires du Parti communiste à travers la Chine démentent de telles visions.

Au beau milieu de la campagne anti- corruption de grande envergure de Xi Jinping,  ce type de dépenses n’est même pas totalement considéré comme de la corruption: Heng He, un commentateur politique indépendant qui apparaît régulièrement dans les médias chinois, explique que «la corruption à laquelle se réfère Xi Jinping concerne les fonctionnaires qui mettent l’argent public dans leurs propres poches. Mais cela n’inclut pas l’investissement dans des édifices gouvernementaux».

«Ces lieux de travail et ces conditions de vie, font partie du revenu gris des fonctionnaires, mais ne sont pas considérés comme de la corruption», a-t-il déclaré.

Xi Jinping a appelé à réduire ce type de dépenses, mais les autorités locales ont les moyens et la motivation pour le contourner. Pendant ce temps, la colère du public continue à augmenter face aux privilèges du pouvoir officiel en Chine.

Un lit double au bureau

Dans l’enceinte du gouvernement du comté de Pei se trouvent trois bâtiments magnifiques, avec une place de dix milles mètres carrés, autour d’un grand lac artificiel. À l’intérieur le mobilier est tout aussi somptueux.

Le bureau d’un fonctionnaire est d’environ 300 mètres carrés et comprend sa propre salle de repos – on y trouve des boiseries et des canapés, des plantes, des fleurs et un lit double.

«Le lit double est le plus marquant», affirmera un internaute. Ce commentaire aura été envoyé des milliers de fois. Dans la conscience du public, les fonctionnaires du Parti communiste en Chine, ne sont pas, en général,  réputés pour leur discrétion sexuelle.

Se référant aux nombreux scandales sexuels qui ont englouti bien des carrières de cadres du Parti à travers la Chine, un utilisateur Internet, s’exprimant en gardant l’anonymat, a fait remarquer: «Hélas! Si nous [les fonctionnaires] ne pouvons pas le faire au bureau, où pouvons-nous aller? Est-ce plus sécurisé dans un hôtel? Regardez les juges de Shanghai et Lei Zhengfu.»

Dans l’affaire de Shanghai, trois juges et un fonctionnaire de la Cour ont été surpris en train de profiter des services de prostituées dans un hôtel et ont été photographiés par un homme d’affaires insatisfait. Selon des reportages, ils auraient réglé un dîner dispendieux, puis plus tard, avec l’argent public, des divertissements. Lei Zhengfu, alors fonctionnaire municipal de Chongqing, a été pris en photo dans une position très compromettante avec une jeune femme.

Voilà le type d’incidents qui alimentent la colère d’un public qui réclame plus de responsabilité et de transparence de la part du Parti communiste, sans rien obtenir pour autant.

Et  l’internaute anonyme de déclarer: «Maintenant, vous n’avez pas même à quitter vos bureaux.»

«Camp de réfugiés»

Ce reportage couvrant le sujet du comté de Pei a été réalisé par le People’s Daily, un journal placé sous la tutelle du Parti communiste lui-même. Voilà qui doit donc être interprété comme le signe d’une direction centrale qui désapprouve le phénomène.

Le Parti communiste évoque régulièrement la corruption comme une maladie mortelle qui doit être éliminée. Les contrastes mis en avant par les utilisateurs Internet entre le luxe des bâtiments officiels et les édifices scolaires délabrés illustrent le sentiment général d’injustice qu’éprouve le public,  Xi Jinping tente d’y remédier.

Selon China News, un média officiel, dans le Taiqian, un comté relativement pauvre de la province du Henan, en Chine centrale, des millions de dollars ont été dépensés pour plus d’une douzaine de nouveaux bâtiments gouvernementaux.

Près du nouveau site on trouve une école secondaire, où 900 élèves sont entassés dans un immeuble vétuste aux fenêtres cassées et barricadées avec des lattes en bois: selon le reportage, cela ressemble à un «camp de réfugiés».

Près des bâtiments officiels, il y a quatre villas de luxe tape-à-l’oeil, où vivent les dirigeants locaux du Parti, tandis que 600 étudiants à proximité sont entassés dans un dortoir sur deux étages, avec 30 lits superposés pleins à craquer installés dans de petites salles.

Selon le reportage le budget général du comté de Taiqian pour la construction du bâtiment officiel a dépassé les 100 millions de yuans (environ 12 millions d’euros) en 2011, alors que, par ailleurs, 12  millions d’euros ont été dépensés dans de nouvelles constructions ces deux dernières années.

«Laissez les cadres aller dans l’école pour que les élèves étudient dans les bâtiments du gouvernement», a déclaré un internaute, exprimant un sentiment que d’autres ont approuvé.

Les autorités locales

Pourquoi les responsables locaux sont autorisés à adopter un comportement désigné comme indésirable par le chef suprême du Parti communiste, voilà qui n’est pas vraiment clair.

Les bâtiments dans les comtés de Pei et Taiqian ont été construits avant que Xi Jinping ait formulé l’ordre aux organismes gouvernementaux, en juillet dernier, de ne plus construire de nouveaux immeubles pour les cinq prochaines années, ainsi que de stopper toutes les constructions en cours. Cependant, deux mois plus tard, dans la ville de Zhenjiang, province du Jiangsu, une statue géante d’un poisson-boule en or a vu le jour, pour un coût de 85 millions d’euros. Cela montre que les ordres de Xi ont ici été ignorés.

Les intellectuels ont souvent buté sur la question du «pouvoir local versus pouvoir central», sur les mécanismes de transmission de la politique entre le Parti Central et le corps des fonctionnaires. Des termes tels «autoritarisme fragmenté» ont été utilisés pour expliquer l’apparente déconnexion.

Heng He, le commentateur politique chinois, a énoncé quelques raisons pour expliquer le phénomène des constructions coûteuses.

«Tout d’abord, les responsables sont à l’aise dans des bâtiments luxueux», a-t-il souligné. «Deuxièmement, ces monuments symbolisent l’autorité et la loi. Lorsque le Parti a récupéré la Chine, il a construit des monuments dans le but de montrer son autorité».

Selon lui si les hauts fonctionnaires veulent empêcher ceux des niveaux inférieurs de se prêter à de semblables activités, ils en ont le pouvoir. «C’est très simple il suffit de ne pas leur accorder d’argent.»

Mais, ajoute Heng He, partiellement à cause de la façon avec laquelle le Parti communiste chinois a réparti le pouvoir dans le but de faire avancer les finances, les responsables locaux, tant qu’ils améliorent les résultats du PIB, possèdent une grande marge de manœuvre dans la gestion de la croissance économique.

«Le modèle économique du Parti pour la Chine est constitué de deux parties principales: d’un côté les exportations, et de l’autre la construction du capital par le gouvernement», affirme Heng He. «Les bâtiments officiels font partie des projets dans le cadre de la construction du capital, ce qui peut faire augmenter le PIB. Et ils sont considérés comme un exploit politique par les responsables locaux du Parti.»

Version en anglais: Images of Official Luxury Infuriate Chinese

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