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Au cœur du brasier

Au nom de la justice et de la famille

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
11.12.2013
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Qu’est-ce que l’excellent drame Crazy Heart et le très drôle second film de la franchise d’Austin Powers : The Spy Who Shagged Me ont en commun? Le même réalisateur nommé Scott Cooper. Son plus récent film, Au cœur du brasier, version française de Out of the Furnace, possède maintes qualités, mais on en est à des années-lumière de l’agent secret britannique tombeur de femmes. On a plutôt droit à une histoire dans de petits bleds perdus, où la violence est exacerbée et où les valeurs traditionnelles, dont la famille et la justice, sont quelque peu troubles.

Alors que Rodney Baze, Casey Affleck (Gone Baby Gone, The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford), disparaît, son grand frère Russell, Christian Bale (The Dark Knight Trilogy), part à sa recherche, déterminé à tout faire, coûte que coûte, pour le retrouver et faire payer ceux qui lui ont fait du mal.

Christian Bale, complètement plongé dans son personnage de Russell Baze, impressionne. Le réalisateur et les scénaristes nous laissent le temps de percevoir «le fond» du personnage, ce qui nous permet en échange de voir Bale remplir habilement cet espace pour notre grand plaisir. Casey Affleck, interprétant le frère de Russell, est probablement le rôle le plus compliqué, défi qu’il relève. Les nuances sont multiples lorsqu’il est temps de jouer un ancien combattant (un sujet bien d’actualité), surtout aussi troublé que dans Au cœur du brasier. Donc, son désarroi et son traumatisme sont presque palpables, ce qui est vraiment impressionnant.

Woody Harrelson (Now You See Me, Zombieland) s’abandonne à une bête imprévisible, extrêmement explosive et dérangée. Il suffit que la caméra se pose sur lui pour que le spectateur soit aussitôt inquiété. Il s’agit d’un rôle qui réaffirme le talent d’Harrelson certes, mais qui a dû, de toute évidence, être un travail très éprouvant pour l’acteur.

La présence de Forest Whitaker (The Butler, The Last King of Scotland) avec son personnage du chef de police Wesley Barnes est très réduite. Avec une voix un peu douteuse, sans grande intervention dramatique (mais nécessaire), on aurait pu facilement voir un autre acteur dans son rôle et on n’y aurait vu que du feu. C’est certain que d’avoir Whitaker dans sa distribution est gagnant, mais par rapport à l’importance et à la qualité du personnage, je ne l’aurais, par exemple, même pas cité sur l’affiche du film. Mais il s’agit de Forest Whitaker…

Willem Dafoe (The Hunter, Spider-Man Trilogy) a un beau petit personnage, celui du sympa John Petty. Bien qu’il soit un hors-la-loi au bas de l’échelle, il démontre bien ses qualités de cœur lors des quelques minutes qu’il a à l’écran durant le long métrage de presque deux heures. Il fait légèrement penser à son personnage complexe et bien développé du docteur Nathan Dawkins dans le très bon jeu vidéo Beyond : Two Souls.

Le passage de Zoe Saldana (The Words, Avatar), en tant que Lena, passe bien. Elle joue de manière convaincante, mais elle n’a pas un personnage que l’on suit du début à la fin. Alors, on l’oublie vite, malgré qu’elle réussisse un tandem émotionnel assez saisissant avec Christian Bale lors d’une scène, entre autres. Juste pour ça, elle justifie sa présence.

  • Les deux frères Baze, Russell (Christian Bale, à gauche) et Rodney Jr (Casey Affleck, à droite), sont très proches l’un de l’autre. (VVS Films)


Le personnage de Bale, Russell, est vraiment passionnant. Dans une séquence où il tente de comprendre le sens à sa vie, on peut relever une subtile comparaison au Christ. Sa vie n’est d’ailleurs que sacrifice pour sa famille : demeurer auprès de son père mourant, payant les dettes de jeu du frère joueur compulsif et complètement brisé de ses années dans l’armée américaine, etc. Tout ça aux dépens de sa relation amoureuse avec Lena (Zoe Saldana). Bien qu’il puisse tout lâcher, il est patient, il endure et ne déroge pas de son but, alors que d’autres tentent de l’en dissuader. 

Un des attraits du film est l’opposition du «chaud» et du «froid». Russell (Bale), John (Dafoe), Rodney (Affleck) et quelques autres forment le courant chaud, des gens qui ont du cœur, malgré leur environnement actuel et leurs expériences passées qui sont imbibées de violence et de douleur. Dans l’autre direction, arrivant à toute allure, s’impose le typhon Harlan (Harrelson). Le gros de l’intrigue est de savoir ce qui restera de tout ce beau et moins beau monde à la dernière scène.

Ce qui est malheureux (ou heureux…) avec Au cœur du brasier, c’est qu’il est «vendu» comme un film où la vengeance domine, que ce soit dans la façon que la bande-annonce est construite ou encore sur l’affiche où l’on voit Bale avec une carabine. C’est comme si on disait aux spectateurs «Venez voir ce film où un gars va se venger et ça vaut le coup de payer un billet de cinéma pour voir comment il va s’y prendre». Effectivement, la vengeance fait partie du film, mais elle est loin de constituer la couleur dominante de tout l’ensemble.

Sa finale en queue de poisson, semblable à celle du film québécois, Les 7 jours du talion, a néanmoins tout pour nous faire oublier la qualité du scénario et de la construction des personnages, au point où l’on regrette presque de l’avoir vu.

 

 

 

   

 

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