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Velázquez et la famille de Philippe IV

Écrit par Charo Rojo
14.12.2013
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  • La Famille du peintre. Juan Martinez del Mazo, huile sur toile, 149,5 x 174,5 cm, 1664-1665. (The Bankes Collection (The National Trust))

Actuellement et jusqu’au 9 février 2014, tout amateur de peinture classique a rendez-vous au musée du Prado de Madrid avec l'exposition «Velázquez et la famille de Philippe IV». Cette exposition présente non seulement l'excellence de la peinture de Velázquez, mais aussi, au rang le plus élevé, le portrait courtisan espagnol. Elle comprend une trentaine d’œuvres, dont quinze de Velázquez puis celles de ses disciples et successeurs à la cour royale, Juan Bautista Martínez del Mazo et Juan Carreño.

Velázquez, portraitiste courtisan

L’exposition se centre sur les trois dernières décennies de la vie de Velázquez de 1650 à 1680, juste avant sa mort.

Le parcours débute dans la première salle avec les portraits peints à Rome lors de son séjour à la cour papale. Le portrait du pape Innocent X y est exposé ainsi que les portraits de personnages proches du pape, dont un cardinal, un ecclésiastique et son barbier.

À son retour à Madrid, il consacre les onze dernières années de sa vie aux portraits du roi, de la reine Marianne, de l’infante Marie-Thérèse, de l’infante Marguerite et de l’infant Philippe. La prédominance des personnages féminins, certains d’entre eux des enfants, marque une nouvelle étape dans la peinture de Velázquez: la sobriété et les fonds obscurs si caractéristiques de son séjour à Rome restent en arrière. Une large gamme chromatique et un trait plus libre commencent à faire partie de ses tableaux. Des costumes voyants aux couleurs variées font leur apparition, on remarque les verts, les bleus, les roses et les blancs; des métiers à tisser au fond de la toile créent une composition et une harmonie parfaites, des fleurs et des rubans colorés dans les cheveux des infantes, des joues rosées, des ornements qui ajoutent une touche de couleur au tableau, des tons dorés et argentés illuminent les bijoux et les vêtements.

En résumé, une grande richesse de couleur et de beauté, une très grande qualité picturale et une sagesse qui lui permettent de refléter avec une authentique maîtrise la personnalité de ses modèles et l’âme de toute la cour royale. À travers ces quinze œuvres de Velázquez, le public assiste peu à peu aux changements irrémissibles du passage du temps, comme la mort de l’infant Philippe et du roi Philippe IV, perçue à travers les tableaux qui montrent le deuil des infantes et de la reine elle-même. La reine apparaît habillée avec la plus absolue sobriété, la tête couverte et sans aucun attribut pouvant l’identifier comme reine.

Dans le portrait courtisan, il est incontournable de mentionner Les Ménines (vers 1656) comme le plus grand défi que s’est lancé le peintre. Bien que le tableau n’ait pas été déplacé de l’endroit qu’il occupe au musée du Prado, même à distance, Les Ménines est au premier rang de cette exposition car il s’agit du grand portrait collectif de la cour royale – l’infante Marguerite au premier plan et les rois au fond reflétés dans le miroir –, et aussi parce qu'il est d'une grande complexité spatiale.

Par ailleurs, Velázquez souligne la figure du peintre courtisan en occupant lui-même une place dans le tableau. Il affirme ainsi son statut de portraitiste au palais.

Une copie des Ménines, d’un format plus petit que l’original, attribuée à son disciple Juan Bautista Martínez del Mazo, est également exposée. L’écrivain Jovellanos (1744-1811), propriétaire d’alors de ce tableau, soutenait qu’il s’agissait de l’esquisse originale de Velázquez. En tout cas, le spectateur ne doit pas quitter le musée sans être passé par la salle XII où se trouve le tableau des Ménines et apprécier réellement le point culminant de la carrière artistique de Velázquez.

  • L’Infante Marguerite, en rose. Diego Velázquez. (The Bankes Collection (The National Trust))

Original et copie

Le tableau des Ménines (1660) attribué à Mazo suscite une réflexion: peut-on considérer la copie comme une œuvre d’art véritable ou seul l’original mérite-t-il ce qualificatif? Tout au long de l’histoire de la peinture, de  nombreuses copies ont été à la hauteur de l’œuvre originale. C'est le cas de l’œuvre de Velázquez L’Infante Marguerite vêtue d’une somptueuse robe de soie bleue, envoyée en Autriche pour fixer son mariage avec Léopold, empereur de Vienne. Le tableau L’Infante Marguerite – représentant l’infante âgée de deux ou trois ans vêtue d’une robe de soie rose – a été terminé par Mazo et L’Infante Marguerite en robe de soie verte est signé de Mazo; tous les tableaux présentent le même visage et la même position de l’infante que celui peint par Velázquez. Un autre exemple est le portrait que fit Velázquez de la reine en 1652 et copié postérieurement par Carreño, identique dans les moindres détails décoratifs. Bon nombre de ces œuvres étaient demandées par d’autres empires de l’Europe et, faute de photographies, elles étaient considérées comme un acte de cordialité entre les gouvernements ou comme lettres de présentation pour de possibles liaisons matrimoniales. Mazo et Carreño sont unis à leur maître, non seulement pour leur admiration vis-à-vis de son œuvre, mais aussi par des liens de famille et d’amitié. Après la mort de Velázquez, ce seront eux qui poursuivront le travail de portraitistes au service de la Maison royale.

Pour finir, rien de mieux que de rappeler le tableau La Famille du peintre (1664-65), signé par Mazo, gendre de Velázquez. Il s’agit d’un tableau courtisan: au fond, on voit l’artiste en train de peindre de dos l’infante Marguerite. Ce développement spatial complexe nous fait penser aux Ménines. Les critiques d’art le comprennent comme un hommage aux Ménines et à Velázquez lui-même. C’était probablement l’intention de Mazo, disciple de Velázquez. En tant que gendre, il pourrait aussi s’agir d’un clin d’œil complice à Velázquez: au premier plan, la fille et les petits enfants de Velázquez et non pas l’infante Marguerite, comme dans les Ménines. Mazo élève ici sa famille et la propre famille de Velázquez à la catégorie royale.


Diego Velázquez, peintre du roi

Diego Rodríguez de Silva y Velázquez, plus connu sous le nom de Diego Velázquez est né le 6 juin 1599 à Séville, à une époque où la ville était économiquement et culturellement la plus riche d’Espagne. Né dans une famille noble, il démontre très tôt un talent certain et devient à l'âge de 11 ans élève du peintre Francisco Pacheco qu'il surpassera très vite. Il est influencé par les maîtres de la Renaissance italienne et de la peinture flamande.

Sa première œuvre date de 1618, Vieille Femme faisant frire des œufs et l’on y trouve déjà la quête de l'expression intérieure, à travers les contrastes de la lumière.

À 24 ans, il est introduit à la cour de Philippe IV à Madrid et sera nommé «peintre du roi», puis «peintre de chambre».

L’une de ses oeuvres les plus célèbres, Les Ménines (1656), influencera la peinture jusqu’à nos jours.

Mort en 1660, son nom restera gravé dans la lignée des grands peintres espagnols et universels.

Parmi ses œuvres les plus connues: Le triomphe de Bacchus (1628-1629), La Forge de Vulcain (1630), La Reddition de Breda (1634), Le Prince Balthazar Carlos à cheval (1634), Vénus à son miroir (1650), L’Infante Marie-Thérèse (1652).


En collaboration avec Dolors Català

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