Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

ÉDITO

Le Bali de la mondialisation

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
16.12.2013
| A-/A+
  • INDONESIE, Denpasar – La ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq à Bali le 6 décembre 2013. (Sonny Tumbelaka/AFP)

L’Organisation Mondiale du Commerce n’avait, en vingt ans d’existence, jamais conclu d’accord autre que celui qui avait permis sa création en 1994. Le deal conclu sous le soleil de Bali avait donc de quoi amener des larmes aux yeux de Roberto Azevêdo, nouveau directeur général et successeur de Pascal Lamy. Ce samedi 7 décembre, cadeau de la Saint-Nicolas pour ministres sages, l’organisation a enfin réussi à signer un accord, forçant provisoirement les critiques acerbes à se taire sur son incapacité supposée ou réelle à fixer des règles équilibrées pour les échanges entre pays riches et pays en développement.

Aux termes de l’accord obtenu à l’arrachée après une journée de rallonge des discussions, les procédures douanières de tous les pays membres – plus de 150 nations, soit quasiment le monde entier – doivent être simplifiées et accélérées : utilisation d’Internet, procédures allégées, lutte contre la corruption, chaque signataire s’engage à mettre en place des mesures facilitant la libre circulation des biens et une compétition mondiale dans tous les domaines. Pour rappel, le projet fondateur de l’OMC part de l’idée que le monde deviendra meilleur et que les économies pourront se développer sainement dans un environnement globalisé permettant la mise en compétition des prix pour les produits manufacturés, pour les services mais aussi pour les denrées de base. Le principe dit de non-discrimination pose qu’un pays «ne doit pas faire de discrimination entre ses propres produits, services et ressortissants et ceux des autres pays».

Cette logique appliquée aux produits innovants a peut-être la vertu de stimuler une compétition intellectuelle entre pays. Appliquée par contre aux besoins humains fondamentaux – en premier lieu à l’alimentation, son rapide effet secondaire est de fragiliser les économies les plus faibles au profit des plus fortes, de tuer la diversité des agricultures et de créer la situation absurde – y compris dans le monde développé – de s’alimenter avec des produits venus de l’autre bout du monde plutôt que produits localement. L’Inde s’est donc battue jusqu’au dernier jour des négociations pour pouvoir garantir sa sécurité alimentaire en étant autorisée à constituer des stocks sans que cela soit considéré comme de la subvention cachée à ses agriculteurs, ces stocks pouvant être redistribués à la population indienne pauvre en dessous du «prix du marché» (c’est-à-dire des cours boursiers).

Les pays riches reçoivent en compensation la garantie que ces produits ne biaiseront pas la concurrence en étant mis à l’export et limitent cette mesure de survie aux agricultures non-développées par son application restrictive aux «cultures vivrières de base traditionnelles». Le résultat de ces négociations, délicatement appelé le «paquet de Bali», fait dire à son directeur général que «pour la première fois dans l’histoire, l’OMC a vraiment produit quelque chose», quelque chose qui devrait à terme permettre 1 milliard de milliards de dollars de bénéfices pour le commerce mondial, mais qui n’empêche pas de continuer à se demander si la World Trade Organization n’est pas surtout une World Traders Organization, organisation mondiale de la bourse. Les produits alimentaires resteront, hors exceptions rares, une donnée spéculative comme une autre, principalement soumise aux accords régionaux et sectoriels. Un pari risqué si l’objectif de l’OMC est le bien des peuples et pas celui de leurs banquiers.

 

 

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.