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Surexploitation des océans, devons-nous cesser de consommer du poisson?

Écrit par Géraldine Fornès, Epoch Times
02.12.2013
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En 40 ans, les écosystèmes marins ont diminué de 30%, affirme WWF. Pêche abusive, pollution, destruction des côtes entraînent partout sur le globe la mise en péril des écosystèmes marins et la diminution des stocks de poissons. Les océans sont en danger. Pour lutter contre cette surexploitation des océans, nous faut-il changer nos habitudes de consommation ou bien cesser de manger du poisson? Quelles sont les différences entre la pêche profonde et la pêche durable? C'est ce que nous allons découvrir. Les enjeux sont de tailles car en quelques décennies, l'homme a réussi à provoquer de façon dramatique le déclin des ressources marines. A cette allure, si rien n'est fait, tous les stocks seront effondrés d'ici 2048. Nombre de scientifiques et ONG dénoncent cette situation, telle l'association Bloom actuellement en plein parcours d'un contre-la-montre militant.

La vie marine diminue à un rythme effréné et les communautés littorales dépendantes des activités de pêche luttent actuellement pour survivre.
A grand «coûts» de subventions, l'Europe et les États ont poussé la construction de nouveaux bateaux pour accroître la «production» de poissons et répondre à la demande. Il en résulte une surcapacité de pêche avérée, une surpêche massive et un effondrement des populations de poissons. Chaque année depuis 1993, malgré des technologies toujours améliorées et des efforts de pêche toujours croissants, les quantités de poissons débarquées par la pêche européenne déclinent de 2% par an avec les conséquences sociales que l'on imagine. En mai 2012 dernier, la France avait déjà épuisé son stock de poissons pour l’année. C’est ce qui ressort du rapport sur «la dépendance croissante de l'Europe à l'égard du poisson d'ailleurs» publié par La New Economics Foundation (Nef) et Ocean2012, une alliance d'ONG. Ses auteurs précisent que «les citoyens européens consomment beaucoup plus de poisson que leurs mers ne peuvent en produire et sont de plus en plus dépendants d'autres pays. La consommation mondiale de poisson est passée de 9 à 17,1 kilos par an et par personne de 1960 à 2007. Elle s’élèverait en France à 32,4 kilos par an et par personne. Alors que les Français plébiscitent de plus en plus le poisson, vanté pour ses qualités nutritionnelles et gustatives, sa consommation représente un danger de plus en plus grave pour l’écologie. Selon un rapport de la FAO (agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). De nombreuses associations tirent la sonnette d’alarme et mettent en garde contre la surpêche, qui en vidant les océans, menace leur équilibre écologique. Quant à l’aquaculture, elle ne représente pas une alternative convaincante, car elle consomme elle-même beaucoup de poisson et ses conditions sanitaires ainsi que son impact environnemental sont montrées du doigt, rappelle l’étude de la Nef et d’Ocean2012.

Les chiffres 2013 de France AgriMer donnent une flotte globale de 7.157 bateaux dont 4.578 en métropole. Les activités de pêche décroissent dans le monde d’un point de vue humain tandis que l’effort de pêche (la capacité à capturer des poissons) ne fait au contraire qu’augmenter. Le choix de la performance technologique contre le facteur humain dicte un système «lose-lose»: d’un côté une pression non tenable pour les ressources naturelles et les écosystèmes marins soit une perte annuelle de 0,4% des captures de poissons mondiales depuis la fin des années 1980, de l’autre un prix social très élevé qui se traduit par des pertes d’emplois, délitement du tissu social sur le littoral, iniquité dans la répartition des captures et de la consommation des produits de la mer.

Une étude scientifique sur l’iniquité financière entre petits pêcheurs et pêche industrielle. L’article de J. Jacquet et D. Pauly «Funding Priorities: Big Barriers to Small-Scale Fisheries» nous révèle plusieurs aspects de ces 2 types de pêche. Les pêches artisanales sont globalement définies comme celles utilisant des navires de moins de 15 mètres or seule la France fait exception avec une définition permettant d’inclure des bateaux jusqu’à 25 mètres. Les pêcheurs artisans ne «réduisent» pas de poissons pour en faire de la farine et capturent donc les poissons pour la consommation humaine seulement. Les pêcheurs artisans valorisent leurs captures et ont très peu ou aucun rejet, contrairement aux pêches industrielles qui rejettent entre 8 et 20 millions de tonnes de poissons par an. Les pêches industrielles reçoivent en moyenne 187 fois plus de subventions au gasoil que les pêches artisanales. Un rapport visionnaire du groupe «California Environmental Associates» qui a mobilisé une centaine de personnes, chercheurs et experts de la conservation marine, estime que plus de 40% des pêches mondiales sont soit effondrées, soit surexploitées, menant à des pertes de plus de 50 milliards de dollars par an.

Qu'appelle-t-on une pêche profonde?

Les océans profonds, définis par les océanographes comme la zone s’étendant au-delà de 200 mètres de profondeur représentent à eux seuls 98% de la surface de la terre. Les océans profonds avaient été jusqu’ici épargnés des perturbations humaines mais ils sont dorénavant exploités à échelle industrielle, et ce depuis plus de 30 ans, alors qu’ils ne peuvent pas et ne devraient pas l’être, pour une raison simple: leurs caractéristiques biologiques ne le permettent pas. La faune profonde est caractérisée par une longévité extrême bien souvent supérieure à 100 ans, une croissance lente, une maturité sexuelle et une reproduction tardives, une fécondité faible et une résilience globalement réduite. Autrement dit, les poissons profonds sont les éléphants des océans et les premières captures suffisent parfois à décimer un stock pour plusieurs décennies ou siècle. Ce drame écologique n’a comme équivalent que la déforestation de l’Amazonie. Les pêches en eaux profondes se réalisent majoritairement avec des chaluts profonds, c’est-à-dire d’immenses filets de pêche lourdement lestés qui raclent le fond des océans jusqu’à 2.000 mètres de profondeur et ne laissent que désolation dans leur sillage. Moins de 300 bateaux à travers le monde participent à cet «océanocide» pour capturer quelques poissons à forte valeur commerciale mais ils anéantissent de façon irréversible des colonies de coraux vieilles de 10.000 ans, patrimoine naturel mondial de l’humanité.

Qu’est ce que la pêche «durable»?

C’est une pêche qui peut être pratiquée éternellement, c’est tout! C’est le principe de l’économiste britannique Colin Clark (The Economics of Overexploitation): «les ressources renouvelables possèdent, par définition, une capacité d’auto-régénération et peuvent fournir à l’homme, biens et services essentiels à tout jamais». La durabilité comprend plusieurs dimensions. Tout d’abord, une pêche durable doit se pratiquer sur un stock en bon état. Un stock est une population d’une espèce donnée sur une zone géographique cohérente. De plus, il faut que le prélèvement de la pêche soit en cohérence avec ce stock c'est le Rendement Maximal Durable (RMD). Le RMD vise à prélever le plus grand nombre possible de spécimens durablement. Mais la durabilité ne se résume pas au RMD. La manière dont les poissons, coquillages et crustacés sont pêchés est elle aussi essentielle. Il faut que la méthode de pêche soit la plus «douce» possible pour l’environnement marin, de façon à préserver la santé de l’écosystème tout entier. Il faut aussi que cette pêche produise le moins de «rejets» possible. Les techniques de pêche employées doivent capturer uniquement les spécimens qui seront débarqués et vendus. Si d’autres sont capturés, il faut nécessairement qu’ils soient vivants afin de les remettre à l’eau dans de bonnes conditions. Une pêche dite «durable» est une pêche bien gérée. Les règles encadrant sa gestion doivent garantir que cette pêche peut être pratiquée durablement. Les contrôles et sanctions sont essentiels pour garantir cette durabilité. La pêche durable est aussi une pêche juste. Ceci implique la durabilité économique des entreprises de pêche. Il faut donc que les prix obtenus par le pêcheur lui permettent de vivre confortablement sans faire appel à des subventions publiques. Le pêcheur doit redevenir maître du prix de ses captures. Enfin, cette pêche doit aussi bénéficier aux communautés littorales. Elle doit être pensée afin de maximiser les emplois à la pêche par rapport aux captures possibles, elle doit garantir des conditions de travail décentes et éviter de dépendre de facteurs économiques spéculatifs. Il faut donc qu’elle bannisse la monétarisation des droits de pêche qui favorisent la concentration des droits de pêche entre les mains de quelques entreprises plus sensibles à la rentabilité à court terme qu’à la pérennité de l’activité et des emplois.

L'association BLOOM a décidé de donner une voix à ces laissés-pour-compte de l’agenda environnemental mondial

La préservation des profondeurs océaniques est une urgence impérieuse, le sujet de préoccupation d’une poignée d’environnementalistes dans le monde mais de nombreux chercheurs ainsi que d’un nombre heureusement croissant de citoyens. Elle est le combat prioritaire de l’association BLOOM depuis sa création. L’association a dès son origine soutenu la publication du livre ABYSSES de Claire Nouvian (Fayard, 2006) et la création de l’exposition éponyme au Muséum national d’Histoire naturelle en 2007 de façon à faire sortir de l’ombre ces milieux marins aussi fascinants que fragiles. Engagée auprès des décideurs et du public, de l’ONU aux écoles de France, BLOOM s’appuie sur les très nombreuses études et parutions scientifiques démontrant la non durabilité des pêches profondes ainsi que leur immense destructivité. Le chalutage profond a été unanimement reconnu par la communauté scientifique comme une aberration écologique pourfendant tous les principes de préservation de l’environnement, de partage équitable du bien commun entre nations et comme un entorse au principe de précaution. Seul le fait que ces pêches soient apparues historiquement dans un contexte de béance juridique internationale et d’ignorance scientifique les a rendues légales, mais en aucun cas légitimes. Pour rappel, 1.136 chercheurs ont signé en 2004 une pétition demandant à l’Assemblée Générale des Nations Unies un moratoire sur le chalutage profond. Le chalutage profond est un non-sens historique qui peine à prendre fin, d’une façon inversement proportionnelle à la charge d’arguments qui pèsent contre lui.

BLOOM dénonce, BLOOM milite

Les supermarchés français ont été évalués par BLOOM sur le sérieux de leurs démarches pour assurer à leurs acheteurs un poisson issu de pêches durables et respectueuses des écosystèmes marins. L'association a aussi évalué la politique générale présidant aux achats de poissons des six principaux groupes de distribution alimentaire à savoir Auchan, Carrefour, Casino, E. Leclerc, Intermarché et Système U, ainsi que leur approvisionnement spécifique en poissons profonds, issus de pêches particulièrement destructrices et non durables. Relevés de terrain, questionnaires et entretiens ont complété la revue exhaustive par BLOOM de la documentation publiquement accessible. La Commission européenne a proposé l’interdiction du chalutage profond, une méthode de pêche décrite par les chercheurs comme «la plus destructrice de l’histoire». En France, moins de dix navires sont impliqués dans la pêche profonde au chalut de fond. Six d’entre eux appartiennent à la flotte d’Intermarché. Malgré les millions d’euros d’aides publiques qu’ils perçoivent, ces navires industriels sont tous déficitaires. Le chalutage profond est un gouffre à fonds publics; il n’existerait pas sans le soutien de nos impôts. Les lobbies de la pêche industrielle font pression sur les États membres de l’Union européenne et les députés du Parlement européen pour éviter l’interdiction de cette méthode de pêche dont le modèle économique sous-performant et dépendant des aides publiques appartient au passé. Les lobbies s’appuient notamment sur la France pour faire avorter le règlement européen.

Pêche Profonde, quel espoir, que faire. Il existe des solutions pour arrêter le massacre silencieux qui se déroule loin de nos cœurs et de nos yeux. Ne plus acheter de poissons profonds rappelons nous que lorsque nous faisons nos courses, ou lorsque nous mangeons nous votons. Signez la pétition en ligne: www.bloomassociation.org

 

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