Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Les gardiens de l’Internet et la propagation des messages en Chine

Écrit par Joshua Philipp, Epoch Times
23.12.2013
| A-/A+
  • Un Chinois dans un cybercafé à Pékin en 2010. En Chine, pays où les informations et commentaires sont fortement influencés par le régime au pouvoir, les internautes se tournent vers les blogs pour suivre les actualités. (AP Photo/Ng Han Guan)

Un message en ligne, appelant au patriotisme et demandant aux Chinois d’être vigilants envers les «puissances antichinoises occidentales», s’est rapidement répandu, devenant en peu de temps très populaire sur le réseau Internet chinois.

Ce message intitulé Vous n’êtes rien sans la Patrie s’est vite propagé au moment où la Chine s’est engagée dans diverses tensions territoriales, en particulier dans la mer de Chine orientale où le régime chinois a établi une zone de défense aérienne dans les eaux internationales le 23 novembre. Le message décrit les États-Unis comme un «initiateur d’intrigues» qui essaye de renverser les dirigeants chinois, appelle les Chinois à soutenir la ligne du régime et à défendre le nouveau chef du parti Xi Jinping.

Plusieurs médias chinois, y compris le PLA Daily et le Guangming Daily, ont commenté ce message, alimentant sa popularité dans les discussions en ligne.

Les internautes chinois ont ridiculisé ce message. L’un d’eux s’est moqué du titre en déclarant: «Les esclaves n’ont pas de Patrie». Un autre a questionné la légitimité du régime chinois en disant: «Pourquoi ne disent-ils pas, qu’après le chaos, elle (la Chine) serait comme Taïwan» – Taïwan est un pays démocratique, sans répression politique, ni toutes les nombreuses pathologies qui affligent la Chine continentale.

L’agence de presse Xinhua, le porte-parole du régime, n’a pas été déroutée, louant l’article pour avoir «obtenu le soutien et la compréhension des internautes».

Dans un pays où l’Internet est fortement censuré et les médias sont gérés par l’État, le terme «se propager» peut avoir un sens différent de ce que l’on croit.

Les médias chinois reçoivent des directives sur ce qu’il faut couvrir, la manière de le couvrir et ce dont il ne faut pas parler. Il y a eu une fuite d’une de ces directives au moment où une voiture avait foncé dans la foule avant de prendre feu sur la place Tiananmen le 28 octobre. Les médias chinois ont reçu l’ordre de «minimiser cet incident, de ne pas faire de commentaires... et de renforcer la gérance des comptes Weibo de tous les médias et du personnel des médias.»

Les discussions en ligne sont également contrôlées par le biais de directives adressées aux célébrités ou d’autres personnes influentes dans la société chinoise.

En mars, les autorités ont essayé de lancer une campagne menée par une célébrité pour attaquer les sociétés Apple et Volkswagen sur le site chinois Sina Weibo. Ceci a échoué après que Peter Ho, la star de cinéma d’Hong Kong, a écrit: «Je ne peux pas croire qu’Apple joue autant de mauvais tours dans son service à la clientèle», et mis accidentellement sur le site la directive: «À envoyer vers 20h20.»

Il y a aussi la «Brigade de 50 yuans», des commentateurs d’Internet recrutés par le Parti communiste chinois pour influencer les discussions en ligne. Ils répandent la propagande du régime, tout en attaquant verbalement ceux qui s’y opposent. Leur nom fait référence à leur revenu. Ils sont payés 50 yuans (6 euros) pour chaque message.

Un Internet différent

En Occident, le message se répand généralement de deux manières. Il peut être propagé par les utilisateurs des médias sociaux quand les gens le commentent, l’aiment ou le re-tweet. Les médias peuvent aussi l’aider à se propager. Plus sa couverture médiatique est importante, plus les gens en discutent sur les médias sociaux.

Cependant, en Chine la propagation de tel ou tel sujet est nettement différente. Un sujet ciblé peut se propager si le Parti ordonne aux médias, ou aux célébrités et commentateurs rémunérés, de le diffuser.

De l’autre côté, on peut empêcher la propagation d’un sujet indésirable grâce aux censeurs chinois ou à l’autocensure des internautes, autocensure instaurée dans un climat de crainte.

Toutefois, bien que l’Internet soit fortement censuré, il offre toujours aux blogueurs chinois la possibilité de partager des informations en dehors des lignes fixées par les censeurs du régime.

«Ce n’est pas entièrement rigide», a souligné dans un entretien téléphonique Sarah Cook, l’analyste principale d’Asie de l’est à Freedom House.

«La façon dont les gens utilisent l’Internet est très différente. Il y a beaucoup de gens qui utilisent les blogs pour remplacer les médias parce qu’ils n’ont pas confiance dans les médias traditionnels», a-t-elle précisé, en se référant à la Chine

«Ce qui a pour effet, que les gens sont beaucoup plus actifs sur ces plates-formes de réseaux sociaux qu’ils ne le sont dans les sociétés plus ouvertes», a-t-elle ajouté.

Il y a plus de 500 millions d’internautes chinois. Entre 200 et 300 millions de ces utilisateurs d’Internet sont également des micro blogueurs et cette armée de blogueurs peut souvent discuter de sujets autrement inaccessibles dans l’environnement de stricte censure en Chine.

Cook fait référence à la lettre du 2 décembre écrite par Wang Qinglei, un ancien réalisateur à la télévision d’État CCTV. Cette lettre critique la stricte censure des médias en Chine, en précisant: «Les voix que nous espérions faire entendre et les attitudes que nous espérions faire connaître ont été passées sous silence encore et encore.»

La lettre de Wang a été rapidement supprimée par la censure de l’État, mais les blogueurs chinois continuent de la faire circuler en la rediffusant. La lettre a finalement été aperçue par les médias occidentaux.

La définition de «se propager» est très différente en Chine. Dans les pays occidentaux, un sujet qui est partagé 30.000 fois en ligne peut être considéré comme s’étant répandu. En Chine, du fait du grand nombre de blogueurs et de l’utilisation des blogs comme une source d’information non censurée, apparaître 30.000 fois en ligne n’est pas considéré comme très important.

Les autorités chinoises sont bien conscientes de la façon dont un message de blog peut décoller. Une nouvelle loi destinée à prévenir la «propagation de rumeurs» permet de condamner les blogueurs à trois ans de prison si un message que les autorités n’apprécient pas est retransmis au moins 500 fois ou est vu par au moins 5.000 personnes.

Selon Cook, la nouvelle loi «a un effet très dissuasif», car elle a un impact sur le genre d’informations diffusées.

«Les gens avec beaucoup de lecteurs ont peur de publier à nouveau des messages qui pourraient être considérés comme sensibles», et cela renforce la capacité du régime à déterminer quelles nouvelles peuvent se répandre.

Version en anglais: How Internet Minders Make Messages Viral in China

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.