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Le coût humain de la Coupe du monde au Brésil

Écrit par Joana Ferreira, Epoch Times
05.12.2013
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  • Des ouvriers évaluent les dommages causés par l'effondrement d'une grue lors de la construction du stade Itaquerao à Sao Paulo, Brésil. (Ricardo Bufolin/Getty Images)

RIO DE JANEIRO – Tous les petits défauts et les failles du Brésil apparaissent soudainement sous les projecteurs de la Coupe du monde de soccer.

Alors que les yeux seront rivés sur le pays d'Amérique du Sud le 6 décembre pour le tirage au sort des groupes, l'attention pourrait se tourner vers les problèmes d'un pays qui, jusqu'à récemment, avait une réputation assez positive dans le monde. Les images de samba, de soccer et de plages de sable pourraient être brouillées par celles de manifestations, de violence et de scandales.

Le décès de deux ouvriers de la construction dans l'effondrement du stade de Sao Paulo la semaine dernière a redémarré la machine médiatique négative qui battait son plein l'été dernier.

En juin, de grandes manifestations ont eu lieu durant la Coupe des Confédérations, le premier de trois grands événements sportifs à se tenir au Brésil (la Coupe du monde aura lieu en juin 2014 et les Jeux olympiques à l'été 2016). Les contestataires dénonçaient les milliards dépensés dans le sport, alors que les services publics ne fonctionnent pas. Le coût humain est beaucoup trop élevé, selon eux.

«Ces événements peuvent rapporter beaucoup, mais il y a beaucoup de risques associés s'ils font un mauvais travail», a affirmé Mark Jones, un spécialiste de l'Amérique latine à l'Université Rice au Texas, après l'effondrement du stade la semaine dernière. «S'il y a de la violence ou si l'infrastructure n'est pas suffisante, cela pourrait causer une humiliation et nuire à l'objectif principal, soit de montrer que le Brésil est un joueur important sur la scène internationale.»

Les préparatifs pour la Coupe du monde et les Olympiques ont été minés par les délais, les accidents et une pression continuelle pour accélérer le rythme. Ils se tiendront sans aucun doute, mais à quel prix et qui doit payer?

Méthodes expéditives

Orlando Santos fils, professeur à l'Institut de recherche de planification urbaine et régionale de l'Université fédérale de Rio de Janeiro, travaille avec les familles déplacées par les projets de construction reliés aux événements sportifs. Il affirme qu'en juin dernier, 3000 familles avaient été déplacées et que 7000 autres familles ou plus étaient menacées.

Pour M. Santos, il est évident que les projets évincent les pauvres pour permettre l'arrivée des riches. Dans certains cas, les méthodes de déménagement forcé ont été expéditives, mentionne-t-il. «Il y a des familles qui ont été évincées en moins d'une heure [après avoir été averties] et dans d'autres cas ça s'est fait durant la nuit.»

Le professeur fait également état de communautés qui ont été déplacées pour faire place à de nouvelles installations, mais les emplacements n'ont pas et ne seront de toute apparence pas utilisés du tout pour les événements sportifs.

Rosilene Gonçalves, mère de trois enfants, a été évincée de sa maison dans la communauté de Largo do Tanque à Rio de Janeiro. Elle dit que le gouvernement a offert 8099 $ à sa famille pour quitter, mais son mari n'a pas accepté. Le montant n'était pas suffisant pour acheter une maison décente ailleurs, explique-t-elle.

Le gouvernement les a menacés à plusieurs reprises, raconte Mme Gonçalves, et finalement ils ont été obligés de libérer les lieux.

«Ils disaient que la favela ne vaut rien, mais pour moi, la plus grande valeur est ce que l'on bâtit avec la communauté, l'amitié, pas la valeur matérielle», ajoute Mme Gonçalves. La famille habite maintenant loin de leur ancien domicile et il est difficile pour eux d'emmener leur enfant handicapé à une école spécialisée.

Retombées

La présidente brésilienne, Dilma Roussef, a déclaré l'été dernier : «Le Brésil, le seul pays qui a participé à toutes les Coupes du monde et qui a été sacré champion cinq fois, a toujours été bien accueilli. Nous devons offrir à nos pays frères le même accueil chaleureux qu'ils nous ont donné.»

Elle a affirmé que l'argent pour les jeux ne provenait pas des fonds publics : «Je ne permettrais jamais que ces ressources soient prises dans le budget fédéral, affectant des secteurs de haute priorité comme la santé et l'éducation.»

Alexandre Guimarães, conseiller juridique du Sénat, a cependant affirmé que le gouvernement fédéral a investi directement au moins 3,2 milliards de dollars, alors que 4,4 milliards de dollars ont été déboursés par des institutions gouvernementales.

Une étude de la firme Ernst & Young, en association avec la Getulio Vargas Foundation, estime que les événements sportifs vont avoir injecté 63 milliards de dollars dans l'économie du pays de 2010 à 2014, tout en créant 3,63 millions d'emplois par année.

Une étude réalisée par l'Université fédérale de Minas Gerais conclut cependant que «les retombées économiques ont tendance à diminuer avec le financement pour la construction des stades de soccer, puisqu'ils nécessitent une hausse de la dette publique ou une réduction des dépenses des différents paliers de gouvernement impliqués».

Tara MacIsaac a contribué à cet article. Avec des informations de l'Associated Press.

Version originale  : The Human Cost of Brazil’s World Cup Boom

 

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