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Deux cités coloniales proches, Puebla et Atlixco

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
07.12.2013
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  • (Charles Mahaux)

Fondées sur le territoire mexicain par les conquistadores grâce aux colossales réserves d’argent et d’autres métaux extraites des mines locales, elles racontent un monde baroque largement inspiré par l’Espagne, la très catholique mère patrie. Ou comment donner au peuple à évangéliser un avant-goût du paradis promis par la religion catholique.

Qu’ils viennent de Puebla, à une trentaine de kilomètres, voire de Mexico ou de Veracruz, les Mexicains connaissent bien Atlixco, une petite ville dont l’ambiance détendue, la douceur du climat, les richesses culturelles et l’offre gastronomique l’ont convertie en une destination prisée pour une escapade de deux ou trois jours. À découvrir absolument pour les touristes à la recherche d’authenticité et de quiétude, loin de la foule que l’on peut rencontrer sur certains sites et sur les plages.

Atlixco de las flores

Dans la langue nahuatl, Atlixco signifie «l’eau dans la vallée», un nom qui suffit à expliquer la luxuriance exceptionnelle de la végétation au creux de ce vallon dont la terre est également fertilisée par le volcan Popocatépetl qui domine le village. En activité depuis plusieurs années, il émet des colonnes de fumées que le vent disperse, déposant parfois de fines couches de cendres qui enrichissent la terre. Dans cette vallée que les Aztèques avaient soumise, Hernán Cortés a rapidement compris qu’il pourrait en faire le grenier de la Nouvelle Espagne. Un climat clément, la disponibilité d’une main d’oeuvre indigène et un bon réseau de communications ont permis le développement d’une agriculture intensive ainsi que la construction de moulins à eau destinés à moudre le blé. Dès le XVIIe siècle, apparaissent les premières haciendas qui concentrent toute la richesse de la région entre quelques familles. Au cours du XIXe siècle, l’arrivée d’une émigration d’origine française va diversifier la production agricole et instaurer une activité industrielle en transformant de vieux moulins en fabriques textiles.

L’arrivée du chemin de fer va donner un nouvel élan à la production. Emilio Maurer, d’origine alsacienne et propriétaire terrien, n’hésite pas à investir dans la construction de la ligne de chemin de fer pour qu’elle puisse desservir les différents moulins de la petite ville. Toutefois, la réforme agraire mise en oeuvre au Mexique au lendemain de la révolution va entraîner le partage des terres en petites parcelles et mettre à mal le secteur industriel. En effet, les nouveaux propriétaires n’ont ni les moyens, ni la capacité de poursuivre l’activité textile, et les terres sont rendues à la culture. Par ailleurs, la disparition du chemin de fer vendu aux Américains dans les années 60 a définitivement entraîné la fin des haciendas, ce qui aurait pu réduire une frange importante de la population au chômage.

  • Le centre baroque de Puebla entre une impressionnante cathédrale, de superbes palais et des maisons recouvertes d’azulejos. (Charles Mahaux)

Toutefois, la fertilité exceptionnelle de la terre, la présence constante de l’eau et la douceur du climat ont inspiré les uns et les autres qui se sont reconvertis en pépiniéristes et horticulteurs. Aujourd’hui, Atlixco compte parmi les grands pourvoyeurs de plantes et de fleurs. On y produit par exemple un million de roses de Noël pour célébrer l’événement et de partout dans le monde affluent les commandes. On y trouve même un centre internationalement reconnu pour sa création de bonzaïs.

Hors des sentiers battus

Rien de tel que la terrasse qui surplombe l’hôtel El Mansión del Conde ou encore celle de l’Italian Coffee Company au look résolument art déco qui a pu être installé au centre du zócalo en hommage au créateur du concept, un habitant originaire d’Atlixco, pour apprécier le charme de la petite ville construite sur les contreforts du majestueux volcan Popocatépetl dont le cône presque parfait tutoie les nuages. Le parque, agréablement ombragé, est le lieu de rendez-vous de la communauté villageoise qui profite des jolis bancs recouverts de talaveras qui leur ouvrent les bras. Les enfants s’amusent en regardant les écureuils qui se cachent sous les massifs de plantes taillés en forme de tortue ou de petits personnages burlesques. La place est bordée d’anciens édifices coloniaux aux teintes pastel ou recouverts de céramiques à la mode de Puebla. L’église paroissiale de Ste-Marie de la Nativité est encore surmontée de la couronne espagnole tout comme la cathédrale de Puebla, uniques au Mexique. L’intérieur de l’église est couvert de fresques en trompe l’œil car ici, on n’était pas assez riche pour s’offrir du marbre, signe de puissance. Plus loin, l’hôpital San Juan de Dios, datant de l’époque coloniale et toujours en activité, mérite également une visite pour la beauté intemporelle de son cloître et pour son musée de peintures qui raconte l’histoire étonnante du saint patron de l’hospice.

  • Plaisir rare de la contemplation du volcan Popocatépetl depuis la piscine installée sur le toit de l’hôtel La Mansión del Conde. (Charles Mahaux)

La promenade mène ensuite vers l’ancien couvent des franciscains construit au XVIe siècle et qui domine la ville avec des allures de forteresse. Il abrite une chapelle dont la porte est encadrée par un rosaire de pierre ponctué de nœuds. On peut y admirer un retable qui appartenait jadis aux moines carmélites expulsés après la révolution et qui a été récupéré et installé ici dans un lieu trop étroit, ce qui explique qu’il a fallu le casser pour en ôter les tableaux centraux. La préservation du site comme des coutumes traditionnelles de la petite ville est encouragée par les descendants d’Emilio Maurer qui ont créé l’association très active «Adoptez une œuvre d’art». Ce sont eux encore qui ont mis sur pied le festival Atlixcayotl qui réunit chaque année en septembre toutes les ethnies de la région pour un fabuleux spectacle de danse dont le clou est le rituel des voladores, ces hommes qui se jettent dans le vide, retenus au sommet d’un poteau de 30 mètres par une corde attachée à la ceinture. Ils descendent la tête en bas et les mains tournées vers le soleil, en décrivant des cercles de plus en plus larges. Au sommet, un cinquième danseur représentant le dieu soleil accompagne de la flûte cette course renversante et spectaculaire.

  • Atlixco, plus petite que Puebla, n’en est pas moins baroque pour le plus grand plaisir des visiteurs amoureux de quiétude. (Charles Mahaux)

Le magnétisme de Puebla

Fondée en 1531, douze ans à peine après le débarquement de Cortes, Puebla portait à l’époque le nom de «Cité des Anges», suite au songe pieux de l’évêque de Tlaxcala qui rêva d’anges descendus du ciel avec des cordons pour tracer le plan d’une ville qui allait rapidement devenir la plus espagnole et la plus prospère de la Nouvelle-Espagne. Contrairement à toutes les autres villes coloniales créées sur des sites religieux indigènes dont il fallut intégrer au moins partiellement l’héritage, Puebla est sortie de terre sur un terrain vierge, dans une large vallée bordée par les imposants volcans Popocatépetl et Ixtaccíhuatl dont les sommets flirtent avec les nuages. Aujourd’hui encore, elle ne compte pas moins de quelque 70 églises et un millier d’édifices coloniaux parmi les plus somptueux du Mexique, à tel point que Puebla mérite le surnom de ville baroque. Les architectes et les artistes ont imaginé des façades extravagantes fardées de carreaux de faïence vernissée multicolores et surmontées de corniches qui rappellent des meringues nappées de crème chantilly. Ailleurs ce sont des campaniles de pierre grands ouverts qui semblent moucher des cierges roses qui surplombent des coupoles recouvertes de céramique étincelante. Les chœurs des églises et les chapelles sont ruisselants d’or avec leur décor en marbre et en onyx, en bois et en stuc dorés, sur lesquels jaillissent une ribambelle d’angelots et de chérubins souriants. Même le mole poblano, la spécialité gastronomique de la ville, a quelque chose de baroque avec sa combinaison secrète de dizaines d’épices, de piment et de chocolat. Une explosion de saveurs.

Charles Mahaux, photographe. Christiane Goor, journaliste. Un couple, deux expressions complémentaires, ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage, de la rencontre avec l’autre.

Infos pratiques: Les sites documentés www.visitmexico.com ou encore www.destinationmexique.com

Y aller: Au départ de Paris-Charles de Gaulle, 2 vols quotidiens, directs et confortables vers Mexico avec www.airfrance.fr, à prix doux avec un véritable rapport de qualité même en classe économique: 2 vols quotidiens, 1 pièce de 23 kg de bagage par personne, services rapides, écrans de télévision individuels et divertissements à la demande, catering de qualité coupe de champagne incluse, sièges ergonomiques, etc. Pour se rendre à Puebla, le plus confortable est de prendre un bus ADO au départ du terminal Tapo de México, il y en a toutes les 20 minutes. On peut ensuite choisir ensuite la formule taxi ou bus Erco depuis le terminal CAPU pour se rendre à Atlixco.

Se loger: La Mansión del Conde www.hotelmansiondelconde.com (hôtel-boutique) déroule sur le zócalo de Atlixco sa très jolie façade de briques vernissées et de céramiques de Talavara au-dessus des arcades de Hidalgo qui accueillent la terrasse du restaurant de la maison. L’ancienne demeure seigneuriale, entièrement restaurée, a conservé tout son charme d’antan avec ses 12 chambres distribuées autour du patio central. Pour assurer la quiétude à ses hôtes, la maison a même investi dans des fenêtres antibruit qui assurent aux clients des nuits tranquilles malgré la proximité de la place centrale très animée. La plus belle surprise se trouve au niveau du toit transformé en jardin terrasse autour d’une agréable piscine. Plaisir de savourer le coucher du soleil en se laissant absorber par la vue spectaculaire sur le volcan Popocatepetl au pied duquel s’étire le village fleuri. À Puebla, El Sueño www.elsueno-hotel.com au cœur du centre historique, occupe un ancien édifice du XVIIIe siècle dont il a conservé dans son architecture l’esprit baroque tout en offrant une décoration très contemporaine et élégante. On raconte que si on se laisse porter par le son des cloches voisines qui appellent chaque soir à la messe, on se laisse emporter par un rêve. Il suffit alors de pousser une porte des vingt chambres toutes dédiées à une artiste, chanteuse, actrice, peintre, poète, pour qui le rêve était source d’inspiration. Entrez alors dans le monde intimiste et feutré de Toña la Negra, de Dolores del Río, de Sor Juana ou encore de Frida Kahlo. Les patios intérieurs abritent des oasis de détente sous un ciel bleu, loin des rumeurs de la ville.

La gastronomie: Comme elle est au cœur de l’identité culturelle des communautés mexicaines qui la pratiquent et qui la transmettent de génération en génération, la gastronomie mexicaine a été inscrite sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité en 2011. Une reconnaissance qui a encouragé les restaurants du pays à valoriser leurs spécialités régionales qui se retrouvent aujourd’hui au menu de grandes maisons sous la houlette de chefs reconnus. À découvrir sans hésiter: La Casa de los Muñecos, le Mural de los Poblanos, El Sueño ou encore Las Bodegas del Molino, quatre tables incontournables de Puebla. À Atlixco, il faut se rendre à l’ancien moulin El Molino.

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