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Un salaire convenable pour les élus

Le mythe du salaire élevé qui fait fuir les pots-de-vin

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
10.12.2013
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  • Michel Dion est professeur à l’Université de Sherbrooke, spécialisé en crime financier, en corruption, en blanchiment d’argent et ayant publié en éthique des organisations et en principes spirituels liés au monde des affaires. (Gracieuseté de Michel Dion)

«Il y a des économistes qui avancent que pour réduire l’attrait aux pots-de-vin lorsque les politiciens ont des salaires trop bas, qu’il serait préférable de les hausser, mais cela pourrait s’appliquer aux pays plus pauvres que le nôtre», partage Michel Dion, professeur titulaire à la faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke. M. Dion est titulaire de la Chaire de recherche en intégrité financière CIBC. M. Dion se spécialise dans les crimes financiers, la corruption, le blanchiment d’argent. Il a publié des ouvrages sur l’éthique des organisations et aussi sur les principes spirituels liés au monde des affaires.

«Dans une situation où les salaires sont très bons, certains pourraient être tentés d’ajouter à leurs salaires des sommes provenant de sources illégales. La situation est encore pire dans les pays en voie de développement où les salaires des élus sont très bas. La tentation y est plus grande encore de tomber dans la corruption. Même dans ces pays, la hausse des salaires pour contrer la corruption n’est pas une panacée. Actuellement, ce n’est qu’une hypothèse qui n’a pas été confirmée par des résultats empiriques. On peut comprendre aisément la difficulté de parvenir à des évaluations objectives et complètes de la situation qui prévalait avant la hausse des salaires et qui prévaut depuis que cette hausse a été instaurée», soutient le professeur Dion.

Disséquer la corruption

«Si on décortique l’action de solliciter ou de donner des pots-de-vin, il s’agit d’un abus de pouvoir. Dans le monde des affaires [qui font des affaires avec la Ville], on parle aussi d’une action anticoncurrentielle. Une entreprise qui donnerait des dizaines de millions de dollars en pots-de-vin ne pourrait pas se justifier moralement en affirmant “Les compétiteurs font pareil, je n’ai pas le choix”. L’octroi ou la sollicitation de pots-de-vin est une action qui réduit la concurrence», détaille Michel Dion. Dans ce cas-ci, ce sont les entreprises qui soumissionnent à la Ville, dont les plus honnêtes, qui pourraient en souffrir le plus.

«Si on fait face par exemple à un élu corrompu, il faut faire la différence entre l’explication et la justification. L’explication n’est jamais une justification au plan moral. L’explication est sociologique, historique, politique. Par exemple, “Comment en est-on arrivé, à Montréal, à avoir un système de corruption aussi développé?” On explique la situation actuelle en référant au passé, à certains conditionnements sociaux, économiques, politiques ou juridiques mais, au bout de la ligne, on n’a rien justifié d’un point de vue moral. Nous avons expliqué le phénomène. Rien de plus», croit-il.

«Pour justifier moralement un phénomène comme l’offre et la sollicitation de pots-de-vin, il faudrait arriver à trouver des arguments absolument objectifs, que tout être raisonnable serait capable d’accepter, indépendamment des cultures sociétales en place. Or, ces arguments n’existent pas. Car l’action d’offrir ou de solliciter un pot-de-vin est, en elle-même, indépendamment des lois qui les interdisent, une action moralement répréhensible, en tant qu’abus de pouvoir et acte anticoncurrentiel», avance M. Dion.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.