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L’ère du tout jetable

Écrit par Ivo Paulovic, Epoch Times
01.02.2013
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  • MANILLE, Philippine. Un garçon ramasse des déchets plastiques dans les ordures flottant sur l'eau à proximité de Roxas le long de la baie de Manille. (China Photos/Getty Images)

Aujourd’hui, les perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A (BPA) et le DEHP (des additifs courants des matières plastiques) sont sur le devant de la scène, alors qu’en silence 6 millions de tonnes de matières plastiques atterrissent tous les ans dans les océans, ce qui correspond à la production mondiale du plastique en 1960. L’interdiction du BPA révèle la volonté de réduire une problématique globale d’une mauvaise composition d’une catégorie de produits. Le BPA devient l’ennemi public numéro un alors que les matières qui l’abritent sont en train de passer d’un statut d’utiles à inévitables.

L’accumulation du plastique

Dès sa naissance, l’être humain est en contact avec les matières plastiques. Le premier contact d’un bébé avec le monde extérieur se fait par l’intermédiaire des gants en nitrile ou en latex du chirurgien. Son nouveau lit, ses vêtements douillets, ses jouets colorés en PVC mou qu’il peut mâcher, ses biberons, ses assiettes incassables, la peinture de sa chambre jusqu’au lustre, tout contient du plastique. Plus largement, l’eau du robinet est acheminée dans des tubes en PVC ou dans des bouteilles en PET (Polyéthylène Téréphtalate), la nourriture est emballée dans le polyéthylène ou empaquetée dans du LDPE (Polyéthylène basse densité) et chauffée dans les barquettes de polystyrène. Les moyens de transport et de communication sont empreints fortement de plastiques, la médecine est également un domaine de prédilection pour le plastique. Il se trouve dans les capsules à ingestion, les organes artificiels, les implants de la chirurgie plastique et toute la panoplie de produits stériles et jetables.

C’est à partir de la seconde guerre mondiale que les grandes usines militaires de matières plastiques doivent trouver de nouveaux marchés civils. À cette époque, apparaît la notion du tout jetable. Tous les slogans publicitaires des années 60 mettent en scène des produits étonnants, colorés et attractifs qui ne coûtent presque rien et qui dès la moindre usure sont jetables. Toutes les matières nobles et rares sont mises à l’écart et les classes moyennes se retrouvent inondées d’une gamme de produits multi-usages à un prix très abordable. C’est la naissance de la grande distribution.

Des années plus tard, cet excès de plastique se retrouve dans l’eau des océans. L’océanographe Nikolai Maximenko étudie la pollution plastique à Hawaii. Il a analysé les signaux satellites émis par 15.000 bouées dérivant dans les océans. Selon lui, «tous les objets flottants dérivent vers des latitudes moyennes et ce dans n’importe quel océan, ils se rassemblent ensuite dans des zones relativement restreintes qu’on appelle plaques de déchets».

Dans le Pacifique Nord, ce tourbillon de plastique a pris des proportions alarmantes. On l’a baptisé le septième continent, totalisant un poids de 3,5 millions de tonnes. Cette plaque de déchets recouvre une superficie six fois supérieure à celle de la France. Ces déchets stagnent dans les zones où les courants se rejoignent et s’enfoncent dans les eaux profondes. Ces zones riches en nourriture pour la faune et la flore marine deviennent aussi riches en plastique.

«La plupart des fulmars (oiseaux marins) de la mer du Nord ont du plastique dans l’estomac, dans les zones les plus polluées ils ingèrent environ 0,6 g de matières plastiques par jour, pour le transposer chez l’homme, il faut multiplier par 100», c’est l’équivalent d’une boîte à chaussures remplie de plastique selon Jan Andries Van Franeker biologiste marin, qui suspecte également les hormones synthétiques d’être à l’origine de l’hécatombe des fulmars en mer du Nord.

Le chercheur Hideshige Takada a découvert que les billes et les fragments de plastiques qui se trouvent sur les plages du monde entier contenaient des millions de fois plus du produit toxique PCB que l’eau. Selon ses expériences, le plastique attirent les substances toxiques comme le PCB et les accumulent en grande quantité.

En effet, la matière plastique ne se décompose pas, elle se fragmente en petites particules et demeure en suspension. Les rayons UV du soleil rendent les plastiques très cassants, les plastifiants se décomposent et ils ne restent que les polymères qui sont fragiles. Les microparticules fines sont les plus dangereuses, issues des objets courants ou de la fragmentation du plastique en mer. Ces micro-fragments de plastique sont ingérés en grande quantité par les animaux marins à tous les niveaux. Ceux-ci par bioaccumulation dans la chaîne alimentaire finissent dans l’estomac des prédateurs, et finalement dans l’estomac et le sang de l’homme.

Les études d’Angela Köhler, biologiste marin sur les moules, montrent que les particules plastiques pénètrent jusque dans les tissus à travers le sang, s’agglutinent et provoquent de violentes réactions inflammatoires dans le système digestif, qui peuvent développer des cancers.

Le point de non-retour?

L’expansion de la grande distribution a démultiplié les emballages de toutes sortes. Les aliments peuvent être stockés, transportés à volonté et chacun peut avoir son emballage individuel. Ces technologies très utiles deviennent de plus en plus préoccupantes pour la préservation d’un environnement vital sain. Cependant, on assiste à un bouleversement mondial de l’équilibre écologique et peut-être même à une révolution du vivant. Certaines recherches tendent à montrer que le plastique devient la base de la chaîne alimentaire.

Un groupe d’étudiants de l’université de Yale a découvert un champignon qui est capable de dégrader les polyuréthanes grâce à une enzyme et peut survivre ainsi sans oxygène. C’est un espoir pour le recyclage du polyuréthane qui est thermodurcissable et donc non recyclable.

Le microbiologiste Frank Loeffler du Georgia Institute of Technology en Géorgie a découvert dans les profondeurs d’une décharge au Michigan, une bactérie nommée BAV1 capable de dégrader le polluant industriel le plus courant. Cette bactérie dégrade le dichloroéthylène et le chlorure de vinyle en éthylène et sels inorganiques. Elle pourrait être utilisée pour le recyclage des produits plastiques dangereux, mais elle soulève aussi d’autres questions.

Toute l’eau des océans de la planète contient désormais du plastique de différentes tailles, plus le temps passe plus le plastique se fragmente en particules infimes. L’Algalita Marine Research Foundation démontre avec ses recherches que la proportion de plastique par rapport au plancton est en moyenne de 6 contre 1 dans certaines régions des océans, et ils n’ont trouvé aucun endroit sur terre épargné par la présence du matériau.

Si la tendance se poursuit, ce qui risque d’être le cas, l’hypothèse qu’un jour la concentration des molécules de plastique dans l’eau puisse perturber son ordre biologique moléculaire, ne peut pas être écartée. L’eau étant la base de toute vie, c’est tout l’écosystème de la planète qui devra s’adapter ou périr.

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